Revue de la presse russe du 19 janvier

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Gazprom stabilisera le régime en Ouzbékistan

Le président de Gazprom, Alexéi Miller, tâchera aujourd'hui de persuader le président de l'Ouzbékistan, Islam Karimov, de céder au groupe gazier russe les trois gisements de gaz ouzbeks les plus importants. Si un accord est signé, le holding russe monopolisera de facto les exportations de gaz ouzbek. Tachkent demande en contrepartie que la Russie aide l'Ouzbékistan à étouffer les soulèvements antigouvernementaux et le protège face à l'Occident.

Le rapprochement gazier entre la Russie et l'Ouzbékistan s'opère dans le contexte de leur rapprochement politique. Le 25 janvier, au sommet de la Communauté économique eurasiatique qui se tiendra à Saint-Pétersbourg, Karimov signera le protocole sur l'adhésion de l'Ouzbékistan à cette organisation. Cependant, l'adhésion à la CEEA n'est qu'une pierre de touche. L'objectif véritable de Moscou est de rattacher l'Ouzbékistan à l'Organisation du Traité de sécurité collective, structure que le Kremlin se propose de transformer en un bloc militaro-politique à l'instar de l'OTAN. La participation de l'Ouzbékistan à cette alliance permettrait, par exemple, de déployer une base "antiterroriste" sous l'égide de l'OTSC à la place de l'ancienne base militaire américaine de Karchi-Khanabad.

Karimov a cependant ses propres idées au sujet d'une "OTAN pro-russe". L'année dernière la lutte pour le pouvoir s'est aggravée au sein du groupe dirigeant ouzbek. Selon la rumeur qui court à Tachkent, le président serait atteint d'une maladie mortelle et son entourage serait décidé à se battre pour son héritage.

Les autorités ouzbeks ont jugé insuffisante la promesse de Moscou donnée dans le cadre de l'accord sur les relations d'alliance signé en octobre dernier de s'ingérer et d'étouffer toute insurrection contre Karimov. Elles ont donc élaboré un projet consistant à créer une force de répression antirévolutionnaire internationale dans l'espace post-soviétique qui pourrait avoir pour couverture une organisation militaire du type de l'OTSC.

L'attribution des fonctions de gendarme à l'OTSC ne gène pas actuellement la Russie. Selon les ambitions de Moscou, cette structure doit être sa réponse eurasiatique à l'OTAN et non pas un garde du corps des gouvernements centre-asiatiques. D'ailleurs, il n'est pas exclu que Moscou puisse changer de position à la veille du sommet de Saint-Pétersbourg. Car, comme Tachkent l'a déjà compris, le chemin qui mène au c�ur du Kremlin passe par Gazprom.

Vedomosti

La Chine remplace la Russie dans la défense de l'Iran

La réunion des diplomates européens, chinois et russes à Londres sur le programme nucléaire iranien a échoué. Malgré l'absence d'éclaircissements officiels, les experts sont d'avis que la cause en est la position obstinée de la Chine qui s'est opposée avec résolution à toute sanction contre l'Iran. Le problème du programme nucléaire iranien sera probablement renvoyé devant le Conseil de sécurité de l'ONU, mais la prise de sanctions réelles reste illusoire.

La prise de sanctions au Conseil de sécurité est devenue impossible en raison de la position de la Chine. Elle s'est érigée en principale protectrice de l'Iran depuis que la Russie s'est mise à pencher du côté européen et que le ministre Lavrov n'a pas exclu la communication du dossier iranien à l'ONU.

Le secret entourant les résultats des consultations de Londres "cache les divergences sérieuses qui existent entre la Chine et les autres négociateurs : elle aurait donné à comprendre qu'elle n'accepterait pas de sanctions, mais n'a pas voulu l'annoncer publiquement", estime un expert du Centre for Defence Information de Washington, Ivan Safranchuk. Mais si les diplomates n'arrivent pas à trouver une solution judicieuse au problème iranien, "tout cela s'achèvera par une grande guerre au Proche-Orient", prévient l'expert.

Le directeur de l'Institut du Proche-Orient, Evgueni Satanovski, suppose que la Chine s'opposera toujours à la prise de sanctions, ne serait-ce qu'en raison du paquet d'investissements éventuels chinois dans la filière énergétique iranienne qui "pèse des dizaines de milliards de dollars" et, qui plus est, parce que le programme nucléaire iranien porte probablement une signature chinoise.

"La Russie, comme cela est devenu clair dernièrement, ne veut pas sacrifier ses relations avec l'Iran mais elle n'entrera pas en confrontation avec les Etats-Unis pour cette question", estime l'expert.

GAZETA

L'ex-premier ministre russe tente de rallier les démocrates et les bureaucrates libéraux

La semaine prochaine, l'ex-premier ministre russe Mikhaïl Kassianov doit présenter son nouveau mouvement politique qui se positionne comme un mouvement d'opposition démocratique en dehors des partis. Selon son associé Ivan Starikov, une proposition d'entrer dans le mouvement a été faite à l'ancien conseiller économique du président, Andreï Illarionov.

La tentative échouée de Mikhaïl Kassianov de se mettre à la tête du Parti démocratique de Russie a abouti à la création d'un organisme marginal. Une structure d'opposition similaire existe déjà sur l'échiquier politique, c'est le Front civique unifié de Garri Kasparov. Cependant, toujours selon Ivan Starikov, le nouveau mouvement tentera de rallier non seulement les démocrates opposés au régime politique actuel, mais aussi les bureaucrates.

Le directeur général adjoint du Centre des technologies politiques, Alexeï Makarkine, constate que de nombreux ténors de l'opposition démocratique sont issus de la fonction publique: Irina Khakamada, leader de Notre choix, présidait le Comité national pour la promotion des PME, Ivan Starikov était ministre de l'Économie, alors que Konstantin Merzlikine dirigeait l'appareil de l'ex-premier ministre. Alexeï Makarkine n'exclut pas que le projet Kassianov parvienne à mobiliser des personnalités qui ont occupé des postes élevés, connues pour leurs idées libérales ou liées d'une façon ou d'une autre à l'appareil de l'ancien numéro un du cabinet russe.

Par contre, Konstantin Remtchoukov qui a quitté son poste de conseiller du ministre du Développement économique et du Commerce après avoir acheté le quotidien Nezavissimaïa Gazeta se montre sceptique quant au ralliement des bureaucrates à l'opposition. "La bureaucratie est la clé de voûte du régime politique actuel dont elle partage l'idéologie", a-t-il expliqué. Le plus grand problème de l'opposition, selon l'homme d'affaires, c'est qu'elle n'a d'idées précises sur les questions intéressant la population, ce qui démontre l'absence de tout processus politique.

Biznes

Nornikel pourrait être affranchi des risques oligarchiques

Le mécanisme d'étatisation du groupe GMK Norilski nikel (Nornikel), le plus grand producteur mondial de nickel et de métaux platinés, a été enclenché. On en veut pour preuve le communiqué publié mercredi par le gouverneur du territoire de Krasnoïarsk, Alexandre Khloponine, dans lequel il confirme la rumeur circulant depuis longtemps sur le marché concernant l'ouverture de négociations entre les actionnaires de Nornikel et le monopoleur diamantaire ALROSA sur la fusion de ces compagnies. Cette transaction très probable confirme une nouvelle fois que l'Etat entend accentuer sa présence dans l'économie du pays.

Les propos de l'ancien top manager de Nornikel, Alexandre Khloponine, constituent la première déclaration officielle sur une possible fusion de GMK et d'ALROSA. Quant aux parties, elles se refusent à commenter l'information. Cependant, les analystes ne pensent pas que ces bruits sont sans fondement.

Un expert ayant requis l'anonymat fait remarquer ceci: "Il est probable qu'avec les actionnaires de GMK on est arrivé à un compromis supposant qu'à titre de compensation pour l'étatisation de Nornikel on leur céderait un gisement aurifère en la personne de la compagnie Polious. L'expert indique qu'après l'"affaire Ioukos" l'Etat hésite à entrer en conflit ouvert avec les propriétaires de Nornikel et s'emploie à réaliser un "schéma plus tranquille", comme cela a été le cas avec Sibneft, c'est-à-dire impliquant un compromis avec le propriétaire.

A propos, cet enchaînement de fusions étonnantes ne s'arrêtera pas là, estime l'analyste. Par exemple, des sociétés métallurgiques privées seront associées aux RJD (Chemins de fer russes) 100% publics, au motif qu'elle fabriquent des rails, des wagons et d'autres matériels ferroviaires.

La thèse de l'étatisation de Nornikel est appuyée par d'autres experts. "Il ne s'agit pas de la formation de la grande société diversifiée ALROSA + Nornikel, mais probablement de la prise de contrôle de Nornikel par l'Etat via ALROSA, dit Pavel Poloukhine, analyste de la société de placement Olma. L'Etat entend accroître sa participation dans ALROSA jusqu'à en prendre le contrôle d'ici à l'automne 2006.

"Les compagnies à participation publique sont actuellement en situation privilégiée sur le marché", fait remarquer Oleg Tcherkachine, analyste de la société d'investissement Zurich capital management. "Si la fusion se fait, alors Nornikel sera affranchi de ce que l'on appelle les "risques oligarchiques", ajoute l'analyste de la société de placement Finam, Natalia Kotchechkova.

Izvestia

Toutes les poules russes seront vaccinées contre la grippe aviaire

Une décision devrait être prise prochainement concernant la production massive en Russie d'un vaccin vétérinaire (au moins plusieurs millions de doses) contre la grippe aviaire. Et peut-être aussi la vaccination de la totalité de la volaille dans les élevages avicoles privés du pays. Mercredi l'Institut fédéral d'aviculture (Saint-Pétersbourg) a remis au Rosselkhoznadzor (Contrôle vétérinaire et phytosanitaire) des échantillons de son vaccin anti-grippe aviaire.

Selon le directeur de l'Institut fédéral d'aviculture, Edouard Djavadov, la décision de fabriquer massivement un vaccin a pour origine la nécessité de constituer en Russie un stock stratégique public de vaccins vétérinaires. D'ici au mois de mars au plus tard il faudra entamer la vaccination des poules, canards et dindes domestiques. "Autrement ces volatiles n'auront pas le temps de s'immuniser contre le virus transporté par les oiseaux migrateurs", dit le chercheur en ajoutant que le processus d'immunisation prend un mois.

Le vaccin est efficace à près de 100%, affirme Edouard Djavadov. "Il suffit d'une seule injection pour qu'une poule soit pratiquement à l'abri de la maladie", déclare-t-il.

Un vaccin aviaire a été élaboré à l'institut Avivak (Saint-Pétersbourg). Selon le directeur adjoint de cet établissement, Oleg Khokhlatchev, son produit est efficace à 90%, pour être immunisée une poule doit recevoir deux injections à un mois et demi de distance. A la fin du mois de décembre le Rosselkhoznadzor avait donné le feu vert à sa fabrication à l'usine biologique de Stavropol, mais jusqu'à présent celle-ci n'a reçu aucune commande, ni de l'Etat, ni d'organismes privés.

D'après ce qu'Oleg Khokhlatchev sait, dans les jours à venir le Rosselkhoznadzor devrait entériner un programme public de prévention et de lutte contre la grippe aviaire en Russie. "Je pense que décision sera prise de vacciner tous les oiseaux domestiques dans les élevages avicoles privés", dit le chercheur. Nous sommes disposés à vendre notre vaccin au prix de 37 kopecks la dose.

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