Des politiques abkhazes contre la participation de Soukhoumi à un projet ferroviaire international

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SOUKHOUMI, 27 juin - RIA Novosti. L'adhésion de l'Abkhazie au Consortium des chemins de fer de la mer Noire, en voie de création, et le rétablissement de la circulation ferroviaire à travers la république ne sauraient être reconnus utiles, a estimé le député abkhaz Beslan Boutba.

Avis qui a été partagé par d'autres personnalités de la république non reconnue à la table ronde qui s'est déroulée mardi à la filiale abkhaze de la Fondation non lucrative de développement "Institut caucasien de la démocratie".

"Le rétablissement de la circulation ferroviaire à travers l'Abkhazie et son adhésion au Consortium ne promet à notre pays aucun avantage économique ou stratégique", a notamment indiqué M. Boutba, président du comité du parlement abkhaz pour les liens interparlementaires et extérieurs.

Le député a présenté ses propres calculs en vertu desquels, compte tenu de la longueur de la voie ferrée à rétablir - 205 km - le Consortium pourrait contrôler près de 20 500 ha de terres du littoral abkhaz.

"Etant donné qu'un hectare à Sotchi coûte un équivalent de 12 millions de dollars américains (Sotchi est une station balnéaire russe non loin de l'Abkhazie, ndlr) et même en partant de ces prix minimum, le coût de cette terre représentera plus de 4 milliards de dollars. Et n'oubliez pas que les taux de location foncière en Abkhazie ne cesseront de monter", a encore estimé le député abkhaz.

En vertu des documents présentés aux participants à la rencontre, le rétablissement du chemin de fer en Abkhazie coûtera 240 millions de roubles (près de 7,05 millions d'euros). "Pourquoi l'Abkhazie doit-elle faire partie de ce Consortium si personne ne nous empêche pas de rétablir nous-mêmes la voie afin de la proposer aux autres comme une communication de transport fin prête ?" s'est interrogé le député.

De son côté, le député Aslan Bartsits a estimé qu' "avant d'être reconnue par la communauté internationale, l'Abkhazie doit éviter d'adhérer à des consortiums internationaux". Selon lui, le projet de rétablissement de la voie ferré sur son territoire pourrait être développé en dehors du Consortium mais dans le cadre des rapports bilatéraux russo-abkhaz.

Amstamour Tania, secrétaire exécutif du Forum d'unité populaire d'Abkhazie et conseiller de l'ex-président abkhaz Vladislav Ardzinba, a souligné que les questions relatives aux projets économiques doivent être examinées dans l'optique des intérêts nationaux, exprimant la crainte que "l'Abkhazie ne cède une partie de sa souveraineté en faveur du Consortium".

"Nous n'avons pas la garantie que l'Arménie, par exemple, ne vende ses actions à la Géorgie, suite à quoi la Géorgie devient actionnaire d'une partie de notre territoire", a expliqué M. Tania.

Guennadi Alamia, président du Parti social-démocrate d'Abkhazie, a noté pour sa part que la rétablissement de la circulation ferroviaire à travers l'Abkhazie pourrait encourager le retour des réfugiés géorgiens, ce qui, à son tour, aura un impact négatif sur la stabilité dans le pays et provoquera une montée des tensions.

"Ce projet est un Cheval de Troie pour l'Abkhazie en mesure de provoquer un grand malheur", a-t-il noté.

Le ministre abkhaz des Affaires étrangères, Sergueï Chamba, qui est intervenu à cette table ronde, a toutefois qualifié de positif le fait même de ce débat, notant que l'édification d'un Etat indépendant s'accompagne toujours de difficultés. "Pourtant, si un projet est conforme aux intérêts commerciaux et stratégiques du pays, il a droit à la vie", a indiqué le ministre.

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