"En rencontrant mes collègues du Quatuor des maires européens (qui regroupe Berlin, Londres, Paris et Moscou), j'ai été surpris par les critiques prétendant que nous avons violé les principes démocratiques et les droits de l'homme, que nous avons fait preuve de myopie en interdisant la parade gay à Moscou", a reconnu M. Loujkov, lors d'une table ronde portant sur les relations entre la Russie et l'Occident organisée en prévision du sommet du G8 de Saint-Pétersbourg.
"Mes explications insistant sur le fait que chaque ville a ses traditions et sa mentalité n'étaient pas convaincantes, en particulier pour les maires de Paris et de Berlin (Bertrand Delanoë et Klaus Wowereit sont tous deux ouvertement homosexuels). C'est que l'Occident a connu de puissants mouvements de protestation, qui ont imposé des tabous, mais ceux-ci se situent en dehors de la grande politique", a-t-il ajouté.
Face à la fermeté de ses collègues, Iouri Loujkov avait publié en juin, dans le quotidien Rossiiskaïa Gazeta, un article intitulé "Nous et l'Occident" qui s'en prenait aux responsables occidentaux qu'il accusait de néo-impérialisme et d'abandon de la voie démocratique. Le maire de Moscou avait également insisté sur le droit de la Russie à l'indépendance, au développement autonome et à une place digne d'elle sur l'échiquier international.
De son côté, le métropolite de Smolensk et de Kaliningrad, Kirill, en charge des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a souligné l'importance du dialogue global entre l'Occident et la Russie, une nécessité à l'heure de la mondialisation.
"Nous devons cesser de nous justifier devant l'Occident et abandonner l'inertie diplomatique, car les Occidentaux doivent comprendre que nous sommes comme eux, mais avec nos propres traditions culturelles", a estimé le dignitaire orthodoxe.
Le 26 mai dernier, le tribunal Tverskoï de Moscou avait validé la décision des autorités de la capitale d'interdire l'organisation d'une gay-pride programmée pour le 27 mai. Le maire Iouri Loujkov avait alors expliqué sa décision par le souci de la sécurité des minorités sexuelles que des homophobes pouvaient passer à tabac. Plus de 50 militants ont été arrêtés après une manifestation non autorisée qui a pourtant eu lieu le 27 mai.