Netanyahu reprend les rênes du Likoud

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MOSCOU, 22 décembre (par Marianna Belenkaïa, commentatrice de RIA Novosti). La victoire remportée par l'ancien premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, aux primaires tenues au sein du Likoud, le parti au pouvoir, a définitivement déterminé les principaux acteurs en lice lors des législatives qui se tiendront au mois de mars prochain en Israël.

Ce scrutin était indispensable depuis que le 21 novembre, date de la démission du parti de l'actuel premier ministre israélien, Ariel Sharon.

La victoire de Benjamin Netanyahu ne faisait de doute pour personne, elle n'a fait qu'apporter un peu plus de netteté dans la vie politique agitée d'Israël, si la chose est encore possible ici.

C'est que le Likoud (cohésion) ne correspond plus depuis longtemps à son nom. La scission intervenue entre les partisans de Sharon et de Netanyahu avait ébranlé le parti et le départ du premier ministre de son poste de dirigeant avait simplement mis un terme aux chamailleries au sein du parti.

Une situation paradoxale s'était fait jour ces derniers mois en Israël: la politique du chef du gouvernement était appuyée non pas par son parti, mais par l'opposant et adversaire formel Avoda. Maintenant tout a repris sa place.

Bon, Benjamin Netanhayu a réalisé son rêve, il a repris en main les rênes du parti, mais la question c'est de savoir s'il pourra se réinstaller dans le fauteuil de premier ministre.

Une deuxième question se pose aussi: comment le Likoud va se présenter sans Ariel Sharon? Sans l'homme sur l'initiative duquel le bloc Likoud avait pris corps en 1973 sur la base de quelques partis, sans celui qui après le départ de Netanyahu de son poste de premier ministre en 1999 avait pris la tête du parti et conduit celui-ci à la victoire en 2001?

Selon les sondages, si la répartition des forces reste la même, lors des prochaines élections le parti de Netanyahu ne serait que la troisième formation politique à la Knesset pour le nombre de sièges. Les sondages donnent toujours gagnant le nouveau parti de Sharon, Kadima (En avant), suivi du parti de gauche Avoda.

Toutefois, la situation pourrait évoluer si les élections se tenaient non pas en mars comme prévu, mais plus tard, ou encore en cas de nouvelle exacerbation du conflit palestino-israélien. L'état de santé d'Ariel Sharon, récemment victime d'une attaque cérébrale qualifiée de mineure, pourrait lui aussi avoir un impact sur la situation.

En ce qui concerne la date des élections, formellement d'ici au 29 décembre Benjamin Netanyahu pourrait s'assurer du soutien de 61 membres de la Knesset et proposer au président israélien, Moshé Katzav, de charger un député de former un gouvernement alternatif. Ariel Sharon serait alors mis sur la touche et pourrait perdre des voix d'électeurs, quoique même dans ce cas de figure les choses pourraient évoluer de matières très différentes. Ici la question est de savoir quels avantages les autres partis israéliens faiblement représentés à la Knesset pourraient tirer.

Au fond, le sort du gouvernement pourrait être réglé par un ou deux députés. Quand aucune formation ne dispose de la majorité absolue, les prises de décisions à la Knesset se transforment en marchandages incessants. Pendant près de cinq ans Ariel Sharon a été - et reste - un virtuose reconnu de la construction de coalitions, peu importe qu'elles aient été provisoires ou non. Lui et son gouvernement ont réussi à esquiver plusieurs votes de défiance alors que parfois il semblait être au bord du fiasco. C'est la raison pour laquelle les chances de réussite du plan Netanyahu sont assez réduites.

Le nouveau parti de Sharon et Shimon Pérès, l'un des leaders de l'Avoda qui s'est rallié à lui, pourraient "spolier" chacun des partis israéliens d'un certain nombre de leurs sièges. C'est vrai, il est difficile de s'entendre avec Sharon. Mais sur ce plan cela n'est pas plus aisé avec Netanyahu qui passe pour être l'un des politiques israéliens les plus insociables.

Reculer la date des élections ce serait introduire dans la vie politique intérieure un nouveau sujet étant donné qu'une telle décision pourrait coûter plusieurs mandats au deuxième plus grand parti, l'Avoda, qui lui aussi s'est doté récemment d'un nouveau leader, à savoir le chef de la centrale syndicale Histadrout, Amir Peretz.

Rappelons que la victoire d'Amir Peretz aux primaires de l'Avoda avait elle aussi provoqué un "séisme" politique en Israël. C'est lui qui avait sorti l'Avoda de la coalition gouvernementale constituée pour aider Sharon à réaliser le plan de retrait des colons juifs de la bande de Gaza et, partiellement, de Cisjordanie. C'est Amir Peretz qui avait insisté pour la tenue en Israël d'élections législatives anticipées. Il est peu probable après cela qu'il se discrédite en forgeant une alliance, même provisoire, avec Natanyahu et accepte un report des élections. Par conséquent, la formation d'alliances interfractionnelles va devoir être ajournée jusqu'à mars.

En tout cas, la victoire de Peretz et le départ de Sharon du Likoud ont ravivé la vie politique israélienne. Après pratiquement vingt années d'opposition et d'alliance intermittentes entre le Likoud et l'Avoda, une nouvelle force a vu le jour, à savoir le parti Kadima d'Ariel Sharon. Sa création est l'aboutissement logique de l'alliance Sharon-Pérès au nom de la réalisation du plan de désengagement palestino-israélien.

En ce qui concerne le Likoud et l'Avoda, restés sans leurs leaders charismatiques, ils perdront certes une partie de leur électorat, mais en revanche leurs contours deviennent plus précis, ils reviennent à leurs sources idéologiques. Du centre où ils se trouvaient par nécessité ces dernières années, ils se déplacent respectivement vers la droite et la gauche politiques.

L'Avoda s'est souvenu qu'initialement c'était un parti ouvrier et il axera sa campagne électorale non pas sur le processus de paix comme il le faisait dans le passé, mais sur les aspects socio-économiques. Le Likoud, lui, effectuera un virage à droite, vers ses racines.

Les élections montreront ce que tout cela donnera. Leurs résultats sont attendus non seulement en Israël, mais aussi partout dans le monde, parce que le règlement proche-oriental dépend justement de la répartition des forces au sein de la Knesset de la nouvelle législature.

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