ESTONIE
La presse évoque le dossier des indemnités que la Russie pourrait revendiquer aux anciennes républiques soviétiques pour la propriété perdue de l'URSS. "Encore une bulle de savon verbale dépourvue de tout fondement sur le plan du droit international et des accords entre les Etats. La Russie a toutefois intérêt à ressortir le dossier pour des raisons relevant de la politique intérieure et extérieure. On sait qu'au coeur du problème se trouve le refus de la Russie de reconnaître l'occupation des Etats baltes et leur annexion violente à l'URSS en 1940. (...) Les affirmations selon lesquelles la Russie aurait le droit de réclamer aux anciennes républiques soviétiques une part proportionnelle à la dette extérieure de l'URSS sont plus que démagogiques. On sait qu'après l'éclatement de l'Union soviétique, la Russie s'est appropriée toutes les réserves de change et toute la propriété étrangère de l'empire" (Postimees, 28.07). "Les propos tenus par le ministre russe des Finances réclamant la restitution de la propriété des ex-républiques soviétiques ne sont que des absurdités verbales destinées à la "consommation" intérieure en Russie... Moscou sait bien que toute réclamation vis-à-vis des ex-républiques fédérées déclencherait une avalanche de revendications réciproques, et que l'Estonie ne sera pas la seule concernée" (SL Õhtuleht, 29.07).
LETTONIE
En recevant le président vénézuélien Hugo Chavez, Moscou montre, selon les médias, qu'il peut en cas de nécessité faire fi des critiques occidentales et aller chercher de nouveaux alliés. "Le mécontentement, qui ne cesse de croître de par le monde, face à la "tyrannie" américaine et la remontée en puissance de l'économie russe grâce aux ressources pétro-gazières constituent la force motrice de cette outrecuidance. Selon les analystes, la Russie n'aurait pas d'intentions sérieuses de créer avec le Venezuela une alliance militaire et stratégique antiaméricaine, mais la visite de Hugo Chavez tombe à pic pour lancer à Washington un message clair: on ne badine pas avec le tigre russe" (Dienas Bizness, 28.07).
LITUANIE
Les médias de langue lituanienne réaffirment que la Russie renforce ses pressions sur la Lituanie et n'hésite pas à utiliser des leviers économiques pour maintenir ses positions sur le marché, mais aussi élargir son influence sur la scène politique internationale. "Gazprom a permis aux Russes de retrouver la foi dans leur Etat perdue après l'époque soviétique. Le géant gazier est une arme de prédilection du président russe Vladimir Poutine dans la nouvelle guerre froide où à la menace d'une destruction nucléaire se substitue la peur de se retrouver sans chauffage en plein hiver. La dépendance croissante de l'Europe par rapport à Gazprom permet au Kremlin de jouer des muscles devant le continent entier" (Lietuvos Zinios, 28.07).
Plusieurs journaux continuent de critiquer le refus des visas russes à une expédition de jeunes - la deuxième cette année - qui voulaient se rendre en Sibérie pour prendre soin des tombes des Lituaniens déportés à l'époque des répressions staliniennes. "Apparemment, les diplomates russes voient une démarche politique dans la volonté de planter un drapeau tricolore lituanien au fin fond de la taïga ou de redresser une croix de guingois. (...) On peut toujours trouver un moyen d'humilier les représentants d'un pays étranger. (...) Le Kremlin continue à imposer sa propre vision des choses. Jour après jour, Moscou baisse le rideau de fer" (Lietuvos Rytas, 29.07).
UKRAINE
Certains médias estiment que Kiev risque de franchir une limite dangereuse pendant la crise politique prolongée. Les journalistes rappellent les événements qui ont eu lieu en Russie à l'automne 1993 et "l'échec" de la création des institutions démocratiques en Russie. "La victoire de la démocratie à un tel prix a provoqué la création d'un État au pouvoir arbitraire... Nous avons vu apparaître un système assez efficace, fort et autonome, un système de gestion clanique de l'organisme d'État, de l'économie, des médias et des âmes... C'est une leçon sérieuse pour nous tous... Si nous ne le comprenons pas aujourd'hui, demain la Russie de Poutine nous semblera un modèle de développement démocratique" (Zerkalo nedeli, 29.07).
Selon les médias, Kiev devra élaborer un programme d'intégration euro-atlantique plus prudent qui tiendrait compte de l'éventuelle utilisation des leviers énergétiques par le Kremlin. "Les ressources énergétiques sont actuellement la source de la force politique de Moscou... Il ne faut pas faire fi de la position russe. Moscou est hostile... à la politique du président Iouchtchenko visant un rapprochement stratégique avec l'Europe et l'OTAN. On comprend donc les réactions dures de notre voisin septentrional concernant l'Ukraine" (Zerkalo nedeli, 29.07).
MOLDAVIE
De l'avis des commentateurs, la Moldavie doit régler au plus vite le problème transnistrien. Dans le même temps, le conflit prolongé profite à la Russie. "Le problème est que Moscou peut attendre. Chisinau ne peut pas se permettre ce luxe tout comme l'Occident. Plus la situation s'aggrave en Transnistrie, plus les Russes en profitent, parce qu'ils n'ont rien à perdre tant que le conflit est gelé. Pourtant la Moldavie reste une zone d'insécurité pour le monde entier en raison du problème transnistrien. Et la communauté euro-atlantique a besoin de plus d'assurance dans son expansion orientale" (Flux, 26.07).
La vraie cause de l'échec des négociations sur l'adhésion russe à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est la présence militaire russe en Transnistrie et l'embargo commercial imposé par la Russie à la Moldavie, selon les journalistes. "Ce n'est rien d'autre qu'un jeu diplomatique... Washington freinera les négociations jusqu'à ce que le Kremlin ne cède ou que les parties ne trouvent un compromis. Et Chisinau fera sans doute écho" aux États-Unis (Flux, 29.07).
ARMENIE
Le refus du président arménien de participer aux travaux d'un Sommet informel des pays-membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI) à Moscou a fait couler beaucoup d'encre dans la presse. Les experts attribuent cette démarche de l'Arménie, officiellement argumentée par une maladie de Robert Kotcharian, à l'intention d'Erevan de signaler des problèmes dans le partenariat stratégique russo-arménien. "Moscou considère comme "démonstratif" le refus de Mikhaïl Saakachvili, de Viktor Iouchtchenko et de Robert Kotcharian de participer au Sommet moscovite de la CEI. On les appelle même à faire enfin un choix définitif: sont-ils effectivement favorables à l'intégration dans le cadre de l'Eurasie ou sont-ils contre et vont-t-ils rallier l'Occident? Ceux qui sont contre devront se retirer de la CEI... Mais si Moscou ne s'intéresse pas aux problèmes de son "allié stratégique"... pourquoi donc Erevan doit-il s'intéresser à toute sorte de "projets" tendant à perfectionner ce qui ne se prête tout simplement pas du tout au perfectionnement - la CEI?.. Peu importe, par conséquent, si la maladie de Kotcharian était réelle ou imaginaire. Le problème n'est pas là. Il ne s'agit pas de la maladie d'un seul homme, mais de celle de l'ensemble des relations arméno-russes" (Eter, 27.07).
Les analystes perçoivent les signes d'un éloignement manifeste de l'Arménie, pays ami traditionnel de la Russie, par rapport à cette dernière dans une coopération de plus en plus profonde d'Erevan avec la Géorgie, l'Ukraine et l'Iran. "De toute évidence, il y a lieu de parler des alliances en gestation entre ces quatre pays, alliances soudées avant tout par ce gazoduc qui, partant de l'Iran et traversant l'Arménie et la Géorgie avant d'aller en Ukraine et par la suite vers l'Union européenne, est considéré comme une alternative au monopole de Gazprom... Il n'y a pas longtemps, Gazprom a déclaré vouloir acheter les droits de propriété du gazoduc Iran-Arménie. Quoi qu'il en soit, après la visite du président arménien à Téhéran, il est devenu parfaitement évident que nul n'avait l'intention de céder (du moins, de son plein gré) ce gazoduc... Et comment entendons-nous organiser à l'avenir nos relations avec Moscou? Allons-nous à l'avenir également accueillir servilement des fonctionnaires russes de seconde catégorie, en leur permettant d'humilier notre indépendance? Célébrerons-nous toujours les fêtes de l'armée russe étrangère, en la traitant de "nôtre" même davantage que notre propre armée ayant remporté une victoire dans la guerre?" (Eter, 27.07).
GEORGIE
Enthousiastes, les médias commentent "l'opération policière" effectuée par les autorités géorgiennes dans les gorges de Kodori en Svanétie. "A partir de la journée d'aujourd'hui, les experts militaires russes devront certes reconsidérer les possibilités militaires de la Géorgie. Ils devront aussi se demander à quel point l'implication de la Géorgie dans un conflit d'envergure pourrait profiter à la Russie si les troupes de celle-ci s'y sont aussi engagées. La Géorgie peut réagir rapidement à un danger extérieur et prendre opportunément une décision, se mobiliser, combattre et remporter une victoire et ce, parce qu'il y a pour cela une volonté politique et l'état d'alerte renforcé, tels sont, somme toute, les résultats de l'opération dans les gorges de Kodori" (24 saati, 28,07).
Les analystes se disputent pour établir à qui profite finalement le conflit dans les gorges de Kodori - à Moscou ou à Tbilissi. "Les événements qui se sont produits dans les gorges de Kodori sont tels que l'arrêté du parlement géorgien sur le retrait de la force russe de maintien de la paix ne sera pas mis en application au cours des dix années à venir, si ce n'est plus. Notre pouvoir impotent a tout simplement avalé l'hameçon d'un plan bien élaboré dans les plus hauts cabinets de la sécurité d'Etat de la Russie" (Akhali taoba, 28.07).
"Que nos troupes entrent dans les gorges de Kodori, il ne s'agissait là que de l'intérêt du pouvoir (géorgien), et (Emzar) Kvitsiani a été utilisé comme un pion pour faire croire aux soldats de la paix russes et aux séparatistes que les Géorgiens y sont entrés uniquement pour arrêter le terroriste, sans quoi le contingent de paix russe ne les aurait pas laissé passer... Cet homme (Kvitsiani) a tout simplement été provoqué et emporté dans un jeu" (Kviris khronika, 31.07-06.08).
AZERBAIDJAN
La presse en vient à la conclusion que le Kremlin n'hésite pas à faire appel à n'importe quel régime antiaméricain pour s'opposer aux Etats-Unis dans l'arène internationale. "Dans ses plans géopolitiques, Moscou réserve un rôle non négligeable à "l'union des humiliés"... Sans avoir dans le monde suffisamment d'alliés et de satellites, Moscou ne peut évidemment pas prétendre à un statut de superpuissance... Aujourd'hui, Moscou ne se montre pas trop difficile dans le choix de ses alliés: on a pu effectivement voir dans la capitale russe Mahmoud Ahmadinejad, Hugo Chavez et Kim Jong-il... (Le Kremlin) se montre prêt à jouer sur l'antiaméricanisme où et quand il se manifeste" (Ekho, 01.08).
Les médias attirent une attention particulière aux démarches de Moscou pour renforcer le rouble au sein du système monétaire mondial. "Le président Vladimir Poutine a jugé nécessaire d'organiser la vente en bourse de pétrole et de gaz en roubles. Cela permettra incontestablement d'élargir la zone d'influence de la monnaie russe. Et si l'Espace économique commun (EEC) qui regroupe à ce jour la Fédération de Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan devient un jour opérationnel, la monnaie russe dominera aussi au sein de ce groupement. Par conséquent, les participants occidentaux auront beaucoup plus de difficultés à supporter la concurrence sur ce marché, compte tenu de la nécessité d'effectuer des conversions monétaires appropriées" (Zerkalo, 01.08).
KAZAKHSTAN
La chute du lanceur Dniepr RS-20 non loin du site Baïkonour loué par la Russie au Kazakhstan a engendré de multiples articles de presse mettant en doute l'efficacité de la coopération kazakho-russe dans le domaine spatial. "On se rappellera que lors du lancement du KazSat (premier satellite kazakh, ndlr.), les tensions avaient déjà atteint un apogée. Car il était évident que, dans leur for intérieur, les dirigeants de Roskosmos (Agence spatiale russe) étaient déjà prêts, lors de ce tir, à faire face à toute éventualité. Et pourtant, notre gouvernement affirme toujours que si le Kazakhstan s'oriente, dans la réalisation de ses programmes spatiaux, sur la Russie, c'est parce qu'il n'a pas d'alternative. Une suite de pannes spatiales russes, de la perte des satellites Cryosat et Arabsat au moment de leur mise sur orbite à l'annulation in extremis, il n'y a pas longtemps, du tir du lanceur qui devait emporter un satellite météorologique européen, nous incite à réfléchir sur le bien-fondé de ce choix" (Liter. kz, 28.07).
L'acquisition, par la Banque d'Epargne de Russie (Sberbank), de 80% du capital de la kazakhe Teksaka Bank est présentée par les médias locaux comme un "séisme" sur le marché financier du Kazakhstan. L'arrivée d'une méga-banque russe y est vue comme une "épreuve de solidité et de compétitivité " pour les établissements locaux. "Pour l'instant, on ne saurait encore mesurer avec exactitude les appétits de la Sberbank au Kazakhstan, même s'il est clair que la banque ne se contentera pas d'une "mission de prestige" (...). Si la Sberbank russe projette de prendre effectivement pied au Kazakhstan, elle pourrait bouleverser notre marché. Il se peut aussi que le conseil qu'un banquier kazakh a donné au printemps (à nombre de nos banques il ne reste plus qu'à se remembrer ou à fusionner et, à certaines d'entre elles même, à disparaître en beauté, a-t-il dit) devienne très actuel aujourd'hui (Kazakhstanskaïa pravda, 28.06).
KIRGHIZIE
L'information selon laquelle l'ex-premier ministre kirghiz Nikolaï Tanaïev dirigera, à Saint-Pétersbourg, le chantier de la tour de 300 m de Gazprom, a suscité de vastes échos dans la presse locale. Les médias rappellent que des actions en justice ont été intentées contre cet ancien fonctionnaire supérieur qui fait des affaires en Russie. "Des actions sont en cours contre M. Tanaïev qui est inculpé d'acquisitions de voitures et de transferts d'argent illicites. Il a du quitter le pays au lendemain de la révolution de mars 2005. Tout récemment, il a été nommé directeur général de GazpromNeftInvest, société qui a été enregistrée en mai 2005 justement pour réaliser le projet de tour" (Obchtchestvenny reiting, 27.07).
OUZBEKISTAN
Volontiers, la presse ouzbèke cite les propos de Maxime Meïer, assistant au vice-président du Conseil de la Fédération, chambre haute du parlement russe, qui s'est rendu à Tachkent pour une visite. "Tout cela (un développement économique et social équilibré en Ouzbékistan) a été obtenu sans cette crise grave par laquelle la Russie et d'autres pays ont dû passer dans les années 90 (...). La tradition selon laquelle une grosse entreprise approvisionne en chaleur toute la ville, aide matériellement les crèches et les hôpitaux et possède une infrastructure développée (...) se maintient ici. En Russie, tout cela est un passé ou un avenir radieux, c'est comme vous voulez. Or en Ouzbékistan, c'est une réalité et cela fonctionne bien (...). (Narodnoye slovo, 28.07).
TADJIKISTAN
Avec inquiétude, des experts indépendants constatent que le récent lancement, en Russie, du programme de rapatriement des russophones, fait courir au Tadjikistan le risque de perdre les spécialistes les plus qualifiés. "Les projets économiques en cours de réalisation au Tadjikistan sont échelonnés sur 3, 5 ou 8 ans. Je ne pense pas que notre gouvernement ait un potentiel économique suffisamment puissant pour pouvoir enrayer ou, du moins, réduire cet exode. Il n'y a aucune garantie que le gouvernement tadjik puisse, au cours des deux ou trois années à venir, remédier à cette situation (Sobytia, 27.07).