Exportations d'armements russes en 2005 : le navire prend la place de l'avion

S'abonner

Contrairement à 2004, les constructions navales russes en 2005 ont affiché des résultats financiers plus élevés que la construction aéronautique.

Cette percée s'explique par la réalisation de gros contrats portant sur les sous-marins. En effet, les ventes globales réalisées par ce secteur à l'étranger ont plus que doublé entre 2004 et 2005, s'établissant l'an dernier à plus de 2,2 milliards USD, a annoncé dans son récent rapport le Centre d'analyses stratégiques et technologiques.

Dans le même temps, les recettes des constructeurs aéronautiques, dont les produits sont considérés, par tradition, comme les plus sollicités sur les marchés internationaux des armements, sont tombées entre 2004 et 2005, passant de 2,78 milliards USD à 1,86 milliards.

Les analystes du Centre expliquent la "percée navale", d'une part, par la vente à la Chine de 6 sous-marins à propulsion diesel du projet 636 et d'un destroyer du projet 956EM et, de l'autre, par l'absence, en 2005, d'exportations de grosses séries de chasseurs lourds de la famille Su-30. Les experts relèvent également que, pour la première fois depuis 1999, les résultats financiers des plus grandes entreprises de défense ont exercé une influence sur la commande publique militaire.

La Commission militaro-industrielle près le gouvernement a déjà approuvé le projet de réarmement de l'armée russe pour 2007-2015. Les dépenses dans le cadre de ce programme qui s'élèveront à près de 185 milliards USD sont destinées à 63% à financer justement les achats d'armements et de matériels de guerre. En 2005 déjà, la part du marché intérieur dans les ventes des plus gros producteurs d'armements a augmenté, s'établissant à 38% contre 32% en 2004.

De l'avis des spécialistes, le budget pourrait notamment financer les travaux de recherche-développement d'envergure menés pour concevoir des armements de nouvelle génération (un chasseur de 5e génération, les appareils Su-27SM2 et Su-34 - chez Suhoi, les batteries de missiles sol-air S-400, chez Almaz-Antey). Les analystes n'écartent pas l'éventualité d'autres travaux, notamment la modernisation de 11 Su-27 en Su-27SM, chez Suhoi.

Pourtant, en dépit de l'amélioration du financement public des achats d'armements, les plus importantes entreprises de défense russes continuent de travailler essentiellement pour l'exportation : les ventes d'armements à l'étranger assurent toujours près de 60% de leurs recettes.

Recettes qui se sont élevées, en 2005, à l'équivalent de 9,5 milliards USD, par rapport à 8,5 milliards USD un an plus tôt. Le consortium Almaz-Antey mène la course, avec un résultat global de 1,8 milliard USD. La nette amélioration de ses indices financiers s'explique par les ventes de batteries de missiles antiaériens embarqués à un client étranger et de deux systèmes de missiles sol-air S-300PMU-1 au Vietnam.

Le groupe aéronautique Irkout, qui a vendu à l'Inde 8 lots de Su-30MKI (ils seront assemblés sur place) et lancé la production de 18 planeurs Su-30MKI, toujours pour l'Inde, vient en deuxième position. Sur cette liste, les Chantiers navals de l'Amirauté (AV) à Saint-Pétersbourg et Sevmash à Arkhangelsk, sont respectivement classés n°3 et n°4. La quasi-totalité des recettes des chantiers navals AV provient de la vente à la Chine de trois sous-marins à propulsion diesel du projet 636, estiment les analystes. Deux submersibles de cette série ont été construits par Sevmash. Suhoi ferme la liste des cinq entreprises de défense russes les plus efficaces. Même si le constructeur aéronautique n'avait pas de commandes d'exportation d'avions à remplir l'an dernier, il a pu enregistrer des résultats satisfaisants en exportant des pièces de rechange pour 240 millions USD et réalisant des travaux de recherche-développement dans le cadre des projets de chasseur de cinquième génération, de Su-27SM2 et d'avion de ligne régional RRJ.

Mais, prédisent les experts du Centre, la situation sur le marché russe des technologies de défense doit changer en 2006. Les entreprises aéronautiques rétabliront leurs positions dominantes dans les exportations. "Cela se produira grâce à la vente à l'Inde de 12 chasseurs Su-30MKI et de 10 à 12 lots de cet appareils pour leur production sous licence dans ce pays, ainsi que grâce au début de la réalisation du contrat prévoyant les ventes de MiG-29SMT à l'Algérie. La signature d'un contrat sur les livraisons de Su-30MK à l'Indonésie est également possible", rappellent les experts.

Quant aux spécialistes de l'Agence fédérale pour l'industrie, ils sont sûrs que les exportations russes de matériels à vocation militaire pourraient varier dans les années à venir, en fonction de la cyclicité du réarmement des armées étrangères, de 4,7 à 7,5 milliards USD annuellement.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала