La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

La presse estime que l'élargissement par la Russie de ses zones frontalières contrôlées entrave la coopération internationale en matière de lutte anti-incendie. "L'élargissement par la Russie de ses zones frontalières a empêché les sapeurs-pompiers finlandais de venir aider à éteindre les incendies qui sévissaient de l'autre côté de la frontière. Soumises aux ordres du FSB (Service fédéral de sécurité), les autorités de la zone frontalière leur ont interdit l'accès, tandis que le vent propageait la fumée jusqu'en Finlande" (Eesti Päevaleht, 12.08). "Les Russes ont répondu qu'ils maîtrisaient la situation... Les victimes de la fumée n'ont donc rien à revendiquer: la Russie contrôle la situation. Et nous, on avale la fumée" (Põhjarannik, 11.08).

LETTONIE

Face à la signature d'un mémorandum de coopération entre Gazprom et le groupe algérien Sonatrach, les médias redoutent la domination de la Russie sur le marché gazier européen. "Un consortium pourrait naître qui contrôlerait presque 40% des importations de gaz de l'Union européenne et qui dicterait ses propres conditions et ses propres prix... Les Européens ont tout lieu de s'inquiéter: la Russie et l'Algérie sont, avec la Norvège, les principaux fournisseurs de gaz naturels de l'Europe, donc l'idée d'une OPEP du gaz pourrait enfin se matérialiser... L'Union européenne est à bout de souffle: elle ne peut pas proposer de solution de remplacement" (Bizness&Baltia, 10.08).

LITUANIE

La rupture des livraisons de pétrole russe à la raffinerie Mazeikiu Nafta est au coeur de l'actualité. Les médias tendent à expliquer l'accident technique qui a affecté l'oléoduc Droujba par une vengeance politique de Moscou. "Il est difficile de croire qu'un oléoduc stratégique soit dans un état nécessitant de le fermer pour pratiquement une année. Les experts sont enclins à penser que les discours russes sur la longue durée des travaux de réparation sont une tentative de baisser la rentabilité de Mazeikiu Nafta et de faire pression sur le groupe PKN Orlen, car le Kremlin souhaite que Mazeikiu Nafta, ancienne propriété du groupe Ioukos en faillite, revienne à la Russie" (Veidas, 14.08).

UKRAINE

La presse prend à partie le nouveau ministre des Combustibles et de l'Energie, Iouri Boïko, accusé de vouloir céder progressivement à la Russie le réseau de distribution de gaz ukrainien en échange de tarifs peu élevés. "Bien sûr, Gazprom n'aura pas toutes les conduites à la fois d'un seul coup. En 2007, M. Boïko cédera aux Russes 60% du réseau de distribution, et il s'agira des tronçons les plus juteux qui relient la Russie à l'Occident. L'année suivante, il remettra à Gazprom les autres 40%. Ainsi, nous perdrons nos conduites et notre souveraineté pour avoir du gaz bon marché" (Provokatsia, 09.08).

Les politologues prétendent que les services secrets russes seraient directement impliqués dans les situations de crise qui surviennent en Ukraine. "Pendant les négociations qui ont eu lieu au cours de ces dernières semaines, chaque fois qu'on parvenait à une entente le soir, le matin certains responsables y renonçaient et présentaient une toute nouvelle vision du problème... La présence des services secrets russes en Ukraine a atteint une ampleur colossale et commence à influer directement sur la sécurité nationale" (Delo, 11.08).

Les journalistes estiment qu'une menace sur la sécurité nationale émane des raiders russes. "Les experts notent que près d'un tiers de l'économie ukrainienne est contrôlée par des sociétés russes. Encore un peu, et la situation pourrait atteindre le point de non-retour. Il sera alors complètement impossible, pour le gouvernement national, de contrôler l'économie" (Podrobnosti.ua, 10.08).

MOLDAVIE

Les médias critiquent sévèrement le président du pays, déclarant que sa rencontre à Moscou avec Vladimir Poutine est en quelque sorte un signe de la "capitulation" de Vladimir Voronine. "Pourquoi... Voronine est-il donc allé capituler à Moscou? Les raisons en sont multiples... Tout d'abord, la peur qu'il éprouve devant la perspective d'une perte du pouvoir et le désir de garantir à son parti encore un mandat à la tête du pays. Voronine se rend très bien compte que sans le soutien de la Russie, cela est pratiquement impossible. Et ensuite, il est plutôt déçu par l'Occident, car il n'en a pas reçu d'appui comparable à celui dont bénéficie Mikhaïl Saakachvili" (Timpul de dimineata, 11.08).

ARMENIE

Le règlement de la crise politique en Ukraine a attiré l'attention de la presse. L'aval donné par le président ukrainien à la candidature de Viktor Ianoukovitch au poste de premier ministre est un acquis de la démocratie "orange", estiment les commentateurs. "Iouchtchenko a finalement tranché par "un jugement de Salomon". Il a fait ce qu'aucun politique de la trempe poutinienne n'aurait pu faire organiquement... La nomination de Ianoukovitch au poste de chef du gouvernement n'est rien d'autre qu'un nouvel acquis notable de la révolution "orange" ou démocratique... Quand Ianoukovitch devient président de tout un peuple grâce à l'ingérence manifeste de Moscou, à l'aide de pressions et de toute sorte de falsifications, c'est une chose, mais quand le président légitime du pays le désigne de son plein gré au poste de premier ministre, c'est une toute autre chose... Dans le contexte de cette nouvelle logique politique, au poste de premier ministre, Ianoukovitch sera beaucoup moins exposé aux menaces de Moscou et pourra utiliser beaucoup plus efficacement son expérience objective et ses connaissances pour défendre les intérêts de l'Ukraine" (Aravot, 09.08).

GEORGIE

Les publications consacrées à la situation dans la zone du conflit abkhazo-géorgien sont ouvertement alarmistes. "L'ennemi menace le pays au nord et à l'ouest. Après l'opération dans les gorges de Kodori, l'Abkhazie refuse de poursuivre les négociations et menace (la Géorgie). Pour sa part, la Russie nous menace ouvertement du poing, organise des provocations (en Ossétie du Sud)... Une étincelle suffirait pour que la Géorgie s'embrase" (Sakartvelos Respublica, 12.08). "Nous sommes face à un danger réel de guerre avec la Russie" (Rezonansi, 12.08). "La Russie prépare une nouvelle vague d'hostilités au Caucase" (Grouzia Online, 14.08).

La déclaration du président tchétchène, Alou Alkhanov, selon laquelle en cas d'aggravation du conflit des volontaires nord-caucasiens pourraient se rendre au secours des Abkhaz, a été évaluée par la presse comme une preuve d'ingratitude noire de la part de la Tchétchénie. "Alkhanov n'est qu'une marionnette de la Russie et un esclave de Ramzan Kadyrov... Ce politicien sans valeur a fait fi de tout ce que le peuple géorgien avait fait pour le peuple de la Tchétchénie voisine. Si les Tchétchènes existent aujourd'hui, en tant que nation, le mérite en revient pour beaucoup à la Géorgie. La Géorgie a pardonné aux Tchétchènes ce qu'ils avaient fait en Abkhazie (le "bataillon tchétchène", sous les ordres de Chamil Bassaïev, a pris une part active aux hostilités en 1992-1993 aux côtés de l'Abkhazie). La Géorgie a sauvé d'une mort imminente des dizaines de milliers de réfugiés tchétchènes alors que Moscou rétablissait "l'ordre constitutionnel" en Tchétchénie... Et la Géorgie n'a reçu des Tchétchènes aucune compensation, pas même l'expression d'une reconnaissance élémentaire... Et après tout ce bien que la Géorgie a fait pour la Tchétchénie, son président ose lui parler sur le ton des menaces" (Akhali Taoba, 10.08).

AZERBAIDJAN

Les médias sont très critiques quant aux mesures adoptées par les compagnies de transport russes. "La Russie a réduit de moitié ses tarifs ferroviaires pour le transit du brut et des produits pétroliers depuis le Kazakhstan et le Turkménistan vers le littoral de la mer Noire et ce, pour détourner les clients d'autres itinéraires contournant la Russie... Selon une source dans les milieux industriels, la Russie espère ainsi réorienter vers elle 250.000 tonnes de pétrole par mois de l'itinéraire azerbaïdjano-géorgien... La Russie a aussi proposé un rabais de 48% pour le transport du pétrole du Kazakhstan vers le terminal de Port-Kavkaz et vers les ports ukrainiens sur la mer Noire" (Ekho, 10.08).

Loué à l'Azerbaïdjan par la Russie, le radar de Gabalina attire toujours l'attention de la presse. "En exploitant le radar de Gabalina, la Russie est sans cesse accusée d'infliger un dommage irrémédiable à l'écologie de l'Azerbaïdjan et à la santé de la population locale... Après la disparition de l'Union Soviétique, un radar semblable a été fermé dans la région de la Baltique, et la construction d'un autre a été suspendue en Ukraine. De tous ceux installés dans les anciennes républiques soviétiques, seul le radar situé en Azerbaïdjan est resté intact" (Zerkalo, 12.08).

KAZAKHSTAN

Selon la presse, l'espionnite sévit en Russie. Cela nuit à l'image internationale de la Russie et risque de provoquer la fuite des cerveaux et la crispation du climat d'innovation déjà tendu. "Les services secrets russes se sont lancés dans une chasse aux espions. Les militaires et chercheurs qui ont affaire aux technologies spatiales sont parmi les plus touchés. Rien qu'en 2005, 100 espions ont été démasqués en Russie alors que la découverte d'un agent secret par an était déjà considérée comme un succès à l'époque soviétique... Intéressés à présenter davantage de comptes rendus sur l'arrestation d'autres "espions", les agents du FSB violent de plus en plus souvent les règles de procédure pendant l'enquête, selon les experts� Malgré les preuves peu solides collectées par des agents du FSB pas très honnêtes, les tribunaux blanchissent très rarement les espions présumés" (Liter.kz, 11.08).

KIRGHIZIE

Les médias affirment que la Russie pourrait céder dans les dix ans à venir son leadership au sein de la Communauté des États Indépendants (CEI) au Kazakhstan en matière de PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat (PPA). "Ces derniers jours, le Comité interétatique des statistiques de la CEI a dressé le bilan du développement économique et social au premier semestre 2006. L'économie russe se situe au septième rang des pays de la CEI pour les rythmes de croissance. Il est déjà clair que l'économie kazakhe est plus dynamique, bien que le comité ne cite que les résultats du premier trimestre pour le Kazakhstan. Cette année, ce pays occupe la 3e ou la 4e place parmi les pays de la CEI en matière de croissance du PIB, mais il pourrait saper d'ici dix ans le leadership russe pour le produit intérieur brut en parité de pouvoir d'achat (PIB-PPA), s'il continue à évoluer à un tel rythme" (Obchtchestvenny reiting, 09.08).

OUZBEKISTAN

La presse d'opposition doute que la fermeture du site web "Ouzbékistan libre" basé en Russie soit effectivement provoquée par l'utilisation non payée du nom de domaine auquel le site était rattaché. Les journalistes estiment que Moscou persécute les opposants du régime ouzbek depuis son rapprochement avec Islam Karimov. "Les relations entre la Russie et l'Ouzbékistan étaient plutôt tendues au moment du lancement de ce projet il y a 4 ans (A l'époque, l'Ouzbékistan flirtait avec les États-Unis). Les médias des deux pays se faisaient l'écho de cette hostilité... A présent, le régime autoritaire de Poutine et la dictature sanglante de Karimov sont "amis jurés". Les autorités russes persécutent des Ouzbeks, les torturent et les expulsent vers l'Ouzbékistan. C'est maintenant le tour des sites web indépendants basés en Russie" (Ouzbékistan musulman, 14.08).

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