Alexandre Loukachenko interdit d'entrée en UE: décision contre-productive (parlementaire russe)

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STRASBOURG/MOSCOU, 10 avril - RIA Novosti. La décision des ministres des Affaires étrangères des pays-membres de l'Union européenne d'interdire à Alexandre Loukachenko l'entrée en UE est contre-productive, a estimé lundi Konstantin Kossatchev.

"Cette décision est contre-productive", a notamment déclaré le président du Comité pour les Affaires internationales de la Douma d'Etat (Chambre basse du Parlement russe) qui dirige en ce moment la délégation russe à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

Et d'ajouter qu'il serait de loin plus efficace d'engager la Biélorussie dans un dialogue, car en conservant le problème on ne contribue guère à sa solution. Konstantin Kossatchev a cité, à titre d'exemples, l'isolement de Cuba et les sanctions décrétées par l'Union européenne contre ce pays, ainsi que les sanctions frappant actuellement la République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) et l'Iran. Toutes ces représailles ne mènent pas au règlement du problème, a souligné le député russe.

"Dieu merci, la solution du problème est envisagée à travers un dialogue" à l'APCE, a tenu à rappeler Konstantin Kossatchev. Ainsi, le président de l'APCE, René van der Linden, s'est plus d'une fois prononcé pour un dialogue avec la Biélorussie, a-t-il poursuivi. Qui plus est, M. van der Linden a déclaré que même si des sanctions étaient décrétées contre certains responsables biélorusses, il continuerait à les contacter, a ajouté le chef de la délégation russe, annonçant par ailleurs son intention de rencontrer le président de la Chambre basse du Parlement de Biélorussie.

En outre, a repris Konstantin Kossatchev, le président de l'APCE se propose de rencontrer les députés biélorusses en marge des célébrations du centenaire de la Douma fin avril à Saint-Pétersbourg.

Il a également évoqué l'idée d'ouvrir à Minsk un bureau d'information du Conseil de l'Europe dans le but de faciliter l'échange de vues et les contacts avec les autorités biélorusses. "Il n'est pas du tout évident que les autorités biélorusses y soient favorables, mais l'approbation de cette décision serait propice à la recherche de la compréhension mutuelle", a conclu Konstantin Kossatchev.

La décision de l'Union européenne d'adopter des sanctions contre la direction de la Biélorussie ne peut guère être évaluée comme constructive, a relevé, pour sa part, le vice-président de la Douma, Vladimir Katrenko.

"Les observateurs de Russie et d'autres pays-membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ont reconnu que la dernière présidentielle en Biélorussie était tout à fait conforme aux plus hauts standards démocratiques et juridiques, tout en évaluant comme convaincante la victoire de Alexandre Loukachenko lors de cette élection", a notamment déclaré à RIA Novosti Vladimir Katrenko.

Et de faire remarquer que le pouvoir présidentiel était légitime en Biélorussie. "Cela tend à prouver que la décision de l'Union européenne d'adopter des sanctions contre la direction biélorusse n'est pas dictée par les principes de la démocratie et du droit, mais par des passions et considérations purement politiques", a poursuivi le vice-président de la Douma.

Il a en outre mis en garde la direction de l'Union européenne contre un élargissement des sanctions au domaine économique. Cela pourrait avoir des conséquences négatives non seulement pour la Biélorussie elle-même, mais aussi pour tous ces autres pays qui entretiennent avec elle d'étroites relations économiques et commerciales, a signalé Vladimir Katrenko.

L'adoption par l'UE de sanctions contre le président biélorusse relève de la politique européenne des "deux poids, deux mesures", a estimé, de son côté, le premier président adjoint du Comité parlementaire pour les Affaires internationales, Léonide Sloutski.

"L'introduction de sanctions témoigne d'une politique de "deux poids, deux mesures", ainsi que du manque de respect pour le peuple biélorusse de la part des pays européens", a notamment déclaré à RIA Novosti Léonide Sloutski.

Selon Valeri Draganov, président du Comité pour la Politique économique, la Libre entreprise et le Tourisme de la Chambre basse du Parlement russe, l'introduction de ces sanctions n'aura aucun effet. Quoi qu'il en soit, le parlementaire craint que lesdites sanctions ne soient suivies de sanctions économiques. "Des sanctions économiques peuvent avoir des conséquences extrêmement pénibles pour le peuple biélorusse", a averti Valeri Draganov.

Non seulement en Biélorussie, mais également en Russie, en Ukraine, aux Etats-Unis et en Europe, il y a des choses à reprocher quant au déroulement des élections, a constaté Igor Igochine, vice-président du Comité pour le Budget et les Impôts de la Douma.

"Les élections ne sont idéales nulle part", a-t-il notamment déclaré à RIA Novosti.

Néanmoins, a indiqué Igor Igochine, nul ne contestera que la plupart des Biélorusses sont favorables à la politique choisie par la direction du pays. "Il n'y a pas eu de revirements brusques en Biélorussie qui a choisi elle-même sa voie, et ses citoyens soutiennent la voie choisie", a souligné le député.

D'après Igor Igochine, le fait même que les pays d'Europe aient dressé la liste des plus hauts fonctionnaires d'Etat de Biélorussie interdits d'entrée sur le territoire de l'UE prouve que "la bataille pour la Biélorussie n'est pas achevée". Les tentatives de l'Union européenne pour participer à la politique biélorusse ne sont en fait qu'un élément de la lutte pour le "tournant" de la Biélorussie vers l'UE, a noté le député. Néanmoins, a-t-il poursuivi, il y a des règles dans cette lutte, et il faut apprendre à perdre. "On a bien l'impression à présent qu'une nouvelle "guerre froide" est sur le point de commencer, mais nul n'en a besoin, ni l'Union européenne, ni la Biélorussie, ni la Russie", a souligné en conclusion Igor Igochine.

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