Russie-UE: l’avenir se joue à Sotchi

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(Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures et à la Politique européenne de voisinage, a accordé une interview à RIA Novosti à la veille du sommet Russie - UE de Sotchi le 25 mai)

Q. Quelles sont selon vous les principaux objectifs du sommet UE - Russie de Sotchi et qu'attend l'Union européenne de cette rencontre ?

R. A mon avis, il y a trois thèmes à débattre : premièrement, la forme ultérieure des rapports entre la Fédération de Russie et l'Union européenne. L'accord de partenariat et de coopération aura 10 ans en 2007 et le sommet se penchera sur les perspectives des rapports entre la Russie et l'UE à l'avenir.

Deuxièmement, nous réviserons au cours de ce sommet les progrès enregistrés dans la mise en place des quatre espaces communs Russie-UE, notamment, l'espace énergétique. Les évolutions de ces derniers mois nous ont convaincus de la nécessité d'approfondir notre partenariat énergétique.

Enfin, nous passerons en revue les questions internationales sur lesquelles la Russie et l'UE coopèrent, à savoir l'Iran, le Proche-Orient, ainsi que la situation dans les pays voisins de la Russie et de l'UE, dont la Biélorussie et le Caucase du Sud.

Q. En 2007, l'Accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'UE expire. A quel point l'adoption d'un nouveau document qui remplacera cet Accord est-elle possible et en quoi se distinguera-t-il de l'ancien ?

R. En fait, cet Accord n'expire pas en 2007, la validité de ce document cesse uniquement lorsqu'une des parties le dénonce. Tant l'UE que la Russie sont d'accord pour le rénover, pour renforcer nos rapports. Nous pouvons, j'espère, être d'accord sur le fait qu'il faut éviter un vide législatif avant la naissance d'un nouveau traité. Le sommet nous permettra de mieux comprendre sa nature. Je pense que celui-ci doit être entériné sur le plan juridique et à long terme, représenter une structure globale qui pourrait consolider nos relations à l'avenir. Celui-ci doit porter sur les quatre espaces communs qui n'existaient pas à l'époque où l'accord en vigueur a été signé, et refléter l'adhésion de la Russie à l'OMC, tout en garantissant une plus vaste intégration commerciale et économique.

Q. L'UE a-t-elle l'intention de soulever au cours de cette rencontre la question de la ratification par la Russie de la Charte énergétique et celle de l'accès des compagnies étrangères aux gazoducs russes, ainsi que le problème de la conclusion de contrats à long terme entre les compagnies russes et européennes dans la sphère énergétique ?

R. L'énergie est un élément fondamental de la coopération entre la Russie et l'UE, pour les deux partenaires. Vous êtes un important fournisseur d'énergie pour nous, et nous sommes votre plus important partenaire économique. De ce fait, le principal thème du prochain sommet sera la manière dont nous pourrions tirer un avantage maximal de cette interdépendance.

Nous avons déjà un bon canal de coopération, c'est notre Dialogue énergétique, et nous sommes prêts à aller plus loin. Mais les rapports dans cette sphère ne peuvent se développer que sur la base de la parité sur les marchés, dans les infrastructures et les investissements. Cela créera des rapports sans faille dans la sphère énergétique pour l'UE et la Russie. La transparence et l'ouverture sont la clef de la concurrence sur le marché énergétique global. Il serait bien que la Russie profite de sa présidence au G8 pour avancer vers la ratification de la Charte énergétique. Mais, avec cet accord ou sans lui, j'espère que ce sommet renforcera notre coopération entre un fournisseur fiable et un très bon consommateur.

Q. Sous quel angle de vue sera débattue la problématique internationale, entre autres, le programme nucléaire iranien et la situation autour du nouveau gouvernement palestinien, là où la Russie et l'UE ont des approches différentes ?

R. L'UE et la Russie renforcent leur coopération sur les questions internationales et nos positions se complémentent plus qu'elles ne diffèrent.

Pour ce qui est de l'Iran, nous poursuivons l'objectif commun qui consiste à éviter la naissance d'un Etat nucléaire et nous saluons le rôle constructif de la Russie dans la recherche d'une solution diplomatique à ce problème.

La Russie est un bon partenaire au Proche-Orient, au sein du "quartette" (UE, Russie, Etats-Unis, ONU) et même si nous avons des approches différentes envers les contacts avec le Hamas, nous sommes d'accord pour estimer que le Hamas doit renoncer à la violence, reconnaître Israël et s'en tenir à la "feuille de route".

De même, le sommet nous fournira une bonne occasion de débattre de la situation en Biélorussie et d'examiner les conflits gelés en Moldavie et dans le Caucase du Sud.

Q. L'Union européenne a interdit d'entrée dans l'UE le président biélorusse Alexandre Loukachenko et une trentaine d'autres hauts responsables politiques biélorusses. L'Union européenne a-t-elle l'intention de recourir à d'autres sanctions contre Minsk, notamment, saisir les comptes de M. Loukachenko et d'autres membres du gouvernement biélorusse dans les banques européennes ? L'Europe soulèvera-telle cette question lors du prochain sommet ?

R. En effet, nous avons décidé de geler les actifs du président biélorusse Alexandre Loukachenko et de 36 politiques au total, dont ceux dont nous connaissons l'implication dans le chantage et les violences lors des récentes élections et les responsables de la non-conformité du scrutin aux normes internationales. En même temps, nous confirmons notre soutien au peuple biélorusse et surtout à la société civile. Il importe que les Biélorusses comprennent que les mesures que nous prenons concernent uniquement les personnes qui, à notre avis, privent les gens de leurs droits. Nous n'entreprendrons rien qui puisse causer un préjudice au reste de la population.

Q. Quelle est l'attitude de l'Union européenne envers d'éventuels changements sur la carte politique de l'Europe, notamment, la possibilité pour le Monténégro et le Kosovo d'accéder à l'indépendance ? La question de l'indépendance du Kosovo ne risque-t-elle pas de déteindre sur le règlement des conflits en Géorgie (Abkhazie, Ossétie du Sud) et en Moldavie (Transnistrie) ? Cette question sera-t-elle débattue à Sotchi ?

R. L'UE n'a pas de position officielle sur le statut "souhaitable" du Kosovo ou du Monténégro. Si le référendum du 21 mai est reconnu honnête et libre, dans le cadre des règles prescrites, nous en respecterons les résultats. Pour ce qui est du Kosovo, la Russie et l'Union européenne approuvent la recherche d'une solution durable, dans le cadre des principes internationaux universellement admis. La Russie peut jouer un rôle important pour convaincre la Serbie de participer de manière plus constructive aux négociations sur le statut (de la province).

Toutefois, la communauté internationale estime que chaque cas est unique et qu'il ne peut être simplement comparé à d'autres situations régionales. Chaque cas pris à part est particulier et il doit être apprécié comme tel.

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