La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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Estonie

Les tentatives de la Russie pour s'attribuer le rôle de principal acteur politique au Proche-Orient et en Asie centrale et de principal médiateur dans le règlement du conflit entre le monde islamique et l'Occident sont au centre de l'attention de la presse estonienne. "La mauvaise posture des Yankees en Iran forme un contraste frappant avec ce que la Russie et la Chine font en Iran. Si, il y a quelques années, c'est la troïka européenne (Angleterre, France et Allemagne) qui négociait avec l'Iran, maintenant le dernier mot appartient visiblement aux deux puissances asiatiques" (Parnu Postinees, 01.03).

La presse souligne qu'en invitant le Hamas à Moscou la Russie s'efforce plus de rétablir ses positions au Proche-Orient et de donner un signal à l'Occident que de contribuer à la paix dans la région. "Le principal signal est adressé principalement aux Etats-Unis. C'est la preuve que la Russie cherche à conquérir des positions faisant d'elle un Etat avec lequel il faut compter... Il s'agit d'une décision nostalgique, quant à l'influence qu'elle exerce sur le processus de paix, c'est un autre sujet" (SL Ohtuleth, 03.03).

Les analystes estoniens reconnaissent le caractère fructueux des démarches politiques extérieures entreprises par le Kremlin depuis ces dernières semaines. "La politique extérieure de la Russie semble s'être remise sur pied : les démarches réfléchies se succèdent" (Parnu Postinees, 07.03).

Lettonie

La presse qualifie de progrès les négociations de la Russie avec le Hamas qui se sont achevées à Moscou sans pour autant aboutir à un résultat concret. "La Russie s'efforce de devenir un acteur important sur la scène internationale en attirant l'attention sur les Etats dont on parle en faisant la moue (Irak, Corée du Nord, Iran)... La délégation du Hamas, bien qu'elle n'ait pas remis de rameaux d'olivier à la Russie et n'ait pas accompli le pas attendu (la reconnaissance du droit d'Israël à l'existence, raison pour laquelle elle n'a pas été reçue par Poutine), a montré qu'il est possible de traiter avec elle au niveau des relations politiques" (Neatkariga rita avize, 07.03).

Lituanie

Les médias ont réagi douloureusement à la déclaration faite par Poutine au cours de sa visite en Hongrie et en République Tchèque au sujet de la "responsabilité morale" de la Russie pour l'intervention des troupes soviétiques dans ces pays en 1956 et 1968 respectivement. De l'avis des analystes, ayant opté pour le réchauffement dans les relations avec l'Europe centrale, le Kremlin s'efforce de briser l'unité des pays européens victimes de l'URSS et d'isoler les pays baltes et la Pologne. "La presse internationale affirme que les excuses présentées par le président russe pour l'écrasement des mouvements nationaux en Hongrie et en Tchécoslovaquie sont un camouflet pour les Etats baltes. La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie demandent depuis bien des années déjà que la Russie, en sa qualité de successeur en droit de l'Union Soviétique, présente ses excuses pour les offenses infligées pendant l'occupation soviétique" (Kauno diena, 06.03).

Ukraine

Des publications traduisent une certaine préoccupation quant à l'application par la Russie des ententes sur la Flotte de la mer Noire. Le stationnement provisoire de la Flotte russe en Crimée n'est pas qualifié autrement que d'occupation. On prétend que le Kremlin fait sciemment traîner en longueur les négociations tout comme la signature de l'accord sur les modalités du retrait de la flotte, dans l'espoir de s'"ancrer" éternellement dans le plan d'eau criméen. "Pour bouter la Flotte russe de notre territoire, nous serons contraints de solliciter l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne. Si la question du retrait n'est pas posée maintenant, elle sera automatiquement ajournée de 15, 20, 25 et même peut-être de 50 ans" (Delo, 03/03).

Plusieurs sources déclarent que le "thème de la mer Noire" est repris en Ukraine à des fins électorales, ce qui provoque un regain de tension dans les relations avec Moscou et aussi un durcissement de l'affrontement des forces politiques au sujet du statut de la Crimée. "Combien cette situation fait le jeu des pro-russes!" Les uns suggèrent... de rétablir l'indépendance de la presqu'île... D'autres rappellent que Sébastopol n'avait pas été remis à la RSS d'Ukraine en même temps que la Crimée" (Versii, 01.03).

Bien que le Service fédéral de contrôle sanitaire ait levé l'interdit frappant les produits laitiers ukrainiens, la presse se montre sceptique quant à la possibilité d'une élimination rapide des contradictions entre Moscou et Kiev dans ce domaine, invoquant ici les prochaines élections législatives (le 26 mars). "Le degré de loyauté de la Russie vis-à-vis du secteur alimentaire ukrainien se mesurera à l'aune des scores réalisés par chacune des forces politiques en présence" (Oligarkh.net, 02.03).

Le durcissement de la législation douanière ukrainienne pour les marchandises transnistriennes à la frontière avec la Transnistrie touche aux intérêts du capital russe dans la république non reconnue. Plusieurs médias interprètent cela comme une "vengeance" économique et, dans une certaine mesure, politique sur la Russie pour la défaite infligée pendant la "guerre du gaz" et d'autres désaccords. Les médias prévoient que ces "sanctions" de l'Ukraine auront pour corollaire une poursuite de l'escalade de la tension dans les relations avec le Kremlin. "Moscou n'oubliera pas cette action inamicale de Kiev et maintenant il ne reste qu'à subodorer les sanctions antidumping qui accompagneront les "succès" sans précédents du gouvernement "orange" (Oligarkh.net, 13.03).

Moldavie

De l'avis des journalistes pro-roumains les nouvelles modalités du passage des marchandises transnistriennes par la frontière moldavo-ukrainienne s'imposaient ne serait-ce que pour "dénoncer" le soutien accordé par la Russie au régime "séparatiste" de la Transnistrie. On relève la ressemblance des termes utilisés dans les déclarations des ministères russe et transnistrien des Affaires étrangères. "Maintenant il est évident, même pour un aveugle, que Moscou est de connivence avec les séparatistes. Son inquiétude n'est pas feinte, seul le prétexte est factice. On sent que l'économique du régime transnistrien bat de l'aile, que la Russie cherche par tous les moyens à attiser les passions, à provoquer des esclandres, à créer en Transnistrie une "situation explosive" (Journal de Chisinau, 10.03).

En faisant référence au président moldave, Vladimir Voronine, les journaux soulignent que le conflit a pour origine principale les "exportations d'armes de la région". "Là-bas (en Transnistrie) on fabrique annuellement 24 lance-roquettes multiples Grad, des milliers de lance-roquettes Vassilek et des centaines de milliers de fusils d'assaut Kalachnikov. Les autorités de Tiraspol tiennent beaucoup à tout cela et c'est la raison pour laquelle elles ne veulent pas opérer sur le champ juridique" (Flouks, 14.03).

Au-delà de la décision de l'Ukraine d'introduire de nouvelles règles, la presse de Chisinau voit le désir de l'Occident de tester des moyens de pression sur le régime de Tiraspol. "Iouchtchenko résistera-t-il au forcing exercé contre lui, ne cèdera-t-il pas en disant que tout ce qui était possible avait été fait? Le soutien et la prompte réaction de l'Union européenne et des Etats-Unis montrent qu'ils étaient d'accord avec cette décision difficile prise par le président ukrainien au plus fort de la campagne électorale" (Journal de Chisinau, 10.03).

Arménie

La presse analyse la situation autour du blocus de la Transnistrie. "La décision de Kiev était motivée par le souci de normaliser ses rapports avec Chisinau et aussi par les signaux émis par l'Occident... Cette décision pourrait fort bien être associée à la déclaration de Vladimir Poutine sur l'universalité du schéma du Kosovo. En effet, le président russe a indirectement fait comprendre que si l'Occident reconnaissait l'indépendance du Kosovo, Moscou envisagerait la reconnaissance des formations étatiques ayant proclamé leur indépendance après l'éclatement de l'URSS... Dans ce contexte, la dernière démarche du président Iouchtchenko pourrait avoir pour origine une impulsion donnée par l'Occident ainsi que le désir de Kiev de montrer aux Russes qu'il ne dispose pas moins de ressources que Moscou pour influer sur la situation en Transnistrie. En tout cas, ce conflit oppose non pas les slaves de Transnistrie à ceux d'Ukraine, mais plutôt Kiev à Moscou (Aïastani Anrapetoutioun, 11.03).

Les experts attachent une attention toute particulière aux retombées éventuelles de la crise transnistrienne sur la situation dans la zone du conflit territorial entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. "D'intéressantes perspectives pourraient s'ouvrir devant l'Azerbaïdjan si Moscou trouvait le courage... et si en dernière analyse il décidait de reconnaître la souveraineté de la Transnistrie... Dans ce cas, on serait en présence d'un précédent très important et utile pour le Haut-Karabakh (Aïastani Anrapetoutioun), 11.03).

Les analystes mettent en garde que le chaos sévissant en Géorgie peut inciter de "grands pays" à s'immiscer dans les affaires intérieures de ce pays. "Une situation révolutionnaire réelle prévaut en Géorgie. Une intervention de l'Amérique, de la Russie ou d'un voisin quelconque n'est pas à exclure... La Géorgie est un pays stratégique. Aussi intéresse-t-elle les deux pays (les Etats-Unis et la Russie) et, peut-être, verrons-nous ces derniers s'immiscer en même temps pour mettre un terme à ce chaos... Les grands Etats voient d'un mauvais oeil le chaos en Géorgie. Ce qu'il leur faut, c'est une Géorgie stable. Mais les autorités géorgiennes actuelles ne parviennent pas à la bâtir" (Akhali taoba, 13/03).

Azerbaïdjan

La presse rappelle la déclaration du président Vladimir Poutine sur le problème du Kosovo faite le 31 janvier au cours d'une conférence de presse au Kremlin. "Ceux qui sont au Kremlin ont un quotient intellectuel bien faible s'ils pensent que derrière la "position de principe" de Moscou à l'égard du Kosovo, Tbilissi ne remarquera pas le comportement de la Russie en Abkhazie et en Ossétie du Sud, que la Moldavie oubliera la Transnistrie et que Bakou ne se souviendra pas du Nagorny-Karabakh.

Ou, peut-être, ne s'imaginent-ils pas que dans l'espace postsoviétique on ne se borne pas à exécuter les injonctions de Moscou, mais qu'on analyse en toute indépendance la situation, qu'on en tire des conclusions et qu'on adopte des décisions". (Ekho, 11.03).

Kirghizie

La presse est inquiète du fait que la Kirghizie n'a pas encore choisi son partenaire géostratégique. L'approfondissement des tendances destructives dans la CEI, la réduction des possibilités géopolitiques de Moscou en Asie centrale et l'intérêt accru manifesté pour cette région par Pékin et Washington peuvent transformer la Kirghizie en réservoir de matières premières pour les "grandes puissances" ou les alliances d'Etats. "Aujourd'hui, la Russie a du mal à contrôler certaines parties de la CEI. La Kirghizie figure parmi les pays qui doivent réfléchir à leur conformité à la nouvelle intégration de l'Eurasie. De nombreux Etats ont défini leurs objectifs à l'égard de l'Asie centrale. D'ailleurs, en plus des Etats-Unis et de la Chine, leaders permanents, on a vu s'ajouter les projets de califat islamique et de groupement régional. C'est autour de l'Asie centrale que se dérouleront les processus d'intégration et, d'aucuns seront sacrifiés lors de ce redéploiement géopolitique". (MSN, 03.03).

Ouzbékistan

La presse d'opposition s'intéresse au projet de Loi sur le recensement des migrants étrangers et des personnes ne possédant pas la citoyenneté de la Fédération de Russie" examiné à la Douma (chambre basse du parlement russe) qui suscite le scepticisme des analystes russes et ouzbeks. "Tous les projets subtils des stratèges de l'administration présidentielle et les bonnes intentions des députés de la Douma peuvent être réduits à néant par les problèmes de la vie réelle: les intérêts des propriétaires des échoppes du marché pour qui il est plus facile et moins cher d'embaucher des migrants privés de droits et muets, ainsi que ceux des employés des instances d'enregistrement qui font leur petit business grâce aux migrants ... Les fonctionnaires corrompus des régions qui sont habitués à tirer profit de l'enregistrement des étrangers trouveront un moyen de contourner la nouvelle loi". (Ferghana. Ru, 13.03).

Tadjikistan

La presse diffuse la thèse d'un nouveau rapport des forces en Asie centrale, en soulignant la perte des positions des Etats-Unis et l'influence positive de la Russie sur les processus d'intégration dans la région. "La hâte des Etats-Unis à accomplir leurs "missions civilisatrices" en Eurasie a déjà posé plusieurs problèmes, tout d'abord, pour Washington qui reconnaît qu'il perd de nombreuses positions dans la région acquises au début des années 90. En même temps, les projets d'intégration soutenus par la Russie s'avèrent plus fructueux. Cela concerne l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective, la CEEA (Communauté économique euro-asiatique) et l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai), parce que ces organisations mettent l'accent non pas sur les "missions civilisatrices", mais sur le collectivisme et le partenariat équitable" (Avesta, 08.03).

La situation désastreuse des ouvriers tadjiks en Russie est au centre de l'attention de la presse. "De nombreux Moscovites ont des sentiments nationalistes et ne font pas preuve de tolérance, en dépit des appels des autorités". (Biznes i politika, 02.03).

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