Les événements d'il y a vingt ans se répètent aujourd'hui au Proche-Orient (experts)

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MOSCOU, 28 juillet - RIA Novosti. Les participants au conflit au Proche-Orient ne font que fourvoyer dans l'impasse la situation, répétant les événements d'il y a vingt ans et ne cherchant en fait qu'à régler leurs problèmes politiques du moment, telle a été, somme toute, la conclusion faite à l'issue d'une "table ronde" à RIA Novosti.

Des hommes politiques et des experts russes et libanais se sont réunis vendredi à RIA Novosti pour discuter des derniers développements au Proche-Orient.

"Tous les acteurs au Proche-Orient réitèrent les mêmes coups d'une partie d'échecs avec une persévérance digne certes d'un meilleur emploi et, malheureusement, ils arrivent au même résultat", a déclaré Oleg Ozerov, directeur adjoint du Département du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord au ministère russe des Affaires étrangères (MID).

Et d'ajouter que l'incident qui a servi de prétexte à Israël pour lancer des opérations militaires au Liban, et plus précisément l'enlèvement de deux soldats israéliens sur le territoire même d'Israël, n'a rien d'extraordinaire en soi.

"Et en 1982, et en 1984, Israël avait enlevé des gens sur le territoire libanais, et l'objectif de ces prises d'otages était alors pareil à celui du Hezbollah. Il s'agissait, par exemple, à l'époque d'obtenir en échange la libération du pilote israélien Ron Arad. Somme toute, des situations pareilles n'ont rien de nouveau", a souligné Oleg Ozerov.

Leonid Siukiïaïnen, spécialiste du droit international et expert des problèmes du Proche-Orient, est du même avis. Selon lui, tous les protagonistes dans cet espace répètent leurs démarches plusieurs fois, cherchant à régler leurs problèmes politiques du moment. Le prix d'une telle approche, ce sont des millions de réfugiés et d'innombrables victimes des deux côtés.

"Tous les efforts déployés, toutes les décisions adoptées pour régler la situation au Proche-Orient ont échoué jusqu'ici, se sont avérés vains. Si l'on entreprend les mêmes tentatives, tout en prononçant les mêmes paroles, la même situation va persister", a indiqué Leonid Siukiïaïnen.

Quant à Leonid Ivachov, vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques (Russie), les actuels événements au Proche-Orient lui rappellent bien les prémices de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1930.

Quoi qu'il en soit, estime Leonid Ivachov, à l'heure actuelle, la communauté internationale est en train de changer radicalement. "On assiste aujourd'hui à la destruction définitive du système formé sur la balance des forces et des intérêts - système de Westphalie-Potsdam - et on voit s'établir à sa place dans le monde un autre système, celui de dictature globale", a indiqué l'expert.

Néanmoins Oleg Ozerov n'accepte pas une telle interprétation, en estimant que "le monde contemporain est très varié et ne s'insère pas dans un seul schéma idéologique". La crise que l'on observe à présent au Proche-Orient "est le résultat des actions de nombreuses parties, y compris de la Syrie, de l'Iran, d'Israël, de leurs pays voisins et des puissances mondiales, dont les membres du G8".

"L'arrêt immédiat de l'effusion de sang est cette tâche que doit s'assigner à présent toute diplomatie réaliste et "saine d'esprit" et ce, à partir de ses possibilités réelles", a souligné le directeur adjoint du Département du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord du MID.

Inédite d'après le nombre de victimes et l'ampleur des destructions, l'actuelle opération d'Israël au Liban a déjà débordé de loin le cadre d'une simple opération antiterroriste, a constaté le diplomate, en citant des chiffres à l'appui: "Plus de 420 personnes, dont 20 militaires de l'armée libanaise et 28 commandos du Hezbollah, ont été tuées au Liban, plus de 200 personnes y ont été blessées, plus de 750 000 réfugiés ont quitté le sud du Liban, y compris 150 000 personnes se sont réfugiées en Syrie, et des dizaines de milliers d'étrangers ont été évacués du Liban".

Ce disant, Oleg Ozerov a tenu à rappeler que, conformément aux normes du droit humanitaire international, les frappes doivent se limiter strictement aux ouvrages et sites militaires et si même on soupçonne que certains ouvrages civils puissent être utilisés à des fins militaires, on ne peut pas les frapper.

Le journaliste libanais, Ali Al-Arab a qualifié de "châtiment exemplaire" les frappes aériennes israéliennes sur des ouvrages civils au Liban.

Halim Fahreddin du Parti socialiste progressiste du Liban qui vient de revenir du pays estime nécessaire de tout faire pour arrêter immédiatement Israël.

"Nous désapprouvons les actes du Hezbollah (enlèvement de soldats israéliens), mais à présent, tous ensemble, nous défendons notre patrie. Aussi, combattrons-nous en commun avec le Hezbollah contre notre ennemi commun - Israël", a déclaré Halim Fahreddin.

"Et c'est seulement après que l'on va chercher les coupables", a-t-il ajouté.

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