La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

L'absence des présidents des deux chambres du parlement russe, Sergueï Mironov (chambre haute) et Boris Gryzlov (chambre basse) à la conférence des présidents des organes législatifs supérieurs de l'APCE (Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe) a été considérée par les médias comme un signe de non respect des pays baltes de la part de la Russie.

"L'Etat qui assume pour six mois la présidence de l'APCE n'a pas daigné envoyer en Estonie le chef de son parlement... L'absence de Boris Gryzlov est un acte délibéré de Moscou. Si, dans les pays européens normaux, un tel comportement aurait provoqué sans aucun doute un scandale, pour la Russie, une telle conduite est plutôt la norme, car la Russie actuelle n'est pas une partie de l'Europe au sens politique. Nous parlons ici de l'attitude de la Russie à l'égard de ses voisins et du reste du monde" ("Postimees", 31.05).

La presse continue d'accorder une attention particulière au différend énergétique entre la Russie et l'UE.

"L'UE se trouve, de toute évidence, dans une situation de dépendance envers la Russie: 24% du gaz et 27% du pétrole consommés en UE viennent de Russie. Cette dépendance doit être bilatérale. La Russie veut que nous lui donnions des garanties de partenariat à long terme, nous souhaitons que la Russie nous donne des garanties en tant que fournisseur digne de confiance" ("Eesti Päevaleht", 03.06).

LETTONIE

Le thème de la sécurité énergétique face à la Russie reste actuel pour la presse nationale. La vente du groupe lituanien Mazeikiu Nafta au groupe polonais PKN Orlen n'a pas dissipé les appréhensions des médias, qui redoutent que Moscou ne conserve le rôle décisif dans le contrôle de l'économie pétrolière de la république voisine.

"Les experts avertissent que pour les compagnies pétrolières russes, l'identité du propriétaire de Mazeikiu Nafta importe peu, cependant, si le Kremlin souhaite un jour exercer une pression sur le groupe lituanien, il pourra le faire facilement à l'aide du monopole de transport du pétrole Transneft, contrôlé par l'Etat. De nombreux analystes notent que suite au passage de la raffinerie entre les mains de la compagnie polonaise, compte tenu des relations tendues entre Moscou et Varsovie, les livraisons de pétrole russe à Mazeikiu pourront être suspendues. Certains supposent également que les conditions de l'accord sur les livraisons de pétrole avec la partie polonaise seraient plus larges, prévoyant par exemple la libéralisation de l'accès des compagnies russes sur le marché polonais" ("Dienas bizness", 02.06).

LITUANIE

Les plus grands journaux nationaux essayent de dissiper les préoccupations répandues dans la société selon lesquelles la transaction concernant Mazeikiu Nafta pourrait constituer une partie du plan préparé par la Russie.

"La Russie est le principal fournisseur de matières premières. A l'heure actuelle, il serait difficile d'en trouver un autre. C'est pourquoi, le problème de la demande et de l'offre quant aux sources d'énergie peut en fait être utilisé en tant que mesure de pression politique dans la région. La Lituanie devrait synchroniser deux scénarios: chercher des sources d'énergie alternatives, mais en même temps ne pas rompre les liens avec la Russie... Les gens pensent d'habitude que le Kremlin est un bon joueur d'échecs qui anticipe plusieurs coups à l'avance. En réalité, il ne voit habituellement qu'un ou, au mieux, deux coups à l'avance. Le Kremlin ne construit pas de combinaisons sur de nombreux coups... Il serait fâcheux de considérer que le cas de Mazeikiu Nafta ferait partie d'un plan secret conçu par les autorités russes" ("Lietuvos Rytas", 02.06).

"Il s'agit de la dernière tentative de la Lituanie pour protéger sa grande entreprise industrielle contre la pression politique et économique de la Russie" ("Lietuvos Rytas", 03.06).

UKRAINE

Le scandale anti-OTAN en Crimée constitue, pour la presse ukrainienne, une nouvelle preuve du rejet, par Moscou, de la ligne politique indépendante de Kiev. "Les événements de Féodossia (port où se déroulent des meetings contre la présence de l'OTAN en Crimée) sont un nouvel acte inamical de la Russie envers l'Ukraine, (...) une tentative de faire pression sur l'Ukraine pour la faire changer de cap" ("Glavred",01.06).

Pour la presse, l'annonce par la Russie de son retrait du projet conjoint d'avion de transport An-70 représente une autre "sanction" de Moscou contre Kiev, en réponse au rapprochement entre l'Ukraine et l'OTAN. "Le Kremlin s'efforce de contraindre l'Ukraine à renoncer à son intention d'adhérer à l'OTAN (...). La "guerre du gaz" et l'"embargo bovin" n'ont pas apporté le résultat escompté. Et tout porte à croire que le même sort est réservé au "face-à-face" provoqué par cette histoire d'avion" (Revue russo-ukrainienne Gouliaï-Polé, 01.06).

"Les "révolutionnaires oranges" ont décidé d'adhérer à quelque chose en Occident à tout prix, peu importe à quoi (...). Quant aux "contre-révolutionnaires du Kremlin", ils n'envisagent même pas de renoncer à leur ligne consistant à punir les "oranges" (...). Vu la conjoncture des prix du pétrole et du gaz, la Russie pourrait se le permettre" (Versii", 31.05).

MOLDAVIE

Selon les experts, la Russie ne cesse de prendre ses distances vis-à-vis de l'Occident et échafaude une alliance pour remplacer la Communauté des Etats indépendants. La presse appelle le gouvernement à s'engager résolument du côté de l'Occident."Le président russe entend se mettre à la tête des pays incarnant un pôle politique différent du pôle occidental, sans prêter attention aux réactions américaines et européennes (...). Un marchandage s'annonce inévitable dans ces conditions et l'un des thèmes débattus sera la Transnistrie (territoire essentiellement russophone refusant de reconnaître la souveraineté moldave depuis 1992) (...). Quelles que soit ses sympathies et antipathies, le président (moldave) Voronin doit prouver à l'Occident qu'il peu jouer non seulement pour lui-même mais aussi pour "son" équipe, pour les amis de la Moldavie, ce dont a parlé, dans son discours à Vilnius (le 4 mai) le vice-président américain Dick Cheney" ("Flux", 02.06).

ARMENIE

Le nouvel assassinat d'un jeune Arménien en Russie (Artour Sardarian, 19 ans, a été tué dans un train de banlieue non loin de Moscou le 25 mai) a défrayé la chronique de la semaine. Dans les articles de presse, la Fédération de Russie est présentée comme un pays où, avec l'indifférence du Kremlin et la complaisance de la police, la xénophobie acquiert une ampleur inquiétante. "Ce crime monstrueux, désormais de routine pour la société russe, a pratiquement succédé à l'assassinat, dans le métro de Moscou, d'un autre jeune arménien, (...) lui aussi victime des nouveaux "janissaires" russes. A l'époque, tout le monde espérait que les autorités non seulement feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour retrouver et punir les criminels, mais aussi donneraient une évaluation juridique et politique de cet événement. Il n'en fut rien. D'emblée, il est devenu clair que les représentants des forces de l'ordre russes, qui ne diffèrent guère des skinheads (cet avis s'appuie sur les résultats de sondages d'opinion fiables), tentent de présenter l'assassinat du jeune d'origine arménienne comme un crime de routine" ("Aravot", 31.05). "Le gouvernement russe ne fait rien pour prévenir ces crimes ou pour enquêter comme il se doit (...). La passiveté des autorités russes parle d'elle-même" ("Azg", 06.06).

Des experts sont préoccupés par la situation en Géorgie où la communauté arménienne se prononce de plus en plus souvent contre le retrait de la base militaire russe d'Akhalkalaki. Pour préserver son influence dans la région, la Russie, estiment-ils, est en mesure d'encourager la montée des tensions, utilisant les Arméniens locaux comme monnaie d'échange. "Le changement dans les positions géopolitique de l'Arménie dans le Caucase du Sud pourrait être une conséquence de la détérioration des rapports russo-géorgiens. La Russie évacue ses bases miliaires d'Akhalkalaki et de Batoumi mais, en revanche, augmente ses contingents en Abkhazie et en Ossétie du Sud, ce qui peut être considéré comme la dernière démarche désespérée de Moscou. La Russie a pratiquement épuisé toutes ces ressources - politiques, économiques, morales et psychologiques - pour mettre à genoux la Géorgie. Reste à s'accrocher aux conflits d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, à la possibilité de raviver en permanence le séparatisme (en Géorgie)" ("Aïkakan Jamanak", 06.06).

Géorgie

La relève de force d'interposition russe dans la zone du conflit osséto-géorgien est interprétée par les médias comme une nouvelle provocation de la Russie qui essaie de pousser la Géorgie à employer la force dans la région. Les experts qualifient également les actions de la Russie de politique préméditée de déclenchement d'une guerre.

Les experts proches du Kremlin affirment déjà sans ambages... que les régimes séparatistes pro-russes bénéficieront obligatoirement d'une aide militaire de la Russie en cas de tentative pour les placer sous la juridiction de la Géorgie ... On a l'impression que Moscou veut prendre sa revanche sur Washington dans le style de la "guerre froide" et remplacer, via un coup d'Etat, le régime pro-américain de Mikhail Saakachvili par un régime pro-russe". (Rezonansi, 01.06). "La Russie veut la guerre, c'est un fait ... L'occupation de régions de la Géorgie continue, des renforts arrivent dans la zone du conflit osséto-géorgien, même chose en Abkhazie". (24 saati, 02.06). "Le commandant de la Région militaire du Caucase du Nord déclare que les troupes qui lui sont subordonnées sont prêtes à déjouer les "provocations géorgiennes". Les membres des formations armées du président de la République d'Ossétie du Sud autoproclamée Edouard Kokoïty creusent des tranchées aux abords des villages géorgiens. Quant aux médias russes, ils déclarent carrément que Tbilissi commence la guerre en Ossétie du Sud ... Tbilissi estime que le Kremlin essaie de provoquer un conflit armé dans la région de Tskhinvali". (Rezonansi, 02.06).

Azerbaïdjan

Les médias concluent que le Kremlin change radicalement sa politique dans le Caucase du Sud, poussé par ses ambitions impériales. "La visite du ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov à Bakou poursuit l'objectif de créer un axe Russie-Azerbaïdjan-Iran en vue de contrecarrer l'influence américaine dans le bassin de la Caspienne, ainsi que dans les pays du Proche-Orient et du golfe Persique. Ces hypothèses ont des fondements: le changement dans la politique étrangère de Bakou en faveur de Moscou, le réchauffement soudain des rapports azerbaïdjano-iraniens. De hauts représentants des deux pays parlent d'une alliance éventuelle entre Téhéran et Bakou". (Zerkalo, 01.06).

L'intention de Moscou de demander la révision du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE) est considérée comme très importante pour l'Azerbaïdjan. "Moscou laisse entendre qu'on a dû demander la révision du FCE en raison du "changement de situation" par rapport à l'époque où ce traité a été conclu: l'OTAN ne cesse de s'élargir, son infrastructure se rapproche des frontières de la Russie, et les accords antérieurs doivent être adaptés aux conditions nouvelles ... La reprise des pourparlers sur l'adaptation du FCE permet à l'Azerbaïdjan non seulement de préciser son statut géopolitique et d'obtenir de nouvelles garanties de sécurité politique: cela offre une chance de soulever devant la communauté mondiale la question des armements non recensés dans les zones de "conflits locaux". Plus précisément, sur les territoires non contrôlés par les autorités légales où il n'y pas d'inspections, mais où il existe une concentration considérable de troupes et de blindés. Dans ce cas, l'initiative russe se transformera pour l'Azerbaïdjan en examen politique recelant à la fois nombre de dangers et de possibilités nouvelles". (Echo, 01.06).

KAZAKHSTAN

L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) peut devenir une alternative à l'OTAN, si Moscou et Pékin arrivent à définir les limites de leur zones d'influence en Asie Centrale et du Sud, selon les experts. "Les États-Unis étaient hostiles à la construction d'une usine d'enrichissement d'uranium en Russie et ils sont contre l'adhésion de l'Iran à l'OCS... La menace pesant sur les intérêts américains devient sérieuse compte tenu de la Chine et de l'OCS. L'existence de la base militaire américaine en Kirghizie ne tient qu'à un cheveu et tout le monde le comprend. Les Chinois ont assez de ressources pour offrir à Kourmanbek Bakiev une alternative à l'allégeance aux États-Unis... L'OCS peut être une alternative réelle à l'OTAN, aux États-Unis et à toutes les valeurs occidentales" (Gazeta.kz, 01.06).

KIRGHIZIE

Le renforcement de l'OCS augmente l'influence de la Russie dans la région, ce qui doit rapprocher davantage Moscou et Bichkek, affirment les médias. L'intensification de la coopération avec la Russie améliorera l'image politique de la Kirghizie et permettra la renaissance de l'économie nationale, parce que le Kremlin ne considère pas la Kirghizie comme une source de matières premières et n'a pas l'intention d'influer sur la situation politique dans le pays, à la différence de Washington. "La Kirghizie s'est trouvée entre trois mondes pendant des années, incapable de choisir entre les trois. Le monde islamique aurait dû lui sembler plus proche, mais il est confronté à de trop nombreux problèmes. L'expérience des pays centrasiatiques a démontré que le capital américain n'est intéressé qu'à drainer les ressources... La république pourra régler beaucoup de problèmes avec le concours de la Russie... Mais certains fonctionnaires inquiètent de nombreux investisseurs... Les investisseurs redoutent l'emprise de la propriété privée et la criminalisation du monde des affaires et la précarité... Une mauvaise attitude à l'égard des investisseurs pourrait provoquer des pertes importantes" (Kabar, 02.06).

OUZBEKISTAN

La presse officielle considère les relations Russie-UE dans le contexte des tentatives de l'Occident de nuire aux intérêts russes. Les journalistes préviennent que la Russie pourrait riposter symétriquement. "Le fait que certains pays d'Europe Centrale et de l'Est agissent sous l'influence de leurs "protecteurs" américains qui soutiennent les révolutions colorées dans l'espace postsoviétique porte préjudice aux relations Russie-UE. L'homme politique américain avait mille fois raison qui disait: "Ne réveillez pas l'ours qui dort car il vous mordra". L'ingérence dans les affaires intérieures sous prétexte de défendre les droits de l'homme et la démocratie et le non-respect des intérêts de la Russie sur la scène internationale ont réveillé l'ours. Le sommet de Sotchi où les intérêts de la Russie et de l'Occident sont entrés en collision, en est la preuve" (XXI ASR, 01.06).

TADJIKISTAN

Les relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine sont entrées dans une nouvelle phase, estiment les observateurs. Le renforcement des positions russe et chinoise, la coopération entre Moscou et Pékin dans les projets qui ne répondent pas aux intérêts américains changent la situation géopolitique. "Le Pentagone n'apprécie pas que Pékin achète des armes à l'étranger, notamment en Russie, tout en fabriquant de nouveaux armements... Quant au dossier nucléaire iranien, la Russie et la Chine �uvrent pour épargner à l'Iran des sanctions et le recours à la force armée... Il semble que les États-Unis soient incapables de dicter leur volonté au sein des organisations internationales, en l'occurrence au Conseil de Sécurité de l'ONU" (Nadjot, 01.06).

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