MOSCOU, 8 septembre - RIA Novosti.
Mikhail Youzhny a créé la sensation cette semaine à Flushing Meadows en sortant avec assurance (6-3, 5-7, 7-6(5), 6-1) en quarts de finale le phénomène espagnol Rafael Nadal, qui règne en dauphin du roi Federer sur la planète tennis depuis près de deux ans.
On aurait pu croire à une possible défaillance de son illustre adversaire si le discret joueur russe n'avait pas fait des ravages dans le bas du tableau de l'US Open 2006. En effet, lui qui fut début 2005 15e joueur mondial n'était pas tête de série au moment d'aborder le tournoi new-yorkais, en raison de résultats en dents de scie ces derniers mois. Comme entrée en matière, il s'est débarrassé au premier tour (7-5, 6-1, 6-3) du Slovaque Dominik Hrbaty, tête de série numéro 19, il est vrai lui aussi en manque de repères cette saison. Puis le Russe a enchaîné par le Chilien Nicolas Massu, champion olympique à Athènes, écarté 6-0 au cinquième set (5-7, 6-7(6), 6-4, 6-3, 6-0), puis l'Espagnol David Ferrer, tête de série numéro 11 (4-6, 6-4, 7-5, 6-4). Sa victoire en huitièmes de finale en trois sets secs (6-2, 6-0, 6-1) contre le redoutable Ibère Tommy Robredo, tête de série numéro 6 à New-York, n'a pas manqué d'attirer l'attention des spécialistes. A voir la facilité avec laquelle le moscovite a écrasé un joueur réputé pour sa constance et sa ténacité, on ne peut être réellement surpris par la performance de Mikhail Youzhny au tour suivant face à Rafael Nadal.
Aujourd'hui âgé de 24 ans, Mikhail Youzhny, qui est né et vit à Moscou, s'était tragiquement révélé au public français en 2002 en se payant le luxe de l'emporter contre la France en finale de la Coupe Davis dans un match décisif contre Paul-Henri Mathieu, alors qu'il avait remplacé au pied levé un Yevgeny Kafelnikov à court de forme et après avoir perdu les deux premiers sets. Un jeune Russe de 20 ans venait d'offrir le précieux saladier à son pays pour la première fois dans l'histoire du tennis.
Héros national à l'issue de cet exploit historique, Mikhail Youzhny a continué une carrière en dents de scie, ponctuée par deux victoires en tournois sur le circuit ATP à Stuttgart (2002) et à Saint-Pétersbourg (2004), ce dernier titre concluant une bonne année 2004 qui le voit rentrer dans le top 20. Depuis, le joueur russe ne s'était rappelé au bon souvenir de tous qu'en atteignant en 2005 les huitièmes de finale à Wimbledon, son meilleur résultat en grand chelem avant cet historique US Open 2006 (Youzhny a atteint quatre fois ce niveau, trois fois à Londres en 2001, 2002 et 2005, et une fois en Australie en 2003).
"Je savais que la chance me sourirait un jour. J'ai fait preuve de patience et ça a fini par payer", a déclaré le joueur en conférence de presse à l'issue de sa victoire sur le double vainqueur de Roland-Garros.
"C'est le meilleur match de ma carrière. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis en demi-finale. Toute l'année, j'ai peiné pour revenir en forme."
Et comme pour mieux marquer sa volonté de ne rien lâcher dans ce tournoi, Mikhail Youzhny a effectué à l'issue du match un salut militaire qui en disait long sur son état d'esprit.
"Je voulais trouver quelque chose de sympa. Je ne pouvais pas envoyer des baisers à la Agassi. Je ne pouvais pas non plus faire une salutation à la Srichaphan. J'ai donc trouvé ce salut militaire. Ça fait très russe", a-t-il commenté devant les jouranlistes.
Son prochain adversaire, l'Américain Andy Roddick, est prévenu. Et la demi-finale à venir pourrait bien faire revenir le public de Flushing Meadows au temps de la Guerre froide.