Les exercices tactiques communs Roubej-2006 qui ont démarré mercredi 23 août sous l'étendard de l'Organisation du Traité de sécurité collective dans l'ouest du Kazakhstan (à 30 km d'Aktaou) ont pour scénario une des versions possibles d'évolution des événements dans cette région. Les unités engagées ont été divisées en "rouges" (pays membres de l'OTSC), "bleues" (figurant les groupes armés des organisations terroristes et extrémistes internationales considérant les pays d'Asie centrale comme leur zone d'intérêt) et "brunes" (Etats non-membres de l'OTSC).
Scénario des exercices
Les "bleus, profitant du mécontentement de la population suscité par les résultats de l'élection présidentielle dans un Etat voisin, se sont emparés du pouvoir dans ce pays et dans les régions frontalières des pays limitrophes et ont entrepris de créer un califat. L'objectif est d'élargir le territoire du califat en s'accaparant un territoire comprenant une partie considérable de l'Asie centrale. Pour le réaliser, les idéologues extrémistes s'emploient à inciter à l'action l'opposition intérieure dans des Etats membres de l'OTSC afin d'y déstabiliser la situation, de renverser leur régime constitutionnel et, en engageant des formations armées, de s'approprier une partie du territoire de ces Etats.
Les "bruns", pour éviter la prise du pouvoir par les extrémistes, décident d'amplifier leur influence dans la région et de renforcer leurs régimes politiques respectifs. Ils font tout leur possible pour éviter le déclenchement d'un conflit armé avec les "bleus". Ce n'est qu'en cas d'invasion de leur pays par les extrémistes qu'ils sont prêts à faire face à l'attaque et à neutraliser l'opposition intérieure. Le plan militaire des "bruns" prévoit une opération défensive face aux "bleus" combinée avec des opérations spéciales dans l'arrière-front de l'ennemi.
Les "rouges" (Etats de l'OTSC) s'opposent avec énergie à la propagation des idées extrémistes en Asie centrale et mettent en oeuvre des mesures appelées à stabiliser la situation intérieure, à éviter des manifestations de séparatisme et à préserver l'intégrité des pays de la région. Partenaires sûrs dans l'arène internationale, les "rouges" respectent à la lettre leurs engagements de membres de l'OTSC et apportent leur assistance, militaire entre autres, aux Etats régionaux pour protéger leurs intérêts nationaux.
D'après le scénario, face à la situation menaçante, le président de la République du Kazakhstan, se prévalant de l'article 4 du Traité de sécurité collective et des Statuts de l'OTSC, demande au président du Conseil de sécurité collective l'aide nécessaire, militaire entre autres, pour protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale de son Etat.
Cette demande déclenche les activités réelles, autrement dit les exercices.
Sur terre et en mer
A la première étape, il s'agit de prendre la décision d'engager des forces et des moyens du système de sécurité collective sur le territoire de la République du Kazakhstan. Les forces engagées doivent évaluer la situation et préparer leurs propositions pour écarter les menaces pesant sur l'intégrité territoriale de la République du Kazakhstan et donner une mission aux troupes appelées à lancer une opération antiterroriste. La deuxième étape consiste à planifier des actions coordonnées et à décider de l'engagement de la Force collective d'intervention rapide. Et enfin la troisième étape sera la phase active des exercices qui consiste à s'entraîner à diriger la Force de sécurité collective et les activités pratiques de ses unités au cours d'une opération conjointe.
Ainsi que l'a déclaré le général Sergueï Tchouvakine, de l'état-major unifié de l'OTSC, le thème des exercices Roubej-2006 a été choisi en partant des prévisions de la situation politique et militaire dans la région. Ils ont pour but d'élever le niveau de coopération entre les organismes permanents du système de sécurité collective et les organes de direction des forces armées des Etats membres de l'OTSC. Ils permettront de vérifier l'efficacité du travail des organes de direction et des troupes au cours de la préparation et de la conduite d'une opération commune, et de perfectionner la maîtrise des unités qui constituent la composante militaire du système de sécurité collective.
Pour la première fois, toutes les armées des Etats membres de l'OTSC - des troupes terrestres, aériennes et navales - coopéreront au cours de ces exercices qui comprendront une opération simultanée de débarquement aérien et naval.
Au Kazakhstan, quelque 2.500 hommes seront engagés dans les exercices, avec plus de 60 blindés, une cinquantaine de pièces d'artillerie et de mortiers, plus de 35 avions et hélicoptères, ainsi que 14 navires de combat et auxiliaires.
Les exercices Roubej-2006 ne sont pas uniquement ceux de la Force d'intervention rapide de l'OTSC. C'est une action globale, ce qui veut dire qu'outre la sécurité militaire des Etats concernés, l'attention sera prêtée également à la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la migration illégale, a précisé le général Tchouvakine. A cet effet, d'autres structures de force, notamment les ministères de l'Intérieur, des Situations d'urgence, et les services secrets, seront mises à contribution.
D'autre part, le Conseil des ministres de la Défense des pays membres a autorisé à renforcer au besoin les contingents engagés avec des unités qui ne font pas partie de la Force collective d'intervention rapide, a souligné le représentant de l'état-major unifié. Pour Roubej-2006, il pourrait s'agir des unités d'infanterie navale et des navires de la Flottille russe de la Caspienne. Le groupement russe ne sera pas le seul à se renforcer, selon le général. Le Kazakhstan aussi envisage des renforts aériens, terrestres et navals.
L'état-major unifié de l'OTSC qui assume le commandement des exercices est composé de représentants du Kazakhstan, de la Kirghizie, de la Russie et du Tadjikistan. En ce qui concerne l'Ouzbékistan qui a repris sa place dans l'OTSC, ses représentants militaires ont été invités à ces exercices en qualité d'observateurs.
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