Pourquoi la critique de la politique de Washington se renforce en Europe

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Un commentaire de Valentin Dvinine: Le 5e anniversaire des événements dramatiques, qui se sont produits aux
Un commentaire de Valentin Dvinine:
Le 5e anniversaire des événements dramatiques, qui se sont produits aux Etats-Unis le 11 septembre 2OO1, a été marqué cette semaine en Europe et outre- océan. Les attentats perpétrés alors à New York et à Washington ont montré que l’humanité s’est heurtée au seuil du XXIe siècle à une menace nouvelle d’ampleur planétaire. Les pays, situés des deux côtés de l’Atlantique, ont été unanimes que la lutte contre cette menace nouvelle est une tâche prioritaire. Seulement les approches proposées pour la réaliser se sont avérées différentes.
Alors que la plupart des membres de la communauté mondiale se sont prononcés pour rassembler les efforts dans cette lutte, Washington a décidé que c’était aux Etats-Unis de dicter où, quand et par quelles méthodes il faut attaquer le terrorisme. La guerre contre l’Irak, déclenchée à l’initiative des Etats—Unis en mars 2OO2, l’a clairement démontré.
J’ai trouvé dans mes archives, écrit Valentin Dvinine, le texte de la déclaration, faite par le président français quelques heures après que les bombes américaines ont commencé à tomber sur Bagdad. Condamnant en termes énergiques cette action, entreprise sans l’accord de l’ONU, Jacques Chirac a prévenu qu’elle « serait lourde de conséquences pour l’avenir ». A la lumière de la situation actuelle en Irak, point n’est besoin de démontrer la clairvoyance de cette mise en garde. Il convient seulement de noter que les prétextes ,avancés par les Etats-Unis pour l’agression contre l’Irak – la présence à Bagdad d’armes de destruction massive et le lien entre Saddam Hussein et Al Qaida – se sont avérés faux. Il n’est donc pas étonnant que la critique de la politique américaine de lutte contre le terrorisme international soit menée avant tout à travers le prisme de la guerre en Irak. Ainsi, le journal allemand « Handelsblatt » écrit à l’occasion du drame du 11 septembre : » Les sceptiques avaient raison : la guerre en Irak était basée sur des fausses affirmations. Elle n’avait rien à voir avec le terrorisme d-Al Qaïda. »
Les médias d’autres pays de l’UE constatent ces jours-ci le caractère erroné de la politique de lutte contre le terrorisme international, choisie par l’administration américaine, et- comme conséquence- l’absence de résultats tant soit peu tangibles. Le journal italien « La Stampa » écrit, par exemple, que « le président américain a lancé la guerre avec une vision à courte vue et une connaissance nulle. La guerre contre le terrorisme a déjà duré plus longtemps que la Première guerre mondiale et un peu moins que la Seconde, mais aucune victoire n’est en vue. » Quant au grand quotidien espagnol « El Pais », George Bush a utilisé les attentats pour son propre programme néo-conservateur. Le résultat, cinq ans après, est un monde plus dangereux ».
Cette idée est aussi développée par le journal parisien « Libération » qui estime que « le leadership de Bush dans la guerre contre le terrorisme s’est révélé désastreux : si le monde paraît aujourd’hui plus dangereux qu’hier, ce n’est pas seulement à cause d’Al-Qaïda. Le président américain contribue assurément à transformer la planète en un vaste champ de bataille »,
Cela n’a pas manqué de se répercuter sur l’attitude envers les Etats-Unis de la communauté mondiale, qui après les attentats du 11 septembre était prête à apporter aux Américains une aide et un soutien sincères. Cependant, écrit encore « Libération », «l’administration Bush a réussi le tour de force de réduire à néant l’immense élan de compassion et de solidarité qui s’était manifesté après le 11 septembre à travers le monde ».
En effet, poursuit Valentin Dvinine, les milieux publics internationaux éprouvent vis-à vis des Etats-Unis tout d’abord un sentiment d’angoisse, puisque la Maison Blanche n’a visiblement pas l’intention de tirer des enseignements de l’échec de sa guerre en Irak. Une angoisse bien justifiée, surtout à la lumière de la récente décision du président américain de proroger d’un an l’état d’exception, décrété le 14 septembre 2OO1. Ceci est nécessaire, selon lui, en raison du maintien de la menace terroriste. Il a aussi indiqué la source de cette menace, en comparant le régime iranien à l’organisation terroriste Al Qaïda.
De nombreux observateurs y ont vu la volonté de Washington de se lancer dans une aventure nouvelle sous prétexte de combattre le terrorisme. Cette fois-ci contre Téhéran. On mesure les conséquences que cela pourrait avoir, d’autant plus dans la région, où l’on vient d’étouffer les flammes d’un nouveau conflit armé. Ce n’est pas par hasard que des voix en faveur de la nécessité de conjuguer les efforts de la communauté mondiale pour combattre les nouveaux défis et menaces se font de plus en plus insistantes ces derniers jours, surtout à l’occasion de l’ouverture de la session de l’Assemblée générale de l’ONU. Seuls les efforts conjugués permettront de résoudre efficacement ce problème.

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