Les forces armées indiennes sont équipées à 80% de matériel de combat et d'armements de fabrication russe. La Russie a intérêt à maintenir ses exportations à un niveau aussi élevé. A l'heure actuelle, c'est l'appel d'offres pour la livraison de 126 d'avions de combat avec lesquels l'Inde compte remplacer en dix à quinze ans ses Mig-21 russes moralement dépassés qui semble être le projet le plus alléchant. Il s'agit d'un contrat de livraison d'appareils à missions multiples estimé à 6,5 milliards de dollars, soit le montant annuel de recettes des exportations d'armements russes, fait remarquer le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
En 2002, il a été quasiment décidé que ce seraient des chasseurs français Mirage-2000 (et un calendrier préalable des livraisons jusqu'en 2008 a été arrêté). Le contrat n'a pourtant pas été signé. Parmi les concurrents ayant répondu à l'appel d'offres, restent actuellement le Mig-29M2 (Mig-35), les chasseurs américains F-16 et F/A-18, le français Rafale, le suédois JAS-39 Gripen et l'Eurofighter Typhoon, produit du groupe européen EADS.
D'après un expert indépendant, Rouslan Poukhov, du point de vue technique, le matériel russe ne le cède en rien à ses concurrents sinon, à la rigueur, à l'américain. En 2005, les Etats-Unis ont levé l'embargo sur la livraison d'armements à l'Inde et multiplient leurs efforts pour s'approprier ce marché. Au salon Aero India 2005, qui s'est tenu à Bangalore, ils ont exposé leur F-16 qu'ils ont ensuite montré à l'�uvre lors d'exercices aériens américano-indiens. Les groupes Boeing et Lockheed ont déjà été autorisés à livrer des F-16 et F/A-18 à l'Inde. Boeing a même l'intention de construire dans ce pays une usine de matériel de guerre.
Comme l'ont plus d'une fois déclaré les plus hauts responsables de l'armée de l'air indienne, ils connaissent bien les qualités des avions russes et américains mais ignorent presque complètement les appareils européens. Autant dire qu'il n'y aura de concurrence qu'entre le Mig-29M2 (Mig-35) et le F-16. Le chasseur russe a l'avantage d'avoir de nombreux éléments et ensembles communs avec le Su-30MKI qui équipe déjà l'aviation indienne. Cela rend son exploitation moins cher.
La France, de l'avis de Rouslan Poukhov, perd ses positions sur le marché des avions de combat. Rafale a déjà perdu trois appels d'offres internationaux. Les autres constructeurs européens ont eux aussi des difficultés.
Néanmoins, les producteurs russes risquent de perdre la bataille, si l'appel d'offres dure encore deux ou trois ans. Pendant cette période, de nouvelles circonstances peuvent survenir, capables de rendre le matériel russe moins attractif. L'une de ces circonstances se fait déjà sentir: c'est le renforcement du rouble face au dollar. Cela risque d'augmenter le prix contractuel du matériel russe.