ESTONIE
La presse locale met en doute, à travers une série d'articles, la capacité de la Russie d'être un partenaire économique sûr de l'Occident, ainsi que l'intérêt de son holding gazier Gazprom à augmenter la production. "L'Union européenne veut que la Russie ratifie la Charte énergétique qui donnerait à leurs rapports une assise plus libérale et accorderait aux compagnies européennes la possibilité d'exporter elles-mêmes du gaz russe. Mais la Russie, qui a fait de la "sécurité énergétique" une priorité de sa présidence au G8, imagine difficilement la concurrence avec des étrangers" ("Eesti Paevaleht", 27.04). "Gazprom n'augmente pas la production ces derniers temps. Tous les gisements qu'il exploite datent de l'époque soviétique et leurs réserves se réduisent (...). Les commentateurs attirent l'attention sur le fait que des ventes excessives ne correspondent pas aux intérêts du holding, pour lequel les recettes des ventes comptent sans doute plus que les chiffres de production" ("Eesti Paevaleht", 27.04).
LETTONIE
Le lancement en Russie de la troisième (et dernière) tranche du Système d'oléoducs de la Baltique (BTS, sigle russe) fournit à certains médias russophones de Lettonie un nouveau prétexte de craindre sérieusement une brusque réduction du transit d'hydrocarbures par les ports lettons. "On ne saurait affirmer que la Russie a mis définitivement une croix sur les conduites de transport et les ports baltes : même maintenant (après le lancement du BTS, ndlr), des miettes du gâteau pétrolier russe seront encore distribuées entre Tallinn, Ventspils et Klaïpeda. Mais les perspectives, en termes de transit, sont plutôt tristes pour nous (...). Car il est clair que nos ports seront "désaffectés" et le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, le rappelait, en termes on ne peut plus précis, il n'y a pas longtemps : "Le BTS a été conçu en premier lieu pour réduire la dépendance des exportateurs russes de pétrole vis-à-vis des pays de transit, la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie" ("Vesti-segodnia", 26.04).
LITUANIE
Dans la politique du holding gazier russe, des journaux lituaniens discernent un abus de monopole. "L'ours russe s'est tourné vers la Lituanie. Le malheur pour lequel nous avons compati aux pays européens nous est arrivé à notre tour : le monopole Gazprom veut des prix plus élevés pour son gaz après une hausse il y a quatre mois seulement. Le "modèle de négociation" appliqué par lui est le même dans les pays de l'Europe de l'Est et de l'Ouest: le monopole gazier impose son diktat, qui commence par l'augmentation des prix, tout en cherchant à faire main basse, sans grand-peine ni concurrence, sur les entreprises qui lui plaisent et à occuper le marché européen nouveau et convoité." ("Respublika", 28.04).
UKRAINE
Certaines éditions se montrent plutôt sceptiques quant aux perspectives de Kiev sur l'axe euro-atlantique et préviennent que l'optimisme injustifié du pouvoir ukrainien risque de provoquer une crise économique dont le résultat sera la dépendance énergétique globale du pays vis-à-vis du Kremlin et la vente à Moscou, avec l'accord tacite de l'Union européenne, d'entreprises stratégiques. "Il se peut que l'Ukraine ne soit pas admise à l'OTAN, mais, par contre, ce qui est sûr, c'est que Moscou relèvera le prix de son gaz (...). Si cette hausse a lieu, alors, l'Ukraine (et son économie) pourrait se tirer d'affaire non pas en adhérant à l'OTAN mais en vendant tout ce qu'elle a (...), notamment, son système de transport de gaz. Et elle ne pourra pas compter sur le soutien politique de l'Occident" ("Versii", 28.04).
ARMENIE
Les experts sont unanimes à constater que la remise de la 5e tranche de la centrale hydraulique arménienne de Razdan à la Russie rend inutile la construction du gazoduc Iran-Arménie pour la partie iranienne. "Les Iraniens peuvent toujours espérer que l'Arménie puisse être une voie de transit pour accéder à l'Europe, mais il est difficile de croire que la Russie offre une telle possibilité à l'Iran. Son monopole sur les exportations de gaz lui donne du poids en Europe" (Haikakan Jamanak, 27.04).
La presse accuse les dirigeants de la république de double jeu. "Le projet de stratégie de la sécurité nationale [d'Arménie] visait tant la Russie que les États-Unis... La Russie a compris que les dirigeants arméniens menaient un double jeu. Les États-Unis ont aussi compris que les autorités iraniennes biaisaient avec eux en ce qui concerne les perspectives de développement du pays et d'entrée dans les alliances" (Aravot, 03.05).
GEORGIE
Les relations avec la Russie se sont aggravées une fois pour toutes, selon les médias géorgiens qui prédisent une escalade de la tension. "La tension entre la Géorgie et la Russie est à son comble. La Russie interdit non seulement des produits géorgiens, mais pourrait tout prochainement interdire aux représentants des autorités géorgiennes de se rendre à Moscou... Il est aussi possible que les Géorgiens accueillent cette nouvelle avec enthousiasme et interdisent aux responsables russes d'entrer sur le sol géorgien" (Akhali versia, 01.05).
Les viticulteurs sont sceptiques sur les perspectives d'accès des vins géorgiens aux marchés d'autres pays malgré l'optimisme des dirigeants du pays. "Il sera très difficile de remplacer le marché russe par un autre marché. Il serait bien de vendre plus de vin dans d'autres pays, dans les pays où n'en avons jamais vendu, mais la Russie est un marché très important non seulement pour le vin, mais aussi pour l'ensemble de l'économie géorgienne" (Resonansi, 29.04).
La presse considère toujours l'interdiction frappant les importations russes de vin géorgien comme "une décision purement politique", mais les experts admettent que les Russes ont raison de se plaindre. "Nous avons envoyé des bons vins en France et nous avons reçu un avis favorable, mais ces vins ne sont pas exportés en Russie... Nous aurions dû améliorer la qualité... parce que la qualité est toujours réservée à l'élite et les vins géorgiens sont destinés à des pauvres russes... Celui qui a goûté du vin géorgien en Russie sait bien qu'il n'y a qu'une bouteille sur cent qui est bonne" (Akhali taoba, 02.05).
AZERBAÏDJAN
La presse accuse la Russie d'être prête à utiliser le potentiel terroriste des régimes séparatistes pour obtenir un monopole sur les exportations de pétrole et de gaz vers l'Europe. "L'oléoduc Bakou-Ceyhan et le pipeline du Caucase du Sud sont proches du Haut-Karabakh et des régions séparatistes de la Géorgie voisine. Des attaques terroristes contre l'oléoduc Bakou-Ceyhan deviennent de plus en plus probables, malgré les mesures strictes de sécurité. Tous les séparatistes de la région bénéficient d'un soutien de la Russie qui peut approuver n'importe quelle attaque, parce que le pipeline Bakou-Ceyhan contourne la Russie" (525e journal, 28.04).
Les médias estiment que l'intolérance ethnique ne diminue pas en Russie et que des attaques contre des Azerbaïdjanais y surviennent tous les deux jours, faisant des morts et des blessés. Le fait que les Azerbaïdjanais sont musulmans est l'une des raisons principales de l'attitude négative des Russes à l'égard des Azerbaïdjanais, de l'avis des journalistes. "L'Azerbaïdjan est un pays musulman. Nous savons qu'il y a une hystérie anti-islamique en Russie, les journaux et la télévision ne cessent d'en parler." "Malheureusement, la société civile russe n'est pas assez bien organisée pour lutter contre de telles actions fascistes" (Ekho, 26.04).
KAZAKHSTAN
Les médias expliquent l'intérêt des Américains pour les ressources énergétiques de l'Asie centrale par les efforts déployés par la Russie pour rétablir son influence sur les anciennes républiques soviétiques telles que l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, ainsi que par la croissance de la tension autour de l'Iran.
"Les Etats-Unis souhaiteraient que le Kazakhstan examine également d'autres domaines de coopération. Notamment, les officiels américains ne dissimulent pas leur intérêt pour la construction d'un gazoduc reliant le gisement kazakh de Kachagan, en mer Caspienne, au gisement azerbaïdjanais de Shakh-Deniz ... Le branchement du Kazakhstan sur le gazoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan peut constituer pour les Américains un cadeau plus agréable (mais aussi plus utile) que des réformes démocratiques et des élections libres" ("Navigator II", 02.05).
OUZBEKISTAN
A l'occasion de l'anniversaire des évènements d'Andijan, la presse d'opposition adopte une position anti-russe pour expliquer la raison de ces troubles.
"Seule la Russie avait besoin des troubles sanglants d'Andijan, et il existe beaucoup de preuves, quoique indirectes, de ce que le massacre d'Andijan avait été minutieusement préparé par les structures de force russes... La Russie avait besoin de regagner les positions perdues aux "frontières sud". Pour ce faire, un prétexte était nécessaire et il a été créé" ("Moussoulmanski Ouzbékistan", 02.05).
TADJIKISTAN
La presse couvre le nouvel assassinat d'un ouvrier tadjik à Moscou. Les médias publient l'appel de la présidente du fonds "Tadjikistan", Gavkhar Djouraïeva, à s'opposer à l'attisement de la haine interethnique en Russie.
"Je ne condamne pas les jeunes hommes qui au cours d'une bagarre vont jusqu'au meurtre... Je veux que nous tous, nous nous occupions des marionnettistes, ceux qui braquent les jeunes contre la "menace venant du sud". Ces gens expriment leurs idées fascistes notamment à la télévision et dans les journaux" ("Varorud", 28.04).
Les journalistes ont publié une longue interview du célèbre écrivain et philosophe français Maurice Druon, qui apprécie la politique de la Russie et l'activité du président russe Vladimir Poutine.
Selon l'écrivain, la Russie doit être une grande puissance. Cet immense pays crée un équilibre entre l'Europe et les autres pôles tels que l'Inde, la Chine, l'Amérique du Nord et du Sud, estime-t-il. C'est pourquoi l'Europe doit coopérer avec la Russie. Le patriotisme de Vladimir Poutine en impose à Maurice Druon. ("Asia-plus", 27.04).
