L'expert russe a commenté ainsi les résultats des négociations stratégiques entre les Etats-Unis et la Corée du Sud qui se sont déroulées mardi à Séoul.
Les chefs adjoints de diplomatie de ces deux pays, Nicholas Burns et Yu Myung-hwan, ont déclaré ne pas pouvoir reconnaître la République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC), en tant que "puissance nucléaire".
"Nul ne peut admettre que la Corée du Nord entre en possession de l'arme nucléaire", a indiqué Alexandre Pikaïev.
Et d'ajouter que la RDPC "ne doit pas espérer que son programme nucléaire (dans le domaine militaire) soit reconnu de facto et ce, si même Pyongyang procède à plusieurs essais nucléaires".
"C'est que les Etats-Unis et les autres pays n'admettront jamais que la Corée du Nord entre en possession de l'arme nucléaire, de sorte que Pyongyang se trouvera au régime des sanctions internationales tant qu'il ne renoncera pas lui-même à l'arme nucléaire", a souligné l'expert.
Il y a un mois, la République Démocratique et Populaire de Corée a procédé à un essai nucléaire souterrain, tout en se proclamant "puissance nucléaire". Quoi qu'il en soit, a fait remarquer Alexandre Pikaïev, une telle notion a "un statut juridique très net et est mentionné au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP)".
Comme l'a précisé l'expert russe, les "puissances nucléaires" sont ces Etats qui ont effectué des essais nucléaires avant l'entrée en vigueur du TNP en 1970, soit les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, République populaire de Chine et Fédération de Russie).
"Il est tout simplement impossible d'inclure n'importe quel autre pays au Traité de non-prolifération nucléaire, car il faudrait pour cela refaire tout le document", a souligné Alexandre Pikaïev.
C'est aussi seulement de facto que l'on considère aujourd'hui comme nucléaires des pays, tels que l'Inde, Israël et le Pakistan. Or, a indiqué l'expert, les Etats-Unis et certains autres pays occidentaux se montrent prêts à développer avec ces trois pays une coopération nucléaire tout comme s'ils faisaient partie du Traité de non-prolifération nucléaire.
Pour ce qui est de la Corée du Nord, nul n'entend la reconnaître de facto "puissance nucléaire", a-t-il souligné. Et d'ajouter la situation de Pyongyang est compliquée par le fait même qu'il a violé le Traité de non-prolifération nucléaire et s'en est retiré.
Cela s'était produit en janvier 2003. Néanmoins, Pyongyang avait alors expliqué son retrait du TNP et l'ultérieure expulsion du pays des observateurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) par la nécessité de se protéger face à des tentatives des Etats-Unis de désarmer et d'anéantir même la Corée du Nord.
C'est le 10 février 2005 que la Corée du Nord s'était proclamée puissance nucléaire pour la première fois, mais elle n'a procédé à l'essai souterrain d'un dispositif nucléaire que le 9 octobre 2006 à la suite de quoi le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution limitant les fournitures en RDPC de produits et de technologies pouvant être utilisés à des fins militaires.
Après les Etats-Unis et la République de Corée, c'est le Japon qui a déclaré ne pas reconnaître la Corée du Nord "puissance nucléaire". Comme l'a rapporté le ministère des Affaires étrangères du Japon, le chef de la diplomatie japonaise, Taro Aso, a déclaré dans un entretien téléphonique avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, que Tokyo était solidaire de Washington et de Séoul quant à l'attitude face au programme nucléaire de Pyongyang.