Le système antimissile actuel n'est capable de sécuriser que l'Alaska ou le littoral ouest des Etats-Unis. Si un missile nord-coréen de longue portée est tiré en direction de l'Alaska ou de la Californie, les antimissiles terrestres pourront l'intercepter", explique l'expert.
Mais si c'est un allié des Etats-Unis qui est agressé, par exemple l'Australie, ce missile risque de ne pas être neutralisé, de l'avis de Spring. "Les antimissiles ne sont pas installés de manière à favoriser la destruction de l'objectif", affirme-t-il dans son rapport.
Si le missile nord-coréen s'avère être de moyenne portée et qu'il est lancé en direction de l'océan, visant un territoire américain, par exemple l'île de Guam, ou le territoire d'un allié, par exemple du Japon, il n'y aura, pour lui faire face, que les missiles navals SM-3 installés sur des navires. Mais le succès n'est pas garanti dans ce cas non plus. "Les SM-3 sont théoriquement capables d'intercepter un missile balistique mais en pratique cette capacité est fonction de la position géographique du navire équipé d'antimissiles", d'après Baker Spring. Ainsi, souligne l'expert, "il est impossible d'affirmer que le succès est garanti".
"Le Congrès et le peuple doivent se rendre compte que le système antimissile des Etats-Unis a des possibilités très limitées, surtout contre les missiles de grande portée. Un tir de l'une de ces armes est programmé par la Corée du Nord et peut être réalisé à tout moment", souligne Baker Spring.
L'expert explique ainsi cet état des choses: "Premièrement, le système antimissile est toujours à l'étude. Il faut donc d'abord le construire et le tester. Et deuxièmement, le nombre d'antimissiles est insuffisant. Il n'existe que onze antimissiles terrestres capables d'intercepter des missiles balistiques de grand rayon d'action: neuf en Alaska et deux en Californie".
Le directeur de la Missile Defense Agency, Henry Obering, avait pourtant avoué en mars dernier que les Etats-Unis prévoyaient de déployer une vingtaine d'antimissiles navals sur quatre navires avant la fin de 2006. Pourtant, les SM-3 appelés à équiper des navires ne sont actuellement capables d'abattre que des missiles de moyenne portée.