Primakov: "Israël a perdu la guerre au Liban"

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En misant sur le règlement unilatéral du conflit proche-oriental, Israël a perdu la guerre au Liban, a estimé mercredi à Moscou l'ancien premier ministre russe Evguéni Primakov.
MOSCOU, 16 août - RIA Novosti. En misant sur le règlement unilatéral du conflit proche-oriental, Israël a perdu la guerre au Liban, a estimé mercredi à Moscou l'ancien premier ministre russe Evguéni Primakov.

"Israël n'a pas atteint les objectifs qu'il poursuivait au Liban", a déclaré M. Primakov, aujourd'hui président de la Chambre de commerce et d'industrie de Russie, lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de la présentation de deux ouvrages de diplomates orientalistes: "Les ornements orientaux" d'Oleg Peressypkine et "La feuille de route de la sécurité régionale au Proche-Orient" d'Andreï Baklanov.

"Les Israéliens ont non seulement échoué à écraser le mouvement chiite libanais Hezbollah. La conclusion qui s'impose est que la ligne unilatéraliste israélienne est vouée à l'échec, car les événements libanais ont démontré que les démarches unilatéralistes subiraient le même sort en Palestine", a-t-il constaté.

Pour M. Primakov, Israël a renoncé à la "feuille de route", même si l'administration israélienne évitait jusqu'à un certain moment de l'afficher. La déclaration du premier ministre israélien Ehud Olmert annonçant la poursuite de la stratégie visant à annexer une partie de la Cisjordanie où vivent déjà 250.000 Israéliens et à préserver les colonies dans la vallée du Jourdain confirme l'abandon effectif de la "feuille de route".

"Israël insiste pour que les négociations soient menées sur la base d'une délimitation unilatérale des frontières par Israël", a constaté l'ancien premier ministre russe.

S'agissant du conflit israélo-libanais, il a estimé que l'objectif d'Israël était de semer la discorde dans la société libanaise pour la pousser à une guerre civile. "Israël voulait la division de la société libanaise et le début d'une guerre civile. Les hostilités ont été déclenchées afin de réunir les conditions pour faire apparaître au sein de la société libanaise une force politique opposée au Hezbollah", a indiqué M. Primakov.

Dès le début du conflit, il était clair - et les dirigeants israéliens le comprenaient - qu'il serait impossible de déloger le Hezbollah, a-t-il ajouté. "Il était impossible de liquider le bras armé du Hezbollah par des bombardements, car un mouvement politique contrôlant près d'un million de chiites trouvera toujours des ressources pour combler la perte de 300 à 500 combattants tués lors des hostilités", a noté M. Primakov.

A son avis, Israël envisageait l'hypothèse d'une implication dans le conflit de la Syrie et de l'Iran afin de diriger des frappes contre ces pays. Cette hypothèse est indirectement confirmée par le fait que Washington a longtemps refusé de donner son feu vert au cessez-le-feu.

"Israël n'a pas accompli les missions qu'il s'était fixées, et a donc perdu la guerre", a estimé M. Primakov. Le Hezbollah a opposé une résistance farouche aux troupes israéliennes, et si les hostilités avaient cessé quatre ou cinq jours plus tôt, on aurait pu parler d'une défaite militaire d'Israël, a-t-il dit.

"Les Israéliens ont atteint le fleuve Litani vers la fin de la guerre qui a duré 34 jours", a-t-il expliqué, ajoutant que même si cette trêve semblait fragile, il n'y aurait pas à court terme de grande guerre au Proche-Orient.

Cela dit, Evgueni Primakov a appelé à pousser Israël à reprendre le processus de paix. "La diplomatie russe travaille bien dans ce sens. Selon mes informations, de hauts responsables russes s'apprêtent à se rendre sur les lieux pour initier la reprise du processus de règlement politique", a-t-il dit.

A son avis, les efforts diplomatiques de la Russie ont joué son rôle dans la cessation des hostilités au Liban. "S'il n'y avait pas eu de projet russe de résolution sur le cessez-le-feu humanitaire de 72 heures, le projet franco-américain aurait eu peu de chances de s'imposer", a-t-il ajouté.

Pour résoudre le problème du Proche-Orient, il faut convoquer une conférence pacifique qui permettrait de "déboucher sur des accords pratiques pour tous les volets (palestinien, libanais et syrien) et acceptables pour toutes les parties".

Pour que la communauté internationale puisse imposer une solution aux parties en conflit, "il faut la bonne volonté des Etats-Unis" dont ils tardent à faire preuve, a résumé l'ancien premier ministre russe.

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