Le dialogue avec Tbilissi ne reprendra que si la situation à Kodori redevient comme avant (leader abkhaz)

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SOUKHOUMI, 8 août - RIA Novosti. L'Abkhazie ne renouvellera ses négociations avec la Géorgie que si la situation dans la Haute vallée de la Kodori redevient comme elle était au 24 juillet, c'est-à-dire avant l'opération spéciale, a déclaré mardi dans une interview à RIA Novosti le président abkhaz, Sergueï Bagapch.

(L'Abkhazie est une république autoproclamée sur le territoire de la Géorgie -ndlr.)

"On ne peut pas mener des négociations de paix, d'une part, tout en se livrant à des provocations, de l'autre. Il faut en finir avec cela une fois pour toutes", a-t-il souligné.

"Règlement négocié du conflit et dialogue, c'est la seule voie qui permettra de progresser. Mais il s'agit bien d'un dialogue sans surprises, du type de celle que l'on a eue récemment dans les gorges de Kodori", a poursuivi M. Bagapch.

Interrogé sur une condition sine qua non de la reprise du processus de négociations entre Tbilissi et Soukhoumi, le président de l'Abkhazie a répondu: "Pour commencer, il faut prendre une décision définitive sur la composition du Conseil de coordination des parties géorgienne et abkhaze sous l'égide de l'Organisation des Nations unies. On ne peut pas modifier sans cesse la composition du conseil. Il y a des formes concertées par les parties. Nous travaillons tout le temps avec la même composition du ?onseil, alors que l'autre partie modifie son équipe tous les trois mois".

Par ailleurs, Sergueï Bagapch s'est catégoriquement opposé à la participation aux négociations abkhazo-géorgiennes de représentants du "gouvernement de l'Abkhazie en exil".

"Faisant entrer au Conseil de coordination des autonomistes, originaires de l'Abkhazie, ceux qui avaient fait la guerre en Abkhazie, ils (les Géorgiens) veulent canaliser ce dialogue dans un cadre inter-abkhaz, en modifiant ainsi radicalement le format même des négociations... Il s'agit cependant d'un dialogue entre la Géorgie et l'Abkhazie. Aussi faut-il choisir des négociateurs qui dialogueront au nom de la Géorgie et pas au nom d'une certaine structure autonome inexistante", a estimé le leader abkhaz.

Selon ce dernier, la situation autour des gorges de Kodori, telle qu'elle a été définie dans les Accords de Moscou, accords de base signés en 1994, arrangerait l'Abkhazie.

"Il est question de la mission d'observation de l'ONU dans les gorges de Kodori et d'aucun trompe l'oeil sous forme de gouvernement abkhaz en exil", a insisté Sergueï Bagapch.

A l'heure actuelle, a-t-il poursuivi, on ignore tout de la situation dans les gorges.

"Les gens qui sortent de la Haute vallée de la Kodori en racontent des récits d'horreur. Tant qu'un suivi international ne sera pas effectué par les observateurs de l'ONU et de la Force collective de maintien de la paix, on ne pourra pas affirmer que la situation dans les gorges s'est stabilisée. Un tel suivi international doit se faire au plus vite", a-t-il signalé.

La Géorgie doit se comporter comme un Etat de droit normal, en respectant ses propres engagements au lieu d'y manquer sous prétexte que les accords en question ont été signés sous la précédente direction, a noté le président abkhaz.

"Si l'on ne met pas en application les accords conclus, aucune mission des Nations unies et aucun contingent de paix n'y seront utiles. Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, ce ne sont pas des relations basées sur le droit, mais de l'arbitraire pur et simple de la part de la Géorgie", a déclaré M. Bagapch.

Le leader abkhaz qualifie de facteur de déstabilisation la présence du gouvernement de la République autonome dans les gorges de Kodori.

"Je sais ce qui se passera dans les gorges de Kodori dans un mois ou deux. Il y aura là des accrochages perpétuels et des expressions de mécontentement. Les Svanes ne sont pas un simple peuple, et des actions de toute sorte n'y sont pas à exclure. Or, nous n'allons pas nous y ingérer, qu'ils se débrouillent eux-mêmes dans ce nid", a continué M. Bagapch.

"Du moment que les autorités géorgiennes en ont décidé ainsi, qu'elles assument toute la responsabilité pour les conséquences éventuelles de leurs actes dans la Haute vallée de la Kodori", a-t-il averti.

En même temps, M. Bagapch a tenu à souligner qu'il s'agissait du territoire de l'Abkhazie, et que l'Abkhazie se réservait, par conséquent, "le droit de régler ce problème quand elle le jugera utile".

"Néanmoins, nous voulons que ce problème soit résolu d'une façon civilisée. Pour le moment, c'est encore possible", a-t-il conclu.

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