Il n'y a pour cela aucune raison politique ni économique, a-t-il souligné. Pour Moscou, la désintégration de l'Union soviétique et la suppression du Pacte de Varsovie ont rendu absurde l'existence même de la composante militaire de l'OTAN.
Cependant, le règlement des problèmes de la sécurité internationale exige une coopération active de tous les acteurs de la politique mondiale. Aussi la Russie a-t-elle signé avec l'OTAN l'Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles, dont le dixième anniversaire sera célébré l'année prochaine, a rappelé le ministre.
Par ailleurs, il a confirmé que la Russie avait certaines préoccupations quant aux projets de déploiement de bases militaires américaines de défense antimissile en Europe orientale, qui auraient pour objectif d'intercepter d'éventuels missiles balistiques iraniens. L'Iran ne possède pas de missiles de ce type, a souligné M. Ivanov. L'accroissement du potentiel militaire à proximité des frontières russes ne renforcera pas la sécurité européenne et représente une tentative pour modifier l'équilibre stratégique, selon lui.
La Russie ne doit pas nécessairement reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie suite aux référendums sur l'indépendance dans ces républiques autoproclamées au sein de la Géorgie, a également indiqué Sergueï Ivanov.
De même que la communauté internationale, la Russie reconnaît l'intégrité territoriale de la Géorgie, bien que la majorité de la population des deux républiques soit constituée de citoyens russes et que la Russie soit responsable de ces personnes.
Le ministre a exprimé son désaccord avec l'assertion selon laquelle la Russie se cherche des ennemis là où il n'y en a pas, à savoir dans les pays baltes, en Géorgie et en Moldavie, ignorant les menaces manifestes émanant de l'Iran, de la Syrie, de la Corée du Nord et du radicalisme islamiste.
A la différence par exemple des Etats-Unis, la Russie n'a jamais divisé les Etats du monde en amis et ennemis et n'a jamais porté personne sur une liste des pays de "l'axe du Mal" ni diabolisé certains pays ou leurs dirigeants, a souligné le vice-premier ministre.
Néanmoins, les programmes nucléaires de la Corée du Nord et de l'Iran ne peuvent pas laisser la Russie indifférente. Moscou joue un rôle unique de médiateur cherchant à régler les conflits liés à ces pays. D'autre part, la Russie tire un profit politique et économique de la coopération mutuellement avantageuse avec l'Iran et la Syrie, de même qu'avec n'importe quel autre pays, a relevé M. Ivanov.
En appliquant sa politique vis-à-vis de la Géorgie, de la Moldavie et des pays baltes, Moscou tient compte de leur politique à l'égard de la Russie. La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie présentent à chaque bonne occasion la Russie comme un des principaux facteurs menaçant leur sécurité. Elles considèrent la période soviétique de leur histoire comme une période d'occupation dont la Russie porterait la responsabilité et tolèrent des manifestations en l'honneur des anciens SS, la transformation des russophones en citoyens inférieurs, tout en se faisant passer pour des citadelles de la démocratie dans l'espace postsoviétique, a renchéri Sergueï Ivanov.
Le ministre de la Défense a en outre répété qu'il n'envisageait pas de présenter sa candidature à la prochaine présidentielle russe de 2008, étant trop occupé par la modernisation des forces armées et le développement du complexe militaro-industriel.