Toute confrontation Etats-Unis-Russie à cause de la Géorgie est exclue (politologue)

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TBILISSI, 3 juillet - RIA Novosti. Toute confrontation Etats-Unis-Russie à cause de la Géorgie est exclue, a estimé lundi Alexandre Rondeli, président de la Fondation géorgienne pour les études stratégiques et internationales (GFSIS).

"Nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu'à cause de la Géorgie, les Etats-Unis puissent se bagarrer avec la Russie� C'est exclu, car la Géorgie appartient à une autre catégorie de poids", a dit le politologue géorgien dans une interview accordée à RIA Novosti à la veille de la visite du président de la Géorgie, Mikhaïl Saakachvili, aux Etats-Unis, qui commence le 4 juillet.

Il est évident que les Américains vont essayer d'épauler la Géorgie, a admis Alexandre Rondeli. "Cela ne signifie pas du tout qu'une sorte de triangle équilatéral puisse se former entre les Etats-Unis, la Russie et la Géorgie. Pour les Américains, la Russie compte beaucoup plus que la Géorgie, et nous ne devons pas nous leurrer sur ce point", a indiqué l'expert, qui à rappelé à cette occasion le prochain Sommet du G8 en Russie.

Evoquant les sujets qui pourraient être abordés aux futures négociations prévues pour le 5 juillet prochain entre le Président des Etats-Unis et le président géorgien, Alexandre Rondeli a supposé que George W. Bush voudra sans doute entendre Mikhaïl Saakachvili réaffirmer l'attachement invariable de Tbilissi au règlement négocié des conflits territoriaux, et notamment en Ossétie du Sud. A part cela, estime le politologue, on sera sans doute heureux à Washington d'entendre que "la politique de démocratisation sera poursuivie, voire intensifiée par les autorités géorgiennes".

"Cette rencontre est en quelque sorte l'expression du soutien accordé par une grande puissance à son jeune partenaire et le désir de vérifier qu'il est toujours dans le bon chemin. A mon avis, cela se résume comme suit: si effectivement vous êtes en train d'édifier la démocratie et entendez régler les problèmes par la voie politique, si vous avez une vision réaliste de tout ce qui se produit chez vous, nous sommes à vos côtés. Si tel n'est pas le cas, nous ne sommes plus avec vous. Ce message américain a été formulé depuis longtemps, et il sera sans doute réitéré cette fois", selon le politologue.

Or, nombre de questions désagréables pour la Géorgie peuvent être soulevées lors de la future rencontre de Washington, a dit Alexandre Rondeli. Et de préciser qu'il sera question de la situation des droits de l'homme et de leur violation en Géorgie. En outre, a poursuivi l'expert, il pourra aussi être question de la faiblesse des structures d'Etat en Géorgie. "Toutefois, c'est une maladie qui touche les pays en voie de démocratisation que l'on ne peut pas guérir du jour au lendemain", est persuadé le politologue.

Pour Alexandre Rondeli, l'entretien du 5 juillet se déroulera dans le contexte des "rapports particuliers" qui se sont noués entre la Géorgie et les Etats-Unis. "Pour les Etats-Unis, la Géorgie est le pays qui a le mieux réussi en matière de démocratisation", a-t-il rappelé.

A la question de savoir si la fréquence des récents voyages en Abkhazie de représentants américains témoigne d'un changement dans la position des Etats-Unis sur le problème abkhaze, Alexandre Rondeli a répondu: "Je ne pense pas que les Etats-Unis aient changé d'attitude. Les Américains se sont mis à s'occuper plus étroitement des conflits sur le territoire de la Géorgie".

"Au début, ces conflits paraissaient plutôt anodins, mais il s'est avéré qu'il n'en était rien� Il faut retirer cette écharde", a souligné l'expert.

Selon Alexandre Rondeli, l'Occident cherche à priver la Russie de son "monopole" du règlement des conflits régionaux, mais il ne tient pas du tout à lui retirer le droit de participer à leur solution.

Quant à d'éventuelles pressions des Etats-Unis sur la Géorgie au sujet de la dénationalisation du grand gazoduc, le politologue a répondu: "Les Américains nous déconseillent de le vendre car ils savent que les Géorgiens dans leur majorité ne voudraient pas d'une telle transaction".

"Dans une année, la Géorgie pourra devenir énergétiquement indépendante, dans une certaine mesure, mais c'est impossible pour le moment", a-t-il reconnu.

Evoquant l'aspiration de la Géorgie à adhérer au plus vite à l'Alliance de l'Atlantique Nord, Alexandre Rondeli a admis: "La Géorgie a quelque peu forcé le processus".

"Il nous arrive souvent de mettre la charrue avant les b�ufs. Obtenir un vrai billet d'entrée à l'OTAN n'est pas une question simple. Nous nous sommes suffisamment montrés à l'OTAN et nous nous sommes confortés dans notre conviction que nous pourrons adhérer rapidement à l'Alliance. Néanmoins, ce processus peut durer des décennies", a noté le politologue.

Alexandre Rondeli a qualifié de "billet gratuit sans indication de date" le plan d'adhésion de la Géorgie à l'OTAN.

"Pour l'Occident, délivrer à la Géorgie un tel billet sans engagement ne pose pas de problème. Je pense qu'à l'étape actuelle, les Occidentaux veulent tout simplement mieux nous connaître. En Europe, la Géorgie demeure peu connue", a repris le politologue.

Or, il est peu probable que la Géorgie puisse survivre sans intégrer les structures occidentales, est convaincu l'expert.

"L'Occident a une attitude positive à l'égard de la Géorgie, et, pour notre part, nous n'avons pas encore peur de l'Occident. Cependant, nous ne sommes pas naïfs et comprenons bien que l'Occident a ses intérêts dans notre région. Sans intégrer les structures occidentales, la Géorgie ne pourra sans doute pas survivre. Et cela n'est pas dirigé contre la Russie. Tout simplement, la Russie ne nous le propose pas", a fait remarquer Alexandre Rondeli.

A présent, le principal dans les relations entre la Russie et la Géorgie est de "se comprendre l'une l'autre", a souligné le politologue.

"La Russie et la Géorgie ont beaucoup de choses en commun. Elles ont des tâches stratégiques communes. Les voisins doivent être réciproquement intéressés à la stabilité. En attendant, la Géorgie est effectivement un Etat faible, mais à force de le répéter tous les jours, cela peut provoquer d'abord un sentiment de peur et ensuite le désir de fuir", a conclu Alexandre Rondeli.

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