HONKONG, 23 mai - RIA Novosti. L'interdiction d'importer le vin moldave en Russie a porté un coup à l'industrie moldave, a déclaré dans un entretien à RIA Novosti Victor Bostan, propriétaire de plusieurs compagnies vinicoles, venu à Hongkong pour présenter ses crus à l'exposition Vine Expo Asia Pacific.
"Pour les compagnies qui exportaient essentiellement vers la Russie, cette interdiction a été un coup très dur et elles auront du mal à s'en remettre", a expliqué l'homme d'affaires moldave.
"Encore deux mois de boycott et cela ira vraiment mal", a indiqué pour sa part Nelli Sonic, vice-présidente de l'entreprise vinicole Lion Gri.
En Moldavie, elle emploie un millier de personnes et, jusqu'à présent, la direction a réussi à éviter les licenciements massifs.
Avant l'entrée en vigueur de l'interdiction russe le 27 mars (le vin moldave a été "accusé" par les services sanitaires russes de contenir des pesticides et des métaux lourds) la compagnie expédiait en Russie 18 millions de bouteilles par mois. Depuis deux mois, le vin à embouteiller reste dans des tonneaux.
"Nous avons du mal à trouver de nouveaux débouchés, d'autant plus qu'il s'agit de réorienter 80% de nos exportations", explique Mme Sonic.
Selon elle, la viticulture moldave entre dans une étape critique. "Les vignobles doivent être entretenus, le temps est venu d'engraisser le sol, d'épandre des produits phytosanitaires, les plantes ne veulent rien savoir au sujet des jeux politiques et si les vignobles ne sont pas entretenus au printemps, qu'adviendra-il après ?" s'interroge-t-elle.
Il n'y a pas d'autres représentants moldaves à Hongkong, comme il n'y a pas de viticulteurs de Géorgie, pays qui a fait lui aussi l'objet de sanctions sanitaires russes.
En Chine, le vin géorgien fait toujours défaut, dit Mme Sonic qui a beaucoup de connaissances parmi les viticulteurs géorgiens. "Les Géorgiens sont fiers, ils n'acceptent pas toutes les propositions, et il leur semble qu'ils montreront encore de quel bois ils se chauffent. Moi, une Moldave, je suis aussi fière, mais il est des situations où il faut mettre sa fierté de côté et jouer des coudes", dit-elle. Mme Sonic est plutôt sceptique quant aux efforts déployés par Tbilissi pour promouvoir ses crus sur les marchés internationaux.
"En quelques mois, on n'obtiendra rien de substantiel, il faut des années d'efforts persévérants", déclare-t-elle. Depuis quelques années, Lion Gri cherche à s'implanter sur le marché chinois mais n'a réussi à signer qu'un seul contrat.
Pour la Moldavie, l'interdiction russe a été encore plus douloureuse que pour la Géorgie. En chiffres absolus, le pays exportait vers la Russie cinq fois plus que la Géorgie, explique M. Bostan. "Et après, alors que Tbilissi présentait son vin comme une "boisson de la liberté", la Moldavie a préféré rechercher en silence un compromis avec Moscou", dit-il.
Si l'interdiction frappant le vin moldave est annulée et s'il est de nouveau admis sur le marché russe, nos viticulteurs auront à persuader le consommateur russe de la bonne qualité de leurs crus, ajoute pour sa part Nelli Sonic.
"Un immense préjudice a été causé au vin moldave et, pour le réparer, il faudra des mois et même des années. Mais nous y sommes prêts, nous voulons même ouvrir une représentation à Moscou, payer pour des messages publicitaires à la télé, homologuer nos produits d'après les normes européennes les plus rigoureuses, nous ne demandons qu'une chose, ouvrez le marché russe au vin moldave. On ne saurait étendre des sanctions à tous les viticulteurs moldaves sans distinction", affirme Mme Sonic.