L'avènement d'une superpuissance du tennis

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N'en déplaise aux spécialistes, qui avaient misé dans leur majorité sur les Etats-Unis lors de la demi-finale de la Coupe Davis 2006 à Moscou, l'équipe russe a décroché avec assurance son billet pour la finale le week-end dernier au stade Olympiïski.

Une victoire psychologique avait déjà, de fait, été remportée le premier jour, où Andy Roddick et James Blake n'avaient rien pu faire face à Marat Safin et Mikhail Youzhny. Il était alors clair que l'équipe russe, désormais à un point de la finale, ferait tout pour franchir le dernier pas le plus rapidement possible.

A l'orée du troisième jour, alors que le score était de 2-1 en faveur de la Russie, les tribunes du stade moscovite étaient bondées, et le public s'attendait déjà à un triomphe rapide et inévitable. Les quelques supporters américains présents, même noyés dans une mer de spectateurs agitant des drapeaux russes, parvenaient pourtant à soutenir bruyamment leurs compatriotes qui en avaient bien besoin.

L'affrontement de presque cinq heures entre Dmitry Tursunov et Andy Roddick, au cours duquel furent joués pas moins de 72 jeux, a bien montré la valeur des joueurs des deux équipes. Aucun des deux hommes sur le terrain ne voulant laisser filer cette rencontre décisive, c'est le public qui a fait la différence, en même temps que la rage de vaincre et la préparation physique. Au cours du cinquième set, qui a duré à lui seul deux heures et 14 minutes, le Russe et l'Américain ont réussi à rassembler leurs forces et à élever leur niveau de jeu tout en réduisant leur nombre de fautes directes. Devant l'incapacité de l'un comme de l'autre à faire le break, on se demandait alors si le match n'allait pas se poursuivre indéfiniment sur le même schéma.

S'il faut reconnaître que le public moscovite n'a pas toujours fait preuve de fair-play, les critiques de Roddick à son encontre ont été cependant pour le moins exagérées. Des passions extraordinaires ont animé les tribunes. Chaque point gagné ou perdu faisait naître un tonnerre de cris et d'applaudissements, mais pendant le jeu régnait un tel silence qu'on entendait même tinter les assiettes depuis le buffet de la zone V.I.P. Le soutien inconditionnel du public a sans doute été l'atout supplémentaire qui a permis à Dmitry Tursunov de finalement l'emporter dans le set décisif sur un score de 17-15 qui restera dans les annales de la petite balle jaune.

L'équipe de Russie jouera donc la quatrième finale de son histoire en Coupe Davis, après avoir perdu les deux premières en 1994 et 95 respectivement contre la Suède et les Etats-Unis et remporté le saladier d'argent en 2002 à Pau, au nez et à la barbe des Français médusés. Cette année, les Russes affronteront les Argentins, qui atteignent pour la première fois ce niveau de la compétition. Les matchs se dérouleront à Moscou du 1er au 3 décembre.

Le choix de la surface étant l'avantage de celui qui reçoit, c'est à l'entraîneur de l'équipe russe Chamil Tarpishchev qu'il revient de prendre une décision qui aura dans tous les cas son importance. Si ce dernier n'a pour l'instant rien décidé, il y a fort à parier que la finale se jouera sur surface rapide, face à des Argentins bien plus à l'aise que les Américains sur la terre battue. Pour l'instant, les observateurs penchent pour une victoire de l'Argentine, comme ils avaient il y a quelques jours penché pour les Etats-Unis qui, même 31 fois vainqueurs de l'épreuve, sont restés impuissants lors de la demi-finale du week-end dernier contre une équipe russe d'un très haut niveau. Depuis la retraite de la "Kalachnikov" (Yevgeny Kafelnikov), d'autres joueurs de talent, qui s'installent durablement dans l'élite du tennis mondial, ont pris la relève. Et cela vient appuyer l'espoir de voir revenir le saladier d'argent en Russie. De plus, si l'on considère qu'en décembre les tribunes du stade Olimpiïski seront encore pleines, qu'elles compteront dans leurs rangées une pléiade de visages incontournables du monde des affaires, de la culture et de la politique, au premier rang desquels l'ancien président Boris Eltsine, éternel porte-bonheur du tennis russe, alors il paraît tout simplement inconcevable de miser une victoire argentine...

Même si l'on ne connaîtra le résultat de la finale 2006 de la Coupe Davis que dans un peu plus de deux mois, les vainqueurs sont déjà connus. C'est Chamil Tarpishchev, qui a mené à tant d'exploits les équipes masculines et féminines de tennis. Ce sont les joueurs russes, qui ont ces quinze dernières années remporté des victoires mémorables dans les plus grands tournois internationaux et occupé les plus hautes places des classements ATP et WTA. C'est le tennis russe en général qui a explosé ces dernières années pour devenir un des sports les plus populaires en Russie. Ce sont les supporters russes, qui sont de plus en plus nombreux à venir voir jouer les meilleurs tennismen du monde dans les tournois internationaux se déroulant dans leur pays. Et c'est enfin la Russie, qui deviendra inévitablement une superpuissance du tennis et, semble-t-il, le restera pour longtemps.

(Article rédigé par la rédaction Internet du site www.rian.ru sur la base des dépêches de l'agence RIA Novosti et à partir d'autres sources.)

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