Les événements au Liban ne sont en fait qu'un "essai de forces de Téhéran opérant par l'intermédiaire de son satellite - le Hezbollah - avant la transformation de l'Iran en superpuissance régionale", a précisé l'expert.
Selon Evgueni Satanovski, le gouvernement de Fouad Siniora n'a rien à voir avec le conflit entre le mouvement chiite Hezbollah ("Parti de Dieu"), d'une part, et Israël, de l'autre. "C'est pourquoi la partie avec laquelle il faut parler de la paix, ce sont en premier lieu Téhéran et puis Damas", dit-il.
"Tant que Téhéran ne participera pas énergiquement au règlement de ce conflit, Israël sera attaqué et répondra à ces attaques", est persuadé l'expert.
Dans une perspective immédiate, poursuit M. Satanovski, cette crise profite énormément à l'Iran sur le plan politique". Aussi, estime le président de l'Institut du Proche-Orient, Téhéran poursuivra-t-il son appui au Hezbollah.
De toute évidence, suppose M. Satanovski, les événements en cours sont interprétés à Téhéran comme la confirmation de la justesse de la mise de la direction iranienne sur la confrontation avec les Etats-Unis et Israël. "L'Amérique a essuyé un coup par l'intermédiaire d'Israël, ce qui a manifestement trouvé de l'approbation dans le monde musulman", explique l'expert.
Quoi qu'il en soit, il n'exclut pas que la Syrie puisse, elle aussi, être entraînée dans la guerre libano-israélienne. "Il se peut que sans un conflit avec la Syrie, on n'arrive tout simplement pas à intercepter le flot d'armes fournies au Hezbollah", a supposé M. Satanovski.
Et de rappeler que, selon Israël, au cours de son opération militaire au Liban et à l'issue de celle-ci, toutes les conditions doivent être réunies pour rendre impossibles les livraisons d'armes au Hezbollah et à d'autres groupes extrémistes au Liban depuis la Syrie et l'Iran.
Le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Proche-Orient "n'est qu'un point de vue particulier des grandes puissances qui n'arrange pas dans une mesure ou une autre les parties au conflit, c'est-à-dire le Hezbollah et Israël. Aussi, est-il peu probable que ce projet de résolution puisse servir de base pour désamorcer la crise actuelle, pense le président de l'Institut du Proche-Orient.
Adopté la semaine dernière, le plan du gouvernement libanais prévoit un cessez-le-feu immédiat, l'échange de prisonniers de guerre, le retrait des troupes israéliennes au-delà de la frontière libanaise et le retour des réfugiés à leurs foyers. Le document prévoit "l'extension du pouvoir du gouvernement libanais sur l'ensemble du territoire du Liban", c'est-à-dire l'envoie de troupes libanaises dans le sud du pays et le renforcement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui y est déjà déployée.
A la différence du plan libanais, le projet de résolution proposé par les Etats-Unis et la France n'insiste pas sur un cessez-le-feu ni sur le retrait immédiat des troupes israéliennes du territoire du Liban. Quoi qu'il en soit, ce document estime possible des actions musclées de la part de Tel-Aviv si le Hezbollah poursuit ses tirs contre le territoire israélien, ce qui n'arrange évidemment pas Beyrouth.