Au mois d'octobre, la Russie a déjà cessé d'acheter de la viande en Roumanie et en Bulgarie où des cas de grippe aviaire et de peste classique avaient été constatés. Le directeur de Rosselkhoznadzor, Sergueï Dankvert, craint qu'après l'adhésion de ces pays à l'UE des produits dangereux n'arrivent en Russie via d'autres pays membres.
Le chef du comité exécutif de l'Association nationale des producteurs de viande, Sergueï Iouchine, estime que rien de grave ne se produirait même si la Russie renonçait à la totalité de la viande européenne. "La Russie pourrait se réorienter rapidement vers d'autres pays. Chacun de ses fournisseurs a un quota d'exportation de viande vers la Russie. D'autre part, il y a une décision du gouvernement autorisant les importateurs, en cas d'interdiction d'accepter de la viande d'un pays, à passer un contrat avec d'autres Etats", a-t-il indiqué.
"La Russie est encore très dépendante des importations de viande des pays de l'UE et toute interdiction peut avoir une incidence négative sur les prix", a répliqué le directeur général de l'Institut de la conjoncture du marché agricole, Dmitri Rylko.
D'après ses informations, la Russie reçoit 24 millions de tonnes de viande européenne par an et ne produit, elle-même, pas plus de 5,5 millions de tonnes. Ses plus grands combinats de boucherie utilisent comme produit de base de la viande d'importation. Autrement dit, si ce problème n'est pas résolu avec l'UE, il est fort possible que le prix de la viande monte en flèche. "En cas de réorientation du marché russe vers d'autres pays, vers le Brésil par exemple, la Russie pourra éviter des conséquences défavorables", a pourtant affirmé le spécialiste.
Certains analystes estiment que les menaces de Rosselkhoznadzor d'interdire l'importation de produits agricoles d'Europe peuvent être considérées comme une tentative de modifier la politique appliquée par l'UE à l'égard des produits agricoles russes. Actuellement, les producteurs russes ont du mal à s'installer sur le marché agricole mondial. L'Europe possède des programmes sérieux de soutien aux agriculteurs européens. Bruxelles subventionne ses exportations de viande vers le monde entier et garde son marché fermé aux producteurs étrangers.