MOSCOU, 3 juin - RIA Novosti. Les propriétaires du supermarché "Electronika na Presnie" à Moscou interdisent la vente des livres audio "Da Vinci Code", des jeux électroniques du même nom et autres produits ayant trait au livre de Dan Brown.
Cette interdiction fait suite à la déclaration officielle du Patriarche de l'Eglise orthodoxe russe dans laquelle Alexis II a condamné le film "Da Vinci Code", le qualifiant d'outrage à la morale traditionnelle des croyants. Pourtant, tout ce tapage a produit l'effet inverse : les gens peu consciencieux, au lieu de jeter, à l'instar du Patriarche, l'anathème sur l'hérétique Brown, se sont jetés sur ses livres dans les librairies. Dans les salles de la capitale, le soir, des files d'attente se forment pour acheter des tickets d'entrée. D'ailleurs, pour la grande-surface en question, cette interdiction est un moyen gratuit de rappeler son existence aux consommateurs. Vassili Boïko, président du groupe propriétaire de la chaîne "Elektronika" est un croyant convaincu. Il a décidé que gagner de l'argent avec ce film après les critiques de l'Eglise orthodoxe était un péché.
"Le film tiré du roman n'est pas encore paru en DVD, a déclaré hier M. Boïko. - Nous avons demandé aux propriétaires des magasins qui se trouvent dans notre centre commercial de retirer de la vente les livres audio, les jeux électroniques et la publicité du livre "Da Vinci Code".
Dans les autres magasins de Moscou, on s'abstient toutefois de prendre des mesures aussi radicales. Les vendeurs de DVD contrefaits proposent le "Code" à 100-150 roubles (1 euro vaut de 34,5 roubles), les enregistrements légaux devant voir le jour en automne au plus tôt.
En effet, ce tapage autour de la création de M. Brown rapporte pas mal de dividendes à l'écrivain et à ses promoteurs en Russie. Dans la célèbre librairie de Moscou, Biblio-Globus, "le Code" figure au nombre des dix livres les plus vendus. Et personne ne projette de le retirer de la vente. Dans le supermarché du livre Moskva, au centre de la capitale, on se réjouit également de cette campagne publicitaire gratuite et on ne prévoit aucune interdiction.
Le Comité pour la Culture de la mairie de Moscou rappelle que les autorités de la capitale ne veulent pas s'ingérer dans les discussions sur la "moralité" du film, prétextant que la Russie est "encore" un Etat laïque. Ce qui veut dire que chacun doit décider de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour lui.
Pourtant, en province, on pense parfois autrement. Par exemple, à Samara, sur le cours moyen de la Volga, le Parquet local a ordonné au directeur d'un cinéma local de retirer le film de l'affiche, expliquant qu'il "contribue à attiser l'animosité interreligieuse". A Krasnodar, dans le Sud, les autorités envisagent également d'interdire officiellement cette "hérésie".