La diplomatie russe doit se préparer à reconnaître la Transnistrie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud (experts)

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MOSCOU, 18 octobre - RIA Novosti. Sans attendre la décision sur le futur statut du Kosovo, la Russie doit établir des relations diplomatiques avec la Transnistrie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, a estimé mercredi le vice-président de la Douma d'Etat (Chambre basse du Parlement russe), Sergueï Babourine.

(La Transnistrie est une république autoproclamée sur le territoire de la Moldavie. L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud sont des républiques autoproclamées sur le territoire de la Géorgie - ndlr.)

"Je suis même sûr que nous ne serons pas les seuls à le faire, a notamment déclaré aux journalistes ce membre du groupe de députés "Rodina" (Volonté du peuple - Parti socialiste unifié de Russie) à la Douma.

"On assiste à présent au déclenchement d'une sorte de "réaction en chaîne" de la reconnaissance des républiques après la déclaration faite par les autorités du Kosovo sur leur ferme intention d'accéder à l'indépendance", signale M. Babourine.

Mercredi, l'Assemblée populaire de l'Abkhazie s'est adressée à la direction de la Fédération de Russie avec la demande de reconnaissance de l'indépendance de cette république autoproclamée. Auparavant, le 11 octobre dernier, le Conseil suprême de la Transnistrie s'est adressé à la Chambre basse du Parlement russe, à la Rada Suprême (parlement) de l'Ukraine, à l'Assemblée nationale de la Biélorussie et à l'Assemblée interparlementaire de la Communauté d'Etats indépendants (CEI) avec la demande de reconnaître la République moldave de Transnistrie en tant qu'Etat souverain indépendant.

Selon M. Babourine, il faut attendre les résultats du futur référendum en Ossétie du Sud pour régler tout ce problème dans son ensemble.

Le référendum sur l'indépendance de l'Ossétie du Sud est prévu pour le 12 novembre prochain. Les habitants de l'Ossétie du Sud devront alors répondre à la question suivante: "Etes-vous d'accord pour que la République d'Ossétie du Sud garde son actuel statut d'Etat indépendant et soit reconnue comme telle par la communauté internationale?".

Le député estime qu'aussi général que soit ce problème, il est possible de trouver pour chacune de ces républiques autoproclamées sa solution à elle.

Pour l'Ossétie du Sud, suppose-t-il, la réunification du peuple ossète et la formation de la République d'Ossétie seraient sans doute la meilleure solution.

Pour ce qui est de l'Abkhazie, a indiqué le vice-président de la Douma, on peut y envisager une forme de participation associée, quand sous la protection de la Fédération de Russie, l'Etat abkhaze pourrait se renforcer et développer ses relations avec le territoire de Krasnodar et l'ensemble de la Russie.

Quant à la République moldave de Transnistrie, on pourrait lui accorder un statut de sujet-membre de la Fédération de Russie, est l'avis du parlementaire.

Quoi qu'il en soit, estime-t-il, la définition du sort ultérieur de ces républiques n'est même pas un "problème du 21e siècle".

Et d'ajouter que le groupe de députés "Rodina" s'adresse à l'exécutif et au pouvoir législatif de la Fédération de Russie avec la demande d'établir sans plus tarder des relations diplomatiques avec les républiques en question.

Or, le chef du Secteur des relations interethniques à l'Institut d'analyse politique et militaire, Sergueï Markedonov, pense que la Russie ne fera rien en matière de reconnaissance de l'Abkhazie tant que le problème du statut politique du Kosovo ne sera pas réglé.

"Je ne pense pas que la Russie fasse des démarches énergiques quelconques dans le sens de la reconnaissance de l'Abkhazie avant la solution du précédent kosovar. Mais dès que le problème du Kosovo sera réglé, la Russie aura plus de liberté d'action en la matière. La Russie elle-même ne voudra sans doute pas aggraver la situation et ce, d'autant plus que deux récentes résolutions du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies, et plus précisément sur la République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) et la Géorgie, ont été le résultat des actions concertées des Etats-Unis et de la Russie. Aussi, une aggravation spéciale y est-elle très peu probable", a notamment déclaré M. Markedonov, commentant dans une interview à RIA Novosti le message du parlement de l'Abkhazie au président et à l'Assemblée Fédérale de la Fédération de Russie avec la demande de reconnaissance.

Néanmoins, est persuadé le politologue, la diplomatie russe doit se préparer à la reconnaissance de cette république.

"La Russie doit travailler avec des partenaires quelconques pour que, quand cette reconnaissance aura finalement lieu, elle ne se fasse pas dans un seul format russe. Toute une stratégie s'y impose, car des actes impulsifs n'y sont pas de mise. Il faut calculer toutes les variantes et conséquences possibles d'une telle reconnaissance", a souligné M. Markedonov.

A titre d'exemple d'une telle stratégie, il a cité la récente résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Géorgie, document que "la Russie n'a proposé qu'à présent qu'alors il aurait fallu le préparer depuis longtemps".

"Maintenant, il faut préparer une résolution sur l'Ossétie du Sud où la Géorgie viole également tous les engagements. Il faut travailler avec l'opinion internationale et montrer la Géorgie comme un pays dans un certain sens destructif. Et alors dans un certain temps, on pourrait soulever le problème de la reconnaissance de l'Abkhazie qui a d'ailleurs pour cela beaucoup plus de chance que l'Ossétie du Sud", a noté le politologue russe.

Il n'a pas exclu que la demande de reconnaissance adressée par le parlement de l'Abkhazie à la direction de la Fédération de Russie soit liée à la politique agressive de la direction de la Géorgie.

"En effet, certaines déclarations du leader géorgien au sujet de la résolution du CS de l'ONU sur la Géorgie prouvent que de tels plans agressifs à l'égard de l'Abkhazie existent toujours", a conclu l'expert.

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