Une résolution onusienne ne signifie pas la fin de la guerre au Liban

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Par Marianna Belenkaïa, RIA Novosti

L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah est entré en vigueur. Mais si certaines forces régionales crient victoire, on pourrait à peine évoquer la fin de la guerre. Hélas, la liste des victimes risque toujours de s'allonger, alors que la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU imposant le cessez-le-feu suscite pas mal d'interrogations.

La situation restera instable dans la zone du conflit tant que les soldats israéliens ne quitteront pas le Liban pour laisser s'implanter dans la zone tampon, à la frontière israélo-libanaise, des soldats libanais et des casques bleus. C'est ce que demande la résolution. Toujours est-il que son application ne garantit pas pleinement que le conflit soit épuisé et que les causes de la guerre soient éradiquées.

Les gouvernements israélien et libanais ont approuvé la résolution. Chacun des deux considère ce texte comme sa propre victoire diplomatique. Du moins, ils cherchent à en convaincre les citoyens de leurs pays respectifs.

Le gouvernement libanais se réjouit de voir l'effusion de sang suspendue, sa proposition en matière d'implantation de soldats libanais à la frontière acceptée et le retrait des troupes israéliennes négocié.

De leur côté, les Israéliens, comme l'a souligné le premier ministre Ehud Olmert, sont contents que la résolution 1701 "propose une bonne décision qui empêche le retour en arrière. Le Hezbollah ne sera plus un Etat dans l'Etat, alors que le gouvernement libanais sera notre interlocuteur en cas de violation des dispositions de l'accord". "Le Hezbollah ne tirera plus sur les villes israéliennes, il sera repoussé de nos frontières et désarmé", renchérissent d'autres membres du gouvernement. Autant de missions stratégiques que s'était posé le gouvernement israélien en lançant la campagne militaire en réponse à l'enlèvement par le Hezbollah de soldats israéliens sur le territoire israélien et aux tirs lancés contre des villes israéliennes.

Il n'empêche que la résolution 1701 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU, tout comme les autres documents issus de cet organisme international, n'est que théorique. Tout simplement, la communauté internationale n'avait pas le choix: les membres du Conseil de sécurité devaient absolument adopter un quelconque document, quoique loin d'être idéal. Il fallait à tout prix mettre fin à l'effusion de sang. Mais comment faire pour que la résolution soit pleinement appliquée et que les hostilités ne reprennent pas? C'est là la question.

Qui désarmera le Hezbollah et comment? Le Conseil de sécurité de l'ONU en charge le gouvernement libanais. Rappelons qu'avant la guerre les Libanais n'étaient pas parvenus à un compromis là-dessus. Le Hezbollah ne peut être désarmé que par le Hezbollah. Reste à savoir quelles en seront les conditions, mais aussi ce qu'on entend exactement par "désarmement" et qui contrôlera la procédure. A l'époque, confrontées à ce même problème, les milices palestiniennes du Liban avaient fini par déposer leurs armes à l'intérieur de camps de réfugiés palestiniens sous le contrôle du Fatah. Les groupes armés palestiniens qui se trouvaient à l'extérieur des camps avaient refusé de se désarmer, mais l'affaire était tombée dans l'oubli sous le poids d'autres problèmes libanais.

Quant aux dispositions de la résolution 1701 interdisant les ventes et livraisons d'armes et de munitions au Liban sans l'aval du gouvernement libanais, les Israéliens devraient-ils s'en réjouir? Bien entendu, une telle disposition ne sera pas de trop, mais on dirait que la communauté internationale n'a jamais appelé le Hezbollah, les milices palestiniennes et d'autres groupes et mouvements (au Liban, on trouverait à peine une force politique privée d'armes) à se désarmer et encourage les livraisons d'armes. Qui veillera à prévenir le trafic d'armes au Liban, et comment? Car, si les casques bleus et les soldats libanais seront stationnés à la frontière israélo-libanaise, il reste aussi à contrôler la frontière syrienne et la voie maritime.

L'armée libanaise et les forces de maintien de la paix de l'ONU stationnées dans la zone tampon, à la frontière avec Israël, doivent encore prouver leur efficacité. Beaucoup dépend du temps que prendra l'armée libanaise pour reprendre du poil de la bête et agir en toute autonomie, mais aussi de la tournure que prendra la situation politique au Liban.

Ce n'est pas par hasard que beaucoup d'Israéliens ont accueilli l'adoption de la résolution et l'arrêt des combats avec un lourd sentiment d'amertume. Non qu'ils veuillent la guerre et le sang, mais beaucoup de questions restent en suspens, et l'avenir n'a jamais été aussi flou. Juste avant le cessez-le-feu, le Hezbollah avait lancé contre Israël une quantité record de missiles, et cela en dépit des combats intenses menés par l'armée israélienne sur le territoire libanais. Cela veut dire que l'ennemi reste fort et que les Israéliens doivent éviter de se consoler dans l'espoir d'un épuisement des arsenaux du Hezbollah.

Nombreux, aussi, sont les Libanais qui ne croient pas que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU apporte la paix. L'histoire leur a appris à ne faire confiance à personne et à être prêts à une nouvelle apparition d'avions israéliens dans le ciel de Beyrouth.

Enfin, la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ne signifie pas le retour des soldats israéliens dont l'enlèvement par le Hezbollah avait servi de prétexte pour lancer la campagne militaire, comme elle ne signifie pas le retour des prisonniers libanais détenus en Israël dont le Hezbollah avait exigé la libération. La résolution 1701 ne fait que reconnaître la nécessité de libérer sans conditions les soldats et encourager les efforts déployés pour régler en urgence le problème des prisonniers libanais. Le cercle est décidément vicieux.

Ainsi, même si certains responsables israéliens et le Hezbollah évoquent une victoire, la résolution ne semble pas résoudre de problèmes, et personne ne peut jubiler.

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