Le Sommet du G8 a réussi, mais la tension entre Moscou et Washington ne cessera de monter (expert)

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MOSCOU, 18 juillet - RIA Novosti. Le Sommet du G8 à Saint-Pétersbourg a montré que la Russie s'était élevée à un tout autre niveau dans la politique mondiale, mais la tension dans les relations russo-américaines ne cessera de monter, a estimé mardi dans une interview à RIA Novosti Sergueï Rogov.

Selon Sergueï Rogov, directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie des Sciences (AS) de Russie, "la Russie a pris sa place qui lui revient de droit parmi les plus grandes puissances du monde".

"Tout au long de ces quinze dernières années, c'est-à-dire depuis la disparition de l'Union Soviétique, des tentatives n'ont cessé de mettre notre pays dans une situation d'un Etat qui a tout perdu, de nous priver du statut d'un partenaire égal en droits, de nous refouler en posture d'un pays de catégorie seconde. Ce Sommet a montré que tel n'était plus le cas, loin de là!", a souligné l'expert, en dressant une sorte de bilan du Sommet du G8 à Saint-Pétersbourg.

Quoi qu'il en soit, a fait remarquer Sergueï Rogov, "des divergences notables s'annoncent dans les relations russo-américaines. L'Amérique persévère dans sa politique de la seule superpuissance, alors que la Russie défend ses propres intérêts, et le fait que nous n'acceptons qu'en partie la politique de Washington irrite de plus en plus l'élite politique aux Etats-Unis".

C'est justement par cela ainsi que par la crainte du Président des Etats-Unis, George W. Bush, de perdre la face sur la scène politique américaine que s'explique sans doute, estime l'expert, le refus des Etats-Unis de signer le protocole d'adhésion de la Fédération de Russie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

A l'approche du Sommet, rappelle Sergueï Rogov, "la campagne de propagande antirusse a atteint son comble aux Etats-Unis, et des membres très influents du Congrès US ne lésinaient pas sur de violentes critiques de la politique intérieure et extérieure de la Russie".

"Cette circonstance s'est incontestablement répercutée sur le déroulement des négociations sur l'adhésion de la Fédération de Russie à l'Organisation mondiale du Commerce", est persuadé le directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'AS de Russie.

"Je pense que le président Bush n'a tout simplement pas voulu risquer son prestige qui est d'ores et déjà assez compromis, sa cote de popularité étant aujourd'hui extrêmement basse tant à cause de la guerre en Irak qu'à cause de nombreux problèmes économiques en Amérique elle-même", a-t-il dit.

"Même au Congrès qui est contrôlé par le Parti républicain, a fait remarquer Sergueï Rogov, George W. Bush ne peut plus espérer une loyauté à 100%".

"Et comme l'adhésion de la Russie à l'OMC impliquera des changements dans la législation américaine, l'abandon de toute une série de clauses discriminatoires, y compris du fameux amendement Jackson-Vanik, il est devenu parfaitement évident que le Congrès n'accepterait pas la révision des lois en question. Aussi, Bush a-t-il décidé de ne pas risquer et a cédé aux pressions", a supposé le politologue.

"L'adhésion (de la Russie) à l'OMC est un facteur qui porte essentiellement un caractère symbolique, et je pense que ce sont justement des raisons politiques provoquées notamment par le mécontentement de la politique russe qui ont joué le rôle principal dans le fait qu'au dernier moment, les parties n'ont pas réussi à parvenir à un accord", a noté Sergueï Rogov.

Dans ces circonstances, le directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada a exprimé la crainte que l'adhésion de la Russie à l'OMC "ne s'éternise et que la tension dans les relations russo-américaines ne monte encore plus".

Ayant souligné que sur toute une série de questions, et en premier lieu, sur les problèmes de l'énergie et de la non-prolifération nucléaire, la rencontre bilatérale entre Vladimir Poutine et George W. Bush s'est très bien passée, Sergueï Rogov a tout de même déploré qu'à la différence des rapports américano-chinois, dans les relations entre les Etats-Unis et la Russie, "le facteur économique soit trop faible pour niveler la tension politique".

"Bien que la Chine reste toujours une puissance communiste, les échanges américano-chinois dépassent de trente fois le volume du commerce américano-russe. En dépit des divergences politiques, les rapports économiques entre Washington et Pékin se développent toujours avec succès. Malheureusement, nous n'avons pas de tel facteur stabilisateur dans nos relations avec les Etats-Unis", a conclu le directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.

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