La Géorgie risque d'essuyer les pertes les plus considérables dans la sphère économique et notamment dans un secteur aussi sensible qu'est son agriculture, prédisent-ils, rappelant que ce secteur emploie la moitié de la population active du pays.
"Les produits agricoles géorgiens sont destinés essentiellement aux marchés de la CEI et le retrait de Tbilissi du système des préférences commerciales intracommunautaire aura inévitablement pour résultat une brusque réduction de la marge de man�uvre de la Géorgie sur ces marchés'", soulignent des experts.
A leur avis, les difficultés liées à la recherche de débouchés de remplacement en raison de la qualité souvent mauvaise des produits agricoles géorgiens (la récente interdiction, décidée par les autorités sanitaires russes, d'importer le vin géorgien et l'eau minérale Borjomi en est une des preuves) provoqueront la chute des recettes d'exportation, le gonflement des stocks d'invendus et des faillites au niveau de la production et de la transformation. Conséquence, la Géorgie, où le taux de chômage officiel est déjà de 18% (370 000 personnes) et même, officieusement, de 40%, verra augmenter encore les effectifs des demandeurs d'emploi.
En cas de retrait de la Géorgie de la Communauté, rappellent encore des experts, un autre axe de la coopération d'importance fondamentale pour les autorités géorgiennes fera inévitablement l'objet d'une notable révision, à savoir la coopération énergétique.
"Etant donné le fait que les capacités de production nationales couvrent 40% seulement de la consommation énergétique du pays et que le reste est couvert par les importations en provenance d'autres pays de la Communauté, essentiellement de Russie, la situation déjà difficile en matière d'approvisionnement de la Géorgie en énergie risque se détériorer encore, provoquant de nouvelles tensions sociales et économiques", disent des experts, rappelant que les crises énergétiques d'hiver en Géorgie sont déjà devenues traditionnelles.
Selon des experts, la Géorgie pourrait aussi enregistrer des pertes dans ses échanges avec la Russie.
Dans l'espace de la CEI, la Russie est le principal client et fournisseur de la Géorgie (le chiffre d'affaires de leurs échanges s'est élevé à 505,8 millions de dollars en 2005, contre 336,7 millions un an plus tôt). La part de la Géorgie dans le commerce extérieur russe a été de 0,1% en 2005, alors que la part de la Russie dans les échanges géorgiens se montait l'an dernier à 16% (7% pour l'Azerbaïdjan, 6% pour l'Ukraine et la Turkménie).
"Le retrait de la Géorgie des préférences commerciales de la CEI et, par conséquent, la perte de son statut de la nation la plus favorisée, pourrait avoir des effets néfastes sur son commerce extérieur", prédisent des experts.
A leur avis, l'une des conséquences non négligeables du retrait de la Géorgie de la CEI pourrait devenir une éventuelle complication des liens entretenus par les diasporas géorgiennes avec leur pays d'origine.
"Officiellement, près 800 000 ressortissants géorgiens au moins travaillent en Russie. Selon les estimations des spécialistes géorgiens, les transferts en devises par divers filières de Russie en Géorgie s'élèvent à 2 milliards de dollars par an, constituant près de 20% du PIB de la Géorgie, et dépassent de loin le montant de l'assistance étrangère au pays", soulignent des experts.
Compte tenu de l'éventuel préjudice à l'aspect militaro-politique de la coopération Géorgie-CEI, des experts font ressortir l'abrogation des décisions du Conseil des chefs d'Etat de la CEI sur les Forces collectives de paix de la Communauté dans la zone du conflit abkhazo-géorgien.
"Dans cet ordre d'idées, l'éventuel examen de la question relative à l'annulation de la décision du Conseil des chefs d'Etat de la Communauté du 19 janvier 1996 sur les mesures à prendre en vue de régler le conflit en Abkhazie et qui impose des restrictions aux contacts avec la république autoproclamée au niveau officiel pourrait être ressenti douloureusement par Tbilissi, soulignent des experts.
La Géorgie pourrait aussi se voir priver de la possibilité de coordonner ses activités dans le cadre d'unités de force et de destination spéciale dans l'espace postsoviétique, de perdre sa représentation au Centre antiterroriste de la CEI, au Conseil des ministres de l'Intérieur, au Conseil des dirigeants des organes de sécurité et services spéciaux, au Conseil de coordination des procureurs généraux, au Conseil des dirigeants des organes d'enquêtes fiscales (financières) et à d'autres structures, prédisent également des experts.