Un an après la "révolution des tulipes", le peuple kirghiz n'a pas à en avoir honte (président Bakiev)

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BICHKEK, 23 mars - RIA Novosti. Le président kirghiz estime qu'un an après la "révolution des tulipes", le peuple kirghiz n'a pas à en avoir honte.

S'agissant des événements du 24 mars 2005, Kourmanbek Bakiev a noté que personnellement, il n'avait pas honte un seul instant du peuple kirghiz qui a su prendre le pouvoir".

Par décret, le président en place a proclamé la journée du 24 mars, premier anniversaire de la "révolution des tulipes", fête de la révolution populaire.

Ce jour-là, "nous devons rendre hommage à ceux qui ont lutté toutes ces années contre un régime autoritaire", a estimé le président Bakiev.

Le 24 mars, il est prévu de mener en Kirghizie des défilés militaires, des manifestations patriotiques et sportives, des concerts et des foires. Le gouvernement a eu l'instruction d'étudier l'installation, dans la capitale Bichkek, d'un monument commémorant les événements de mars 2005.

Mais l'attitude manifestée par la société envers cette fête n'est pas vraiment univoque. "Pour nous, cette date est une insulte. Pourra-t-on un jour oublier l'horreur de ce jour ?" s'interroge devant des journalistes Mme Bouroulkan Oussoubakounova qui dirige "l'Association des commerçants lésés", dont de nombreux membres avaient souffert de pillages massifs à Bichkek.

Dans la nuit du 24 au 25 mars 2005, après l'occupation de l'édifice du gouvernement par des manifestants et la fuite du président Akaïev, une vague de maraudeurs avait déferlé sur la capitale. Au total, une centaine de magasins, d'entreprises et de bureaux de sociétés avaient été saccagés et pillés.

Au total, le préjudice causé aux entreprises kirghizes et étrangères a été estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars. Jusqu'à présent, les victimes n'ont pas obtenu de l'Etat les compensations pourtant promises. Beaucoup ont dû fuir à l'étranger pour échapper à leurs créanciers.

Les gens qui ont perdu en une seule nuit toutes leurs économies ont vécu un vrai choc et ont jusqu'à présent des problèmes de santé, certains ont même mis fin à leurs jours, rappelle Mme Oussoubakounova.

Les nouvelles autorités ont fait porter la responsabilité de ces mises à sac à l'ancienne direction du pays. "Oui, il y a eu des excès et des innocents en ont soufferts. Cela aurait pu être évité si l'ancien pouvoir n'avait pas abandonné son peuple. Le président a fui, les ministres ont disparu. Pas un seul policier en tenue dans les rues. Ils ont abandonné leur pays et maintenant ils osent encore nous condamner de l'étranger !" a déclaré Kourmanbek Bakiev.

Il a qualifié l'année écoulée de très difficile pour le pays. Les six premiers mois, le gouvernement a travaillé, a-t-il dit, comme une "équipe de sapeurs pompiers". Le pays était déchiré par des manifestations et des actes de protestations. Des dizaines de milliers de personnes occupaient illégalement des terres dans les parcs jusque dans la capitale, des usines, des hôtels, des mines de houille et des marchés, proclamant une "redistribution révolutionnaire de la propriété", a rappelé le président kirghiz.

"Malheureusement, l'objectif que nous avions assigné pour 2005 - assurer une croissance de 3% - n'a pas été rempli. L'instabilité politique en a été la cause", a estimé Kourmanbek Bakiev. "A la fin de l'année, le ministre de l'Economie et des Finances, Akylbek Japarov, rapportait avec fierté que le gouvernement avait su prévenir une brusque chute des indices économiques et non pas de la croissance", a-t-il dit.

Mais les dirigeants kirghizes constatent que les perspectives de croissance existent. "Cette année, nous devons garantir une croissance de 8% pour parvenir, dès l'année prochaine, à 10-12% de croissance annuelle. C'est uniquement à cette condition-là que nous pourrons ressentir bientôt des améliorations réelles", a estimé le président.

Kourmanbek Bakiev n'exclut pas que "les fonctionnaires qui ont perdu leurs revenus" puissent organiser des provocations. "Ils brûlent d'envie d'agir et ils peuvent toujours entreprendre quelque chose", mais s'il leur reste un peu de raison ils ne le feront jamais. "Nous couperons court à toutes ces tentatives", a assuré le président Bakiev.

"Je suis sûr que la journée du 24 mars se déroulera dans un climat solennel et animé", a-t-il encore ajouté.

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