Selon une source haut placée à Grozny, le poste de premier ministre fait actuellement l'objet d'un marchandage. Deux candidats sont en lice : l'inspecteur fédéral principal pour la Tchétchénie, Oleg Jidkov, et Ramzan Kadyrov.
La nomination d'un Tchétchène au poste de premier ministre brisera le principe que Moscou a respecté jusqu'ici à la lettre : le gouvernement de la Tchétchénie doit être dirigé par un Russe.
Un fonctionnaire fédéral informé estime que le Kremlin n'imposera pas à Kadyrov un premier ministre venu de l'extérieur. "Pour Moscou, c'est égal. Les élections ont été un succès, le parlement fonctionne, il n'y a plus de guerre, des facteurs de stabilité sont évidents", explique-t-il. Oleg Jidkov est du même avis : "La Tchétchénie devient un membre ordinaire de la fédération et n'a plus besoin d'une tutelle spéciale".
Une source connaissant la situation en Tchétchénie affirme que la démission d'Abramov ne fera que confirmer le statu quo : le premier ministre et le président de la Tchétchénie sont des figures strictement nominatives, le pouvoir réel appartient à Ramzan Kadyrov.
"Ramzan semble en avoir assez de faire semblant que certaines choses ne dépendent pas de lui", estime la source. Le 5 octobre il aura trente ans et pourra, d'après la Constitution tchétchène, occuper le poste de président de la République. Selon les sources interrogées par le journal, Vladimir Poutine approuvera la candidature de Kadyrov.
La source connaissant bien la situation en Tchétchénie estime que le premier ministre a de bonnes raisons de donner sa démission : tôt ou tard surgira le problème du détournement de fonds budgétaires en Tchétchénie, si bien qu'Abramov risque de s'attirer toutes les accusations. "98 milliards de roubles ont été investis dans la République depuis 2000. Les résultats devraient être visibles mais on ne voit que ceux des investissements privés : des stations services et des points de vente. Ce sont principalement des investissements personnels de Ramzan", explique le fonctionnaire.