Le gouvernement a ainsi annoncé lundi le limogeage du ministre de l'Intérieur, Osmonoly Gouronov, remplacé par son adjoint, Omourbek Seouvanaliev, qui a promis de suite à l'une des revendications de l'opposition, à savoir le limogeage du chef de la police de Bichkek, Moldomous Kongatiev. Les manifestants réclament également le départ de son frère qui occupe le poste de procureur général de Kirghizie.
Dans un discours devant les manifestants, le chef de l'administration du président kirghize, Myktybek Abdyldaïev, a promis que "d'autres décision" seraient annoncées plus tard.
Toutefois, la principale revendication des manifestants reste insatisfaite, plus précisément la réforme constitutionnelle visant à faire de la Kirghizie une république parlementaire. Alors que le président Kourmanbek Bakiev a déposé lundi matin au parlement kirghize un projet de réforme constitutionnelle, le député Azimbek Beknazarov, du mouvement d'opposition Pour les réformes, a crié au "mensonge".
"Même une virgule ne peut pas faire l'objet de modification", tant que le projet de loi est étudié par le comité parlementaire ad hoc où l'examen des textes législatifs prend entre trois et six mois, a déclaré le député opposant intervenant devant le parlement dans l'après-midi. M. Beknazarov a estimé que l'adoption d'une nouvelle Constitution était ainsi repoussée à janvier prochain. Et de promettre de déposer au parlement une autre version de la Constitution.
Le président du comité pour la législation constitutionnelle et l'organisation étatique, Iskhak Massaliev, a par ailleurs expliqué à RIA Novosti que, si le projet de loi ne pouvait être modifié que par son auteur, "le président nous a assurés vendredi qu'il était prêt à débattre de son projet".
L'opposition kirghize manifeste pour le cinquième jour consécutif sur la place centrale de Bichkek pour réclamer une réforme constitutionnelle visant à réduire les compétences du président. Outre la réforme constitutionnelle, elle réclame que le président prenne des mesures résolues pour juguler la corruption qui règne dans la haute hiérarchie de l'Etat et rende la compagnie de radiotélévision nationale réellement indépendante.
Lundi, près de 4.000 manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouvernement pour demander le départ du président Kourmanbek Bekiev. Ensuite, près de 7.000 personnes ont défilé sur l'une des avenues centrales de la capitale vers la compagnie de radiotélévision publique pour demander que celle-ci accorde plus de temps d'antenne à l'opposition et donne une couverture "objective" des événements en Kirghizie. Mais dès que Kourmanbek Bakiev s'est dit prêt à rencontrer les leaders du mouvement Pour les réformes, le défilé a fait un demi-tour pour se diriger à nouveau vers le siège du gouvernement.
Le détachement de police préposé à la protection du siège du gouvernement a laissé passer la foule vers la grille de l'immeuble, puis a quitté la place. Mais des hommes des forces spéciales du ministère de l'Intérieur sont par la suite sortis de l'immeuble pour se disposer en haie devant l'entrée centrale.
Les leaders de l'opposition se tiennent toujours devant l'entrée centrale du siège du gouvernement en attendant qu'ils soient reçus par le président. La foule continue de scander ses slogans exigeant le départ de Kourmanbek Bakiev.