Il était prévu de marquer le Centenaire de Dmitri Chostakovitch par la mise en scène de l'opéra "Balda" au Théâtre d'opéra et de ballet de la République des Komis d'après un conte d'Alexandre Pouchkine (en fait, cet opéra a été écrit après la mort du compositeur), mais les autorités locales ont interdit ce spectacle en cédant à la pression des hiérarques de l'Eglise. A l'époque soviétique, le ballet en un acte "Balda" avait été mis en scène au Bolchoï sur la musique de Dmitri Chostakovitch. Le père Philippe, Secrétaire du diocèse de Syktyvkar et de Vorkouta, a expliqué au metteur en scène invité de Saint-Pétersbourg qu'il ne pouvait donner sa bénédiction pour ce spectacle, car un prêtre y est représenté d'une manière humiliante et parodique. D'ailleurs, Pouchkine s'est repenti d'avoir écrit cette satire. Quant à Dmitri Chostakovitch, le pouvoir soviétique l'avait également contraint à faire son autocritique dans le cadre de la campagne antireligieuse lancée en URSS au niveau de l'Etat.
A l'époque soviétique, les répertoires devaient être approuvés au fond des cabinets des ministères, les spectacles devaient être sanctionnés par les représentants, entre autres, des structures du parti. A présent, les hiérarques orthodoxes prétendent, semble-t-il, jouer ce rôle. Apparemment, la volonté de leur accorder ce droit mûrit aux échelons supérieurs, fait remarquer le journal Koultoura. Le récent précédent concernant l'interdiction de projeter le film Da Vinci Code sur le territoire de la Russie décidée par la Douma (chambre basse du parlement russe) à la demande de l'Eglise Orthodoxe Russe est éloquent en ce sens.
Revenant à Dmitri Chostakovitch, on peut supposer que la victime suivante de l'interdiction pourrait devenir le chef-d'�uvre martyr "Lady Macbeth de Mtsensk" déjà interdit il y a plus de 70 ans pour de tout autres motifs. Dans cet opéra, un prêtre est vraiment représenté d'une manière grotesque. Ensuite, on s'en prendra, peut-être, à l'opéra de Modest Moussorgsky "Boris Godounov" où figurent les moines-ivrognes Varlaam et Missaïl.
