MOSCOU, 2 décembre - RIA Novosti. La lecture est le seul et unique passe-temps de Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron de la compagnie pétrolière Yukos, condamné avec son associé Platon Lebedev à huit ans de prison pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle, ont indiqué ses avocats, lors d'une conférence de presse vendredi à Moscou.
Détenu dans une prison de Krasnokamensk, en Sibérie orientale, l'ancien entrepreneur dispose de six heures de travail et de quatre heures de temps libre, conformément au règlement intérieur de la prison, et il passe tout son temps libre à la bibliothèque dont il est l'unique visiteur, a raconté Me Iouri Chmidt.
L'ex-patron de Yukos est complètement privé d'information, puisqu'il ne peut lire que de la presse locale et qu'il y a un seul poste de télévision par section où on ne passe que du cinéma, a regretté l'avocat.
Les camarades de cellule de Khodorkovski sont essentiellement des jeunes âgés de 18 à 20 ans, dont beaucoup sont complètement illettrés, a poursuivi le défenseur, ajoutant que son client souffrait de solitude.
L'ex-patron de Yukos n'est pas autorisé à préparer sa thèse de doctorat et se voit obligé de confectionner des moufles en privant ses camarades de cellule d'une possibilité de gagner de l'argent, car cette prison ne propose que 170 emplois pour une population carcérale de 1.000 personnes.
Selon Me Chmidt, le règlement intérieur de la prison contredit le Code de procédure pénale. "Depuis que Khodorkovski est là, les commissions de contrôle se multiplient, le régime s'est durci, et la situation est devenue très tendue", a-t-il expliqué. "Pour des raisons inconnues, Mikhaïl Borissovitch n'est autorisé à nous voir que pendant son temps libre, et les avocats sont obligés de le visiter un à un", s'est-il plaint.
La défense a l'intention de porter plainte contre la détention de Mikhaïl Khodorkovski à Krasnokamensk.
"Je voudrais dissiper les rumeurs selon lesquelles Khodorkovski souhaite rester définitivement là-bas. Il sait bien que son associé Lebedev a déposé une plainte analogue", a dit l'avocat.
La défense envisage également de déposer une nouvelle plainte devant la Cour internationale des droits de l'homme de Strasbourg pour protester contre les restrictions d'accès à la prison de Krasnokamensk, a pour sa part indiqué Me Karina Moskalenko, qui venait d'arriver en provenance de Sibérie.
L'avocate a regretté de n'avoir pu examiner avec son client qu'un quart de cette plainte. "J'ai traversé presque 7.000 km pour faire si peu de choses", a-t-elle dit.
Me Moskalenko a rappelé que les avocats avaient jusqu'au 22 mars pour transmettre leur plainte à la Cour internationale de Strasbourg. "Évidemment, nous ferons de notre mieux pour respecter ces délais", a-t-elle relevé.
