Pourquoi une nouvelle station "Mir"?

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Par Andreï Kisliakov, RIA Novosti

Enfin, le destin a recommencé à sourire au principal programme spatial international: celui de la Station spatiale internationale (ISS). Une navette américaine s'est arrimée à la station et l'équipage de la 14e mission y arrivera bientôt à bord d'un vaisseau russe.

Aujourd'hui, tout va bien. Mais demain? Plus précisément après-demain, vers 2015, lorsque le véritable travail commencera. La Russie a l'intention de créer sa propre station orbitale déjà baptisée Mir-2. Dans quel but? Roskosmos (Agence fédérale spatiale) a fourni des explications, mais il convient de présenter les choses par ordre d'importance.

Cet ordre a été déterminé par les représentants de la cosmonautique russe ces dernières années.

Ainsi, Vitali Davydov, directeur adjoint de Roskosmos, a déclaré au Ve Congrès aérospatial international de Moscou que la construction du segment russe de l'ISS se terminerait en 2011 par le lancement d'un module de recherche. Mais Vitali Davydov aussi fait remarquer que, "dans la période de 2016 à 2025, il est prévu d'achever l'exploitation de l'ISS �"

En principe, ce délai de dix ans suscite l'étonnement, mais plus préoccupante est la possibilité de ne travailler à bord de la station que 4 ans, voire moins. De plus, il est difficile de parler de travail sérieux et, encore moins, de prévoir des projets grandioses, requérant au moins une dizaine d'années de préparation, alors que le processus de désactivation de la station commencera.

S'adressant au même Congrès, le directeur de la plus puissante corporation spatiale russe Energuia Nikolai Sevastianov a esquissé les perspectives du début de l'utilisation du complexe orbital en tant qu'avant-poste des vols interplanétaires habités en 2011 - 2015. Il est prévu d'effectuer quatre expéditions vers la Lune à bord d'un Soyouz modernisé qui doit partir de l'ISS.

D'ailleurs, seule la dernière expédition prévoit le débarquement de cosmonautes sur le satellite de la Terre. Autrement dit, on peut affirmer que les véritables études dans le cadre du programme lunaire russe, dont on parle beaucoup ces derniers temps au sein de la corporation Energuia, ne pourront pas commencer avant le programme d'immersion de l'ISS!

Laissons de côté l'aspect international du programme de la station, en nous bornant à souligner que les ressources financières russes ne suffiront pas pour assurer l'utilisation scientifique complète du complexe, sans parler de l'organisation d'expéditions habitées lointaines.

Mais Roskosmos veut travailler d'après son propre plan. Son directeur Anatoli Perminov a déclaré au Congrès susmentionné:

"Dans la période de 2016 à 2025, il est prévu d'achever l'exploitation de l'ISS et de commencer la création d'une nouvelle infrastructure orbitale habitée, dont le noyau sera une station spatiale polyvalente habitée russe. Un tel système sur orbite avec une inclinaison d'environ 70 ° offrira un panorama de tout le territoire de la Russie et des régions limitrophes, alors que le segment russe de l'ISS ne permet d'observer que 6 à 7 % du territoire de la Russie. Ce projet permettra d'accroître de dizaines de fois le volume de tâches à exécuter dans l'intérêt d'un grand nombre de clients russes. Il est prévu d'installer à bord de cette station la production industrielle expérimentale de matériaux, de préparations et de substances aux propriétés impossibles à créer ou difficiles à obtenir sur Terre, de développer les méthodes de monitorage de la Terre depuis l'espace pour les besoins économiques et sociaux, ainsi que garantir l'utilisation commerciale des résultats des études et des expériences. D'autre part, les technologies assurant les expéditions interplanétaires vers la Lune et Mars seront mises au point durant cette période".

Il s'avère que nous allons simultanément "mettre au point des technologies �" et construire une nouvelle station liée, on ne sait comment, au complexe international. Mais l'essentiel, c'est de trouver des sources de financement. Roskosmos n'exclut pas la participation de partenaires étrangers au projet de nouvelle station russe. Nous ne pourrons que nous en réjouir", constate avec optimisme le chef du service de presse de l'Agence Igor Panarine.

Sans compter les partenaires les plus solides et les plus précieux de la Russie dans l'exploration spatiale, la Biélorussie et le Kazakhstan, "le panorama de tout le territoire de la Russie" ne peut intéresser effectivement que les services spéciaux étrangers. Mais cela n'a rien de réjouissant.

D'ailleurs, à quoi bon cette vue panoramique? Le monde exploite avec succès des satellites de télédétection et en obtient d'immenses dividendes.

C'est la large utilisation commerciale des satellites scientifiques et, surtout, des satellites de télécommunication, qui permet, en plus des finances de l'Etat, de résoudre les problèmes globaux dans le domaine de la cosmonautique.

Cependant, nous préférons de plus en plus souvent les plans grandioses au travail nécessaire, imperceptible de routine. En fin de compte, si l'Etat ne s'en mêle pas, les producteurs russes de satellites de télécommunication peuvent cesser prochainement d'être compétitifs sur le marché mondial. Il en a été question dans le rapport, peu optimiste, présenté au Congrès par le groupement sibérien de mécanique appliquée Rechetnev.

Si cela continue, la question de la nécessité de la cosmonautique russe se posera inévitablement.

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