Dépenser l'argent du Fonds de stabilisation à l'intérieur du pays conduira à une montée de l'inflation (Koudrine)

S'abonner
MOSCOU, 26 janvier - RIA Novosti. Dépenser l'argent du Fonds de stabilisation à l'intérieur du pays conduira à des dérapages inflationnistes et à une baisse de la compétitivité de l'économie russe, a déclaré dans son interview à RIA Novosti jeudi le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

"Ne pas recourir, en vue de contourner cette question, à l'expérience positive en matière de politique économique et budgétaire des pays qui ont déjà accumulé d'importants fonds de stabilisation serait une erreur impardonnable pour nous", a estimé le ministre.

Dans la plupart des cas, les fonds de stabilisation dans les différents pays ont permis de refréner les dépenses budgétaires, a rappelé le ministre. D'autre part, le placement des ressources provenant de ces fonds dans des actifs étrangers empêchait les monnaies nationales de s'apprécier excessivement dans les périodes marquées par de hauts cours des matières brutes, a-t-il ajouté.

"L'expérience mondiale montre aussi que les fonds de stabilisation ont joué un rôle de remède contre le "mal hollandais" (l'accroissement du cours de change réel grâce à la hausse des exportations de matières premières, ce qui a un impact négatif sur les autres secteurs économiques, ndlr) justement dans les pays où ils n'étaient pas utilisés pour couvrir les dépenses non liées au service de la dette publique, a noté le ministre.

En Norvège, par exemple, où le fonds de stabilisation constitue près de 80% du PIB, une politique de refrènement des dépenses publiques a été appliquée et, grâce à ce fonds, le taux d'inflation y est resté très bas, à hauteur de 1,5% par an de 2001 à 2005", a rappelé le ministre russe des Finances.

"S'il lui faut augmenter les dépenses publiques, la Norvège ne puise pas dans son fonds de stabilisation, préférant adopter des mesures peu populaires, par exemple, relever la TVA", a précisé Alexeï Koudrine.

Selon lui, en Russie, tout fléchissement de la politique budgétaire est inacceptable, au risque d'augmenter notablement "la vulnérabilité de l'économie face aux facteurs extérieurs" et de la soumettre à "une pression inflationniste supplémentaire".

"A l'heure actuelle, le recours au fonds de stabilisation pour amortir avant terme la dette publique extérieure russe est en fait l'unique moyen efficace de dépenser ces ressources", a ajouté le ministre russe des Finances.

La Russie, a-t-il poursuivi, économisera sur les intérêts en 2006, suite à l'amortissement avant terme de sa dette extérieure en 2005, près de 1 milliard de dollars et, de 2007 à 2020, encore 4,7 milliards.

Il n'en reste pas moins que, par rapport aux autres pays gros fournisseurs d'énergie, le fonds de stabilisation russe n'est pas important : à l'heure actuelle, il représente 6,8% du PIB de la Fédération, alors que le fonds de stabilisation au Kazakhstan représente 12% de son PIB, à Oman et en Azerbaïdjan, un peu moins de 20% et, dans l'Alaska, 100% du PIB local.

"Après la décision de placer les ressources du fonds de stabilisation russe dans des créances hautement fiables des Etats étrangers, le rendement (de ces ressources) ne cessera d'augmenter", a encore noté le ministre russe des Finances.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала