Des sanctions ne sont pas le meilleur moyen pour régler le problème nucléaire de l'Iran (Lavrov)- SYNTHESE

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MOSCOU, 17 janvier - RIA Novosti. La Russie évitera faits et gestes brusques qui puissent aggraver encore plus la situation autour du problème nucléaire de l'Iran, a déclaré mardi au cours d'une conférence de presse à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Qui plus est, elle ne considère pas les sanctions comme l'unique ni le meilleur moyen pour régler ce problème, loin s'en faut, a ajouté le chef de la diplomatie russe. "La Russie se propose d'y agir très délicatement et d'éviter des mouvements inutiles, pouvant compliquer la situation", a précisé Sergueï Lavrov, en dressant le bilan du travail de la diplomatie russe en 2005.

Cela dit, le ministre a noté que la Russie était prête à la réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), prévue pour les 2-3 février prochain.

Toutes les possibilités de l'AIEA n'ont pas encore été exploitées pour régler le problème nucléaire de Téhéran, a estimé Sergueï Lavrov.

"Je ne pense pas que le potentiel du Conseil des gouverneurs de l'AIEA soit complètement épuisé, et la "troïka européenne" (Grande-Bretagne, Allemagne, France) ne le pense pas, non plus. Aussi, a-t-elle proposé de tenir en février une rencontre extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique", a fait remarquer le ministre russe.

Répondant à la question de savoir quand la Russie serait prête à accepter le renvoi du "dossier nucléaire" iranien devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies, Sergueï Lavrov a dit: "Les délais dont vous parlez sont tout à fait artificiels".

"Il importe de faire en sorte que l'Iran suspende complètement toutes ses activités d'enrichissement d'uranium et revienne, enfin, à la table des négociations", a souligné le chef de la diplomatie russe, en évoquant les résultats de la récente rencontre londonienne entre les diplomates de la "troïka européenne", d'une part, et leurs collègues de la Fédération de Russie, de la République populaire de Chine (RPC) et des Etats-Unis, de l'autre.

Ladite rencontre qui s'est déroulée à huis clos dans la capitale britannique a associé les vice-ministres des Affaires étrangères des Etats évoqués et a porté, selon Sergueï Lavrov, sur la situation liée à la reprise par l'Iran de ses activités d'enrichissement d'uranium.

Comme l'a relevé le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, autrefois, l'Iran avait accepté dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie atomique de décréter un moratoire sur ses travaux d'enrichissement d'uranium tant que ses négociations avec la "troïka européenne" se poursuivraient.

Et de signaler que tous les participants au dialogue autour du problème iranien se rendent très bien compte que la principale tâche est aujourd'hui de préserver le régime de la non-prolifération.

"Si tous, nous nous inspirons de cette tâche principale, nous ne manquerons certes pas de trouver la solution à ce problème", a indiqué Sergueï Lavrov.

Cela dit, le ministre russe a cependant averti qu'au cours de l'accomplissement de cette tâche générale, il ne fallait pas "aborder des questions politiques et de conjoncture" n'ayant en fait rien à voir avec le problème nucléaire.

Comme l'a notamment souligné la veille le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, à l'issue de ses négociations à Moscou avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le comportement à l'égard de l'Iran "doit être le plus prudent possible afin d'éviter des mouvements brusques et inutiles, capables de créer des problèmes supplémentaires et d'aggraver la situation".

Interrogé sur des sanctions éventuelles contre l'Iran, Sergueï Lavrov a fait remarquer que ce "n'était pas le meilleur ni l'unique moyen pour régler des problèmes internationaux". Et d'ajouter que la communauté internationale se souvient bien des résultats de l'introduction des sanctions contre l'Irak.

"Nous en surmontons toujours les conséquences", a repris Sergueï Lavrov.

"La question des sanctions (contre l'Iran) met tout simplement la charrue avant les b�ufs", a signalé le chef de la diplomatie russe, en exhortant tout d'abord à faire tout le possible dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

"Sur la base d'inspections, les professionnels doivent obtenir le maximum d'information qui leur permette de répondre à toutes les questions concernant le programme nucléaire de l'Iran", a poursuivi le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

"Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique s'en occupent d'ailleurs à présent", a dit Sergueï Lavrov, en exhortant Téhéran à faire, de son côté, davantage pour y aider la communauté internationale.

"L'Iran doit faire beaucoup plus qu'il ne l'ait fait jusqu'ici dans ce sens, alors que nos efforts conjoints doivent tendre à la recherche d'une solution qui permette de recevoir les réponses à toutes les questions sans exception aucune", a repris le ministre russe des Affaires étrangères.

Pendant cette conférence de presse de Sergueï Lavrov, l'ambassade de l'Iran à Moscou a diffusé une déclaration officielle du ministère iranien des Affaires étrangères qui propose notamment de renouer les négociations interrompues avec la "troïka européenne".

"Nous invitons la "troïka européenne" à réintégrer le processus de négociations et à régler tous les problèmes dans son cadre", lit-on en substance dans ce document de la diplomatie iranienne. "La transformation des négociations en processus en sens unique et instrument de pressions et de menaces ne peut que les fourvoyer dans l'impasse", mettent en garde les auteurs de cette déclaration.

Et de faire remarquer que "les travaux qui vont reprendre après plus de deux ans de moratoire bénévole ne constituent en fait qu'une partie des droits légitimes et nettement désignés de l'Iran, alors qu'une bonne partie des droits de la République Islamique, y compris pour produire du combustible nucléaire (enrichissement du combustible nucléaire brûlé), sont toujours frappés de ce moratoire bénévole", est-il indiqué dans la déclaration du ministère iranien des Affaires étrangères.

Comme l'assure la diplomatie iranienne, Téhéran n'aspire à rien qui déborde ses droits dans le cadre du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et ne se propose guère d'entrer en possession d'armes nucléaires, mais il est toujours prêt, par contre, à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Sergueï Lavrov a appuyé l'appel de l'Iran au retour des négociations avec la "troïka européenne", mais seulement à condition que Téhéran observe lui-même le moratoire sur la recherche nucléaire, lié à l'enrichissement d'uranium.

"Je soutiens en tout point l'appel à la reprise des négociations, mais je suis parfaitement persuadé que cette reprise ne sera possible qu'à des conditions bien connues, celles qui entendent notamment le respect (par l'Iran) du moratoire sur l'enrichissement (d'uranium)", a souligné en substance le chef de la diplomatie russe.

Et de rappeler que la Russie n'a pas épargné ses efforts pour que les négociations entre l'Iran et la "troïka européenne" reprennent.

"On a eu beaucoup de mal à faire en sorte que les démarches de l'Iran ne deviennent pas la cause de la rupture des négociations. Un nouveau tour des négociations a été fixé à ce mois de janvier, mais Téhéran a déclaré sa sortie du moratoire sur la recherche liée à l'enrichissement (d'uranium)", a noté Sergueï Lavrov.

Pour ce qui est de la coopération entre la Russie et l'Iran dans le nucléaire civil, des négociations sur ce thème précis doivent avoir lieu le 16 février prochain à Moscou, a indiqué le chef de la diplomatie russe.

"L'initiative pour créer en Russie une coentreprise d'enrichissement de combustible (nucléaire) pour n'importe quelle coopération civile tient toujours", a souligné Sergueï Lavrov.

"L'Iran s'est dit prêt à examiner cette proposition", a-t-il ajouté.

Sergueï Lavrov a également réaffirmé que la construction en Iran avec le concours de la Russie de la Centrale nucléaire de Bushehr s'effectuait conformément aux engagements internationaux des deux parties en matière de sûreté nucléaire.

"Nous comptons que ledit projet sera réalisé dans le contexte du strict respect du régime de la non-prolifération (des armes nucléaires)", a déclaré le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

Selon la presse iranienne, dans une longue perspective, l'Iran envisage de construire encore 20 centrales nucléaires d'une puissance totale de 20 000 MW. Dans ce contexte, Téhéran considère la Russie comme un partenaire fiable pour satisfaire les besoins du pays en électricité.

Le projet de loi sur la construction de ces nouvelles centrales nucléaires a été ratifié par le Parlement iranien au début de 2005.

A l'heure qu'il est, les spécialistes russes sont en train d'achever la construction du premier réacteur de la Centrale nucléaire de Bushehr. Sa mise en exploitation est prévue pour la fin de l'année en cours.

Auparavant, les deux parties s'étaient entendues sur les livraisons de combustible nucléaire de la Russie en Iran qui s'était, à son tour, formellement engagé à rendre à la Russie le combustible irradié.

On a également appris auparavant que la Russie entendait construire en Iran six réacteurs pour centrale nucléaire en l'espace de dix ans.

Somme toute, a estimé Sergueï Lavrov, l'Iran peut jouer un rôle très important dans la garantie de la sécurité dans la région à condition qu'il honore évidemment lui-même ses propres engagements internationaux.

"L'Iran tient une place très importante dans la garantie de la sécurité et de la stabilité de la région. Je suis persuadé que ce potentiel doit être réalisé. Il peut être réalisé à travers la coopération qui repose sur le droit international, ce qui entend le respect réciproque des droits des parties et le respect par chaque pays de la région de ses propres engagements internationaux", a souligné Sergueï Lavrov.

Cela dit, le chef de la diplomatie russe a tenu à rappeler que, quand il y a plusieurs années, le processus de règlement du problème nucléaire iranien avait commencé, on entendait que les négociations entre l'Iran et la "troïka européenne" porteraient tant sur les questions liées aux activités nucléaires de Téhéran que sur celles de l'intensification de la coopération économique, y compris de celle d'investissement, avec ce pays, et sur un plus grand engagement de l'Iran dans le processus politique en cours dans la région.

A signaler que l'Iran est classé quatrième producteur de pétrole dans le monde et deuxième au sein de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP).

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