Une résolution sur les droits de l'homme en RDPC risque d'entraver les négociations à six (experts)

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Les politologues russes craignent que l'adoption par l'Assemblée Générale de l'ONU d'une résolution sur les droits de l'homme en République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) ne complique le dialogue sur le problème nucléaire dans la péninsule Coréenne.
MOSCOU, 16 novembre - RIA Novosti. Les politologues russes craignent que l'adoption par l'Assemblée Générale de l'ONU d'une résolution sur les droits de l'homme en République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) ne complique le dialogue sur le problème nucléaire dans la péninsule Coréenne.

Il en est question maintenant car le vote sur un document renfermant des critiques à l'endroit de Pyongyang est bientôt prévu à la session de l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies à New York.

"L'opinion nord-coréenne ne sera tout simplement pas au courant des résolutions qui risquent, d'autre part, d'irriter la direction de la RDPC au lieu d'encourager la réconciliation", a déclaré jeudi à RIA Novosti Guennadi Tchoufrine, directeur adjoint de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO).

"De tels exercices n'ont pas de sens", a estimé l'expert qui dirige à l'IMEMO le Centre d'études d'Asie-Pacifique.

Selon M. Tchoufrine, le principal est maintenant de "ne pas compromettre le dialogue déjà difficile sur la reprise des négociations à six".

"Cela est de loin plus important pour tous, y compris pour la Corée du Nord elle-même", a indiqué le directeur adjoint de l'IMEMO. Il serait tout simplement contreproductif de créer un nouveau prétexte pour Pyongyang de se soustraire au dialogue.

Les négociations à six menées à Pékin depuis août 2003 associent des diplomates haut placés de la Fédération de Russie, des Etats-Unis, de la République Démocratique et Populaire de Corée, de la République de Corée, de la République populaire de Chine (RPC) et du Japon. Dès la fin de l'année dernière, ces négociations ont été suspendues par Pyongyang quand, sous la pression des Etats-Unis, les comptes de la direction de la Corée du Nord avaient été bloqués dans une banque à Macao (Chine).

Auparavant, au début de ce mois de novembre, une entente de principe a été enregistrée sur la reprise des négociations à six à Pékin. Quoi qu'il en soit, ni le délai ni le format de ces négociations ne sont encore définis.

Selon Sergueï Oznobichtchev, directeur de l'Institut d'analyse et d'évaluations stratégiques, la critique de Pyongyang de la part de l'Assemblée Générale de l'ONU "n'offre tout simplement aux Coréens du Nord aucune chance pour faire des démarches quelconques dans le sens d'un consensus avec l'Occident alors que ce dernier condamne le régime nord-coréen".

"La discussion sur les droits de l'homme est un processus à part, difficile à lier avec l'enregistrement d'ententes sur le problème nucléaire dans la péninsule Coréenne", a déclaré à RIA Novosti Sergueï Oznobichtchev. De toute évidence, estime-t-il, l'adoption d'une telle résolution sur les droits de l'homme en Corée du Nord par l'AG de l'ONU ne ferait "qu'entraver ou repousser la reprise des négociations".

"Néanmoins, du moment que toutes les décisions sont adoptées de façon centralisée en République Démocratique et Populaire de Corée, il n'est pas du tout exclu qu'une semaine après de telles critiques Pyongyang puisse accepter des accords dans le cadre du processus à six", a supposé le politologue.

Somme toute, la situation autour de cette résolution qui sera loin d'être la première du genre s'aggrave encore plus car son adoption est désormais soutenue pas la Corée du Sud qui s'était abstenue par le passé de voter à ce sujet. Selon les informations provenant de Séoul, cette circonstance précise peut bien compliquer les relations entre le Sud et le Nord de la Corée et se répercuter, par conséquent, sur les négociations à six, appelées cependant à mettre fin au programme nucléaire de la RDPC.

Or, cette décision de la Corée du Sud s'explique pour beaucoup par la nécessité de réagir à l'essai nucléaire auquel la Corée du Nord avait procédé le 9 octobre dernier.

Qui plus est, la Corée du Sud s'est vue obligée d'approuver la résolution sur les droits de l'homme en RDPC, car le ministre sud-coréen des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, Ban Ki-moon, a récemment été élu nouveau secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a signalé à RIA Novosti une source bien informée réclamant l'anonymat. Dans cette situation, a estimé l'expert, le refus de Séoul de voter sur ladite résolution ne serait tout simplement pas compris par la communauté internationale.

Les résultats du futur scrutin ne manqueront certes pas d'exercer un impact négatif sur le déroulement des négociations, a estimé la source.

Et d'expliquer que jusqu'ici Pyongyang "a considéré Séoul plutôt comme son allié, son défenseur face aux Américains, alors que maintenant la Corée du Nord peut tout bonnement s'offenser".

La situation s'y est particulièrement aggravée sur fond de confrontation entre Pyongyang et Washington dès la fin de l'année dernière quand les Etats-Unis avaient adopté des sanctions unilatérales contre la Corée du Nord.

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