Israël a perdu la guerre contre le Liban sans avoir obtenu ses objectifs (expert militaire libanais)

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BEYROUTH, 14 août - RIA Novosti. Israël a perdu la guerre qu'il a lui-même déclenchée contre le Liban, a estimé lundi dans une interview à RIA Novosti l'analyste militaire et ancien général de l'armée libanaise, Amin Hteit.

"La partie qui a lancé une offensive n'a pas réussi à obtenir ses objectifs, ce qui veut dire qu'elle a tout simplement perdu la guerre", a précisé l'expert, en dressant une sorte de bilan du conflit militaire libano-israélien.

Déclenchant la guerre, tient à rappeler Amin Hteit, Israël se proposait notamment de libérer ses deux soldats, de liquider le Hezbollah, en tant que force militaire, et de nettoyer des milices et des armes de ce mouvement chiite les territoires au nord du Litani. Pas une seule de ces tâches n'a été accomplie, a souligné l'analyste militaire libanais.

Et de préciser: "En plus d'un mois de guerre, les troupes israéliennes n'ont su occuper en tout et pour tout que 12% du territoire du Sud-Liban".

Selon Amin Hteit, cette guerre a démontré avec éclat que l'armée israélienne n'était pas prête à la campagne libanaise, l'échec de son opération terrestre étant total.

"Pendant les dix-huit années d'occupation israélienne du Sud-Liban (1982-2000), l'armée d'Israël perdait en moyenne 20 soldats par an dans ce pays. Mais rien qu'en trois derniers jours de cette guerre libano-israélienne, au cours d'une large opération terrestre dans le sud du Liban, 63 soldats israéliens ont été tués. Autrement dit, en une journée - davantage qu'au cours de toute une année", a signalé le général libanais.

Cette guerre a découronné la gloire des chars israéliens "Merkava", ce qui ne manquera certes pas de se répercuter de façon très négative sur les positions des armes israéliennes sur le marché international, a souligné l'expert.

Au cours des hostilités dans le sud du Liban, 125 chars israéliens ont été détruits, et cela se produit pour la première fois de toute l'histoire des conflits arabo-israéliens, a-t-il fait remarquer.

Qui plus est, a poursuivi l'analyste militaire libanais, l'armée israélienne a perdu cette guerre même sur le plan du renseignement.

"En effet, le renseignement militaire israélien n'a pas dépisté un seul lance-roquettes, et l'aviation d'Israël n'a pas pu liquider pratiquement un seul lance-roquettes, ce qui a permis au Hezbollah de tirer, le dernier jour de la guerre, contre le territoire israélien plus 250 roquettes. Pire, les Israéliens n'ont pu ni dépister ni éliminer un seul des leaders du Hezbollah. Qui plus est, ils n'ont même pas réussi à perturber la liaison entre la direction du Hezbollah, d'une part, et ses combattants opérant à la première ligne, de l'autre", a noté Amin Hteit.

Pour ce qui est du Hezbollah, ses combattants ont réalisé un vrai exploit, selon le général libanais. A son avis, ils ont manifesté un excellent professionnalisme et un moral très haut à toute épreuve, en infligeant à l'ennemi des pertes colossales.

Mais si Israël est perdant sur le plan militaire, a repris l'expert, à l'issue de cette guerre, les Etats-Unis ont énormément perdu sur le plan politique.

"La défaite essuyée par Israël et les Etats-Unis face à la résistance libanaise exercera incontestablement un impact radical sur l'ensemble de la région. Le Proche-Orient sera nouveau, mais pas tel que Washington aurait voulu le voir, car cette guerre est devenue pour les Etats-Unis une vraie défaite politique et morale", a estimé le général.

En même temps, la résistance libanaise s'est affirmée à titre de principale force politique à l'intérieur du Liban et acquis un immense prestige dans toute la région, a relevé Amin Hteit.

"Pas une seule autre force politique ne pourra désormais contester le fait que c'est justement le Hezbollah qui a protégé le Liban contre l'agression israélienne", a-t-il dit.

Et de souligner que les espoirs des Etats-Unis et d'Israël de pouvoir désarmer le Hezbollah sont nuls.

Dans le même temps, selon les médias libanais, en 34 jours de guerre, 1.150 personnes ont été tuées et plus de 3.700 autres blessées au Liban. Presque 90% des victimes sont des civils, dont les enfants de moins de douze ans constituent un tiers.

Les pertes matérielles y sont évaluées à titre préalable à 9 milliards de dollars, dont 3 milliards de dollars sont des pertes économiques directes et 6 milliards de dollars sont des pertes économiques indirectes.

Ont été détruits au Liban plus de 150 ponts, des dizaines de routes et près de 7.000 immeubles et de maisons d'habitation, des dizaines de réservoirs de combustible et de pompes à essence, de bâtiments administratifs et publics, de centrales électriques et d'entreprises industrielles. Un immense détriment a également été infligé à l'écologie et à l'agriculture du Liban.

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