Les livraisons de gaz à la Chine rendront la Russie indépendante des marchés européens (experts)

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Les accords sur les livraisons de gaz à la Chine permettront à la Russie d'en finir avec sa dépendance face aux marchés européens, selon les experts qui ont commenté mardi à RIA Novosti le mémorandum gazier russo-chinois.

MOSCOU, 21 mars - RIA Novosti. Les accords sur les livraisons de gaz à la Chine permettront à la Russie d'en finir avec sa dépendance face aux marchés européens, selon les experts qui ont commenté mardi à RIA Novosti le mémorandum gazier russo-chinois.

Le document a été signé mardi par le directeur général de la China National Petroleum Corporation (CNPC), Chen Geng, et le président de Gazprom, Alexeï Miller.

La Russie livrera d'abord à la Chine du gaz ouest-sibérien et ensuite est-sibérien. A chaque étape les livraisons pourront atteindre 30 à 50 milliards de m3 par an. Le gazoduc Russie-Chine, d'un coût de 10 milliards de dollars environ, pourrait être mis en service en 2011, a annoncé aux journalistes russes en poste à Pékin un membre de la délégation russe.

Le directeur général du Centre d'étude de la conjoncture politique, Konstantin Simonov, a déclaré à RIA Novosti qu'il trouvait raisonnable d'exporter du gaz de Sibérie occidentale dans le contexte actuelle. Comme les nombreux terminaux en construction sur le littoral est de la Chine sont destinés à recevoir du gaz naturel liquéfié (GNL), la variante occidentale est préférable, a-t-il expliqué.

La Russie a besoin de développer plus activement les voies d'exportations orientales parce que l'Europe étudie de plus en plus fréquemment la possibilité de s'approvisionner en gaz par d'autres sources et de développer d'autres sources d'énergie, notamment le nucléaire, a souligné l'expert.

"On cherche à nous faire chanter avec des projets de remplacement tandis qu'il est évident que l'Europe n'a pas d'alternative particulière compte tenu de la chute de la production de gaz", a fait remarquer Konstantin Simonov. Dans ces conditions, l'Europe a du mal à parler de sécurité énergétique, a-t-il ajouté.

"Mais comme l'Europe fait pression sur la Russie et ne cesse d'affirmer qu'une plus ample présence russe sur son marché du gaz n'entre pas dans ses plans, il est raisonnable de lui indiquer que nous avons un autre débouché", a-t-il estimé. "La Russie a tout à gagner à déboucher le plus vite possible sur ce marché parce qu'il existe une concurrence entre le GNL et le gaz transporté par canalisation. Plus tôt la Russie débouchera sur ce marché et plus aisément elle pourra s'y installer", a-t-il expliqué.

Un analyste de Troïka-Dialogue, Valeri Nesterov, rappelle à son tour que la stratégie énergétique adoptée par la Russie en 2003 met l'accent sur la diversification des exportations de pétrole et de gaz. "C'est que la Russie est très dépendante du marché européen, qu'il s'agisse des exportations de pétrole ou de gaz. Et surtout de gaz", a-t-il déclaré à RIA Novosti. La diversification permettra de s'installer sur d'autres marchés et d'améliorer les positions de Gazprom et de la Russie dans les négociations sur le gaz avec les partenaires étrangers, selon l'expert.

La récente crise gazière ukraino-russe a incité certains pays européens à réclamer une moindre dépendance en gaz russe. Gazprom leur a donné à comprendre que non seulement la Russie dépendait de la volonté de l'Europe d'acheter du gaz russe mais que les consommateurs européens eux-aussi dépendaient de la volonté de la Russie de leur livrer du gaz. Autant dire qu'en cas de réduction, d'ailleurs fort peu probable, des achats européens, le surplus qui se formera pourra être canalisé vers d'autres marchés, notamment vers le marché chinois en pleine extension, a supposé Valeri Nesterov.

"C'est là le sens du mémorandum, à mon avis. Il est parfaitement possible de livrer à la Chine 20 à 30 milliards de m3. Peut-être même davantage. Les positions concurrentielles de Gazprom seront ainsi renforcées", a fait remarquer l'expert. Le mémorandum signé ne compliquera nullement les relations avec l'Europe. S'il y a des complications, elles viennent des pays de transit et jamais de Gazprom qui s'efforce de garder sa niche de 25-26% du marché européen", estime Konstantin Nesterov.

Un analyste de la société d'investissement Prospekt, Dmitri Manguilev, a déclaré pour sa part qu'en ce qui concerne les livraisons de gaz russe à la Chine, des ententes sérieuses sont intervenues, qui requièrent des investissements considérables. Mais après la mise en service du gazoduc, les avantages du projet seront durables. "Il s'agira d'un volume garanti de livraisons car la Chine ne cessera d'augmenter la consommation de gaz", a-t-il indiqué.

D'après lui, les accords russo-chinois répondent à la volonté de la Russie d'accéder à des marchés nouveaux. La Chine et le marché asiatique sont aujourd'hui les consommateurs dont la demande se développe le plus rapidement", a expliqué Dmirti Manguilev qui n'a pas exclu la possibilité d'amplifier par la suite la présence de la Russie sur ce marché.

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