Comme l'a expliqué Abdel-Moneim Saïd qui est directeur du Centre d'Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d'Al-Ahram - le plus important centre du genre dans le monde arabe, il existe à présent deux scénarios parfaitement différents de l'évolution de la situation: le retrait des milices du Hezbollah, arme à la main, des territoires au sud du fleuve Litani ou le désarmement complet de ce mouvement chiite.
"Le Hezbollah peut faire preuve de souplesse dans le premier cas", a supposé l'expert.
Et d'ajouter que ni l'armée libanaise ni les forces de l'Organisation des Nations Unies ne viendront au Sud-Liban tant que les milices du Hezbollah s'y trouvent. "Aussi, un consensus n'est-il pas à exclure sur ce point précis", est l'avis d'Abdel-Moneim Saïd.
Qui plus est, a fait remarquer l'expert égyptien, en cas de départ du Hezbollah des territoires au sud du fleuve Litani, chacune des parties pourrait affirmer avoir obtenu ses objectifs, du moins, à l'étape donnée.
"Quoi qu'il en soit, a indiqué le directeur du CEPS d'Al-Ahram, il ne s'agirait pas alors du désarmement du Hezbollah, mais seulement de son redéploiement". Tout porte à croire que, dans un avenir prévisible, le Hezbollah restera tout de même une force armée au Liban, a-t-il dit.
Somme toute, suppose Abdel-Moneim Saïd, la communauté internationale peut bien accepter une telle variante "intermédiaire" de la solution du problème du désarmement du Hezbollah. Et de rappeler que le règlement des problèmes, tels que le retrait d'Israël des territoires des fermes de Chebaa, la libération des soldats israéliens, retenus au Liban, et des Libanais, détenus dans des prisons israéliennes, a également été repoussé à plus tard.
Le respect du cessez-le-feu au Liban sera fonction de plusieurs facteurs, y compris extérieurs, a souligné l'expert. "Les deux parties ne veulent pas du tout de nouvelles batailles, elles veulent un certain répit, et il leur faut tout simplement du temps pour analyser la situation présente", a dit l'interlocuteur de RIA Novosti.
"C'est pourquoi pendant quelques semaines les ententes de cessez-le-feu seront sans doute respectées", s'est dit convaincu l'expert égyptien.
Néanmoins, a-t-il relevé, il y a aussi "d'autres forces qui vont sans doute essayer d'exploiter la situation à leurs propres fins". "Nous ne savons toujours pas, par exemple, comment la Syrie et l'Iran y réagiront", a poursuivi Abdel-Moneim Saïd.
La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies prévoit notamment le déploiement de la force internationale et de l'armée libanaise dans la zone entre la "ligne bleue" - frontière provisoire entre le Liban et Israël - et le fleuve Litani. Conformément à cette résolution, à part l'armée libanaise et la force internationale, il ne doit y avoir aucunes autres formations armées. Si tout se passe comme prévu, le déploiement de la force internationale et de l'armée libanaise se produira parallèlement au retrait des troupes israéliennes du Sud-Liban.
Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah a déclaré appuyer le déploiement de l'armée libanaise et de la Force intérimaire (renforcée) des Nations Unies au Liban (FINUL) dans le sud du pays. Pourtant, le leader de la résistance libanaise a soumis à une critique extrêmement virulente les hommes politiques du Liban exhortant au désarmement du Hezbollah. Selon Hassan Nasrallah, il n'est pas temps aujourd'hui de débattre en public cette question, car Israël représente toujours un danger pour le Liban. "Faisons revenir la conversation dans son cadre habituel. A présent, la force du Liban réside dans sa résistance et son unité nationale", a déclaré Hassan Nasrallah dans une de ses récentes interventions.
Selon le leader du Hezbollah, à l'étape actuelle, ni l'armée libanaise ni les "casques bleus" de l'ONU ne pourront protéger le Liban en cas de nouvelle agression israélienne.