Kosovo, Ossétie du Sud, Abkhazie - une approche commune s'impose

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Par Alexeï Makarkine, directeur général adjoint du Centre des technologies politiques - RIA Novosti

Des négociations sur le futur statut du Kosovo ont commencé à Vienne entre la Serbie et les Albanais du Kosovo. L'Occident insiste pour que cette question soit réglée dans le courant de l'année.

Qui plus est, les Occidentaux ne cachent pas que la meilleure solution serait de tenir un référendum dont les résultats sont connus d'avance - la plupart des Kosovars voteront pour l'indépendance de la province.

En revanche, la position occidentale à l'égard de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud est bien différente. L'Occident considère les deux républiques autoproclamées comme faisant partie intégrante de la Géorgie.

La Russie critique cette position, appelant à régler ces conflits selon une approche commune. Le président russe Vladimir Poutine a récemment posé cette question: "Si l'on considère que l'indépendance totale est possible au Kosovo, pourquoi devrions-nous en priver les Ossètes ou les Abkhazes?"

En effet, les scénarios de ces conflits sont très proches. Il s'agit à chaque fois d'une lutte de groupes ethniques pour l'indépendance. La tension interethnique est à son comble dans les trois régions, ce qui rend pratiquement impossible la coexistence des parties en conflit, même dans le cadre d'un État fédératif, sans parler d'autonomie.

Qui plus est, les conflits se sont intensifiés après que les autorités centrales (serbes et géorgiennes) ont décidé d'abolir l'autonomie des territoires concernés. Les actions irréfléchies de Slobodan Milosevic et de Zviad Gamsakhourdia ont fini par se retourner contre leurs pays, rendant tout compromis impossible.

Tous ces conflits ont connu une étape militaire où le "pouvoir central" cherchait à rétablir le statut quo par la force. Les hostilités n'ont pas réglé le problème, malgré leur violence, et les chefs de guerre y ont joué un rôle décisif. Les leaders des Albanais du Kosovo, que l'Occident considère comme des partisans de l'indépendance, seraient aussi étroitement liés avec des criminels que les activistes des mouvements nationaux des anciennes républiques autonomes géorgiennes. Selon des informations fiables, des indépendantistes kosovars seraient même impliqués dans le trafic de drogue, alors que personne n'en accuse les Ossètes ou les Abkhazes.

Chacune des trois régions indépendantistes peut compter sur un État prêt à lui accorder une assistance politique. Rappelons que la plupart des Sud-Ossètes et des Abkhazes ont la citoyenneté russe. On peut même parler d'un "peuple partagé" dans le cas ossète, parce qu'une partie des Ossètes vit dans une république russe - l'Ossétie du Nord.

L'histoire montre qu'une assistance amicale rend un État non reconnu plus viable. La tentative d'une province sécessionniste nigériane pour proclamer son indépendance et fonder la république du Biafra dans les années 1960 s'était soldée par un échec, faute d'un tel soutien. Toutefois, cela ne ressemble pas au scénario turc réalisé à Chypre pendant les années 1970, il ne s'agissait pas alors d'une intervention armée, mais d'un soutien pacifique.

Enfin, un système pluraliste et multipartite se développe dans les trois États non reconnus dans les conditions d'une concurrence politique réelle. Certes, les méthodes de création de partis politiques ne suivent pas toujours les scénarios classiques, mais il ne faut pas être trop exigeant avec ces régions où la période de "démocratie militaire" est encore trop récente. Rappelons que l'arrivée au pouvoir de l'opposition en Abkhazie au cours des élections de 2005 témoigne du progrès de la démocratie dans la république. D'ailleurs, ces élections n'ont pas attiré l'attention de l'Occident à la différence des législatives tenues au Kosovo sous contrôle international.

Chaque crise a, bien sûr, ses traits particuliers. Les opérations de maintien de la paix ont commencé en Abkhazie et en Ossétie du Sud après que la Géorgie a compris que les méthodes musclées ne donnaient pas de résultats.

En revanche, l'opération militaire victorieuse lancée par Slobodan Milosevic au Kosovo a provoqué une "intervention humanitaire" de l'OTAN qui avait résolument soutenu les Albanais du Kosovo (les réactions affectives de l'Occident aux événements yougoslaves n'ont que très récemment cédé leur place à des avis réfléchis). Ainsi, la présence des soldats de la paix russes au Caucase a permis d'éviter un scénario catastrophe - le recours à la force et l'intervention d'une tierce partie (comme l'OTAN au Kosovo).

Il est bien évident que les traits communs de ces conflits permettent d'envisager une seule et même méthode pour leur règlement. Pour adopter ce principe, la communauté internationale doit se montrer objective et manifester une réelle volonté politique, sans quoi on pourra à nouveau dénoncer une politique des doubles standards.

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