"En dépit des déclarations des dirigeants de l'OTAN selon lesquelles l'alliance ne rivalise avec personne dans la région, l'établissement d'un contrôle militaro-politique sur le Caucase du Sud dans le but d'établir le corridor stratégique vers l'Asie centrale constitue un des éléments de la stratégie des Etats-Unis et de l'OTAN", a déclaré la politologue arménienne.
Les méthodes par lesquelles l'OTAN prend pied dans le Caucase du Sud sont dans l'ensemble traditionnelles, a-t-elle poursuivi."Seulement, il faut garantir l'arrivée au pouvoir d'élites politiques pro-occidentales au moyen de révolutions "colorées", si possible en les évitant", a-t-elle noté.
De tous les pays du Caucase du Sud, a noté Chouchan Khatlamadjian, c'est la Géorgie qui a défini le plus nettement sa politique étrangère et, une fois par mois au minimum, elle montre qu'elle "rompt définitivement" avec la Russie. Il n'en reste pas moins que l'"OTAN tiendra encore longtemps Tbilissi "en haleine", selon elle.
La création d'organisations telles que la "Communauté du choix démocratique" et l' "Organisation pour la démocratie et le développement-GUAM" qui regroupent tant la Géorgie que l'Azerbaïdjan constitue un autre instrument des Etats-Unis et de l'OTAN.
"La multiplication de ce genre d'organisations est propre à la nouvelle politique des Etats-Unis dans l'espace postsoviétique qui s'est précisée après le discours du vice-président américain Dick Cheney à Vilnius", a indiqué la politologue arménienne.
L'OTAN attache une grande importance à l'Azerbaïdjan non seulement en raison des réserves de pétrole de la mer Caspienne, mais aussi parce que le problème de l'enclave arménienne du Haut-Karabakh pourrait être utilisé pour faire pression aussi bien sur Bakou que sur Erevan, a-t-elle expliqué.
L'Arménie demeure l'unique pays du Caucase du Sud à n'avoir pas déclaré son intention de devenir à terme membre de l'Alliance, et les plans de la Géorgie d'adhérer à l'OTAN sont perçus à Erevan comme un défi à sa doctrine de politique extérieure, a ajouté la politologue.
"Les autorités arméniennes soulignent toujours que les bases militaires russes sont un élément de la sécurité du pays et leur présence s'explique par les rapports que l'Arménie entretient avec un pays qui n'est pas membre de la CEI, plus précisément, la Turquie, dont l'attitude envers l'Arménie n'est pas toujours bienveillante. De plus, la présence des troupes russes en Arménie correspond à nos intérêts et c'est à nous de décider combien de temps elles y resteront", a-t-elle précisé.
Dans le même temps, les liens arméno-russes dans la sphère militaire ne font pas obstacle au développement de la coopération entre l'Arménie et l'OTAN et, réciproquement, les contacts avec l'OTAN ne gênent pas l'appartenance d'Erevan à l'Organisation du Traité de sécurité collective.
Pourtant, la question de l'adhésion de l'Arménie à l'OTAN est l'un des sujets les plus débattus dans le pays. "De nombreux leaders politiques arméniens, par exemple l'ex-président du parlement Artour Bagdassarian, font, en prévision des élections de 2007-2008, des déclarations "sensationnelles" sur la nécessité de changer radicalement les priorités de la politique extérieure", a indiqué Chouchan Khatlamadjian qui lie ces déclarations aux tentatives faites par les capitales occidentales pour pousser l'Arménie à changer "de son propre gré" de priorités. "Dans le contexte où l'Occident tend à réduire l'ensemble du Caucase du Sud à un seul "dénominateur commun", la politique extérieure de l'Arménie pèse plus lourd", a conclu la politologue d'Erevan.