Le secteur spatial russe à court d'argent

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MOSCOU, 2 décembre - Andreï Kirsliakov, commentateur politique de RIA Novosti.

Ces deux prochaines années, la Russie envisage de créer une base législative pour l'intégration de l'industrie de défense, notamment du secteur spatial, et d'en faire un moyen prioritaire de maintien de la sécurité nationale.

"Roskosmos est en train de former 11 grandes structures intégrées dans l'industrie spatiale", a déclaré à la mi-novembre le directeur de l'Agence fédérale spatiale russe (Roskosmos) Anatoli Perminov au cours d'une table ronde intitulée "Secteur spatial dans le système de la sécurité nationale russe: état et problèmes de la réglementation" qui s'est tenue au Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe). "Notre industrie est capable de réaliser les missions prévues par le Programme fédéral spatial à l'horizon 2015, mais tout dépendra du financement", a poursuivi M.Perminov.

C'est le financement, ou plutôt la concentration des fonds dans des centres spatiaux puissants qui permettra de mettre en œuvre le nouveau programme spatial national échelonné sur dix ans qui vise avant tout à rétablir et à compléter la constellation des satellites, à effectuer des vols habités et à explorer l'espace lointain. "Pour beaucoup le Programme fédéral spatial à l'horizon 2015 n'était pas très ambitieux, mais il permet en tout cas de restructurer l'industrie, d'augmenter le nombre des satellites et de rétablir le potentiel que nous avons eu dans un passé récent", a relevé M.Perminov.

A vrai dire, le secteur spatial russe a un passé remarquable. Effectuant une centaine de lancements spatiaux par an en moyenne, la Russie pouvait se permettre la constellation la plus puissante nombreux et la mieux entretenue. Malheureusement, la réalité de l'industrie spatiale n'est pas si belle. Selon Roskosmos, la Russie compte "96 satellites dont 62 continuent d'être exploités au-delà de leur durée de vie". Les engins ne sont pas dans une meilleure situation. Selon le directeur de Roskosmos, 33 des 40 satellites militaires sont arrivés depuis longtemps à la fin de leur durée de vie.

Seule une intégration maximale du secteur spatial pourrait permettre de lancer régulièrement des satellites de pointe sans incidents malgré un financement insuffisant, 30 fois inférieur aux sommes débloquées par les États-Unis et 2,5 fois inférieur au budget spatial chinois. Toutefois, l'intégration de l'industrie spatiale implique la création d'une base juridique nécessaire.

A présent, l'astronautique russe est régie par plus de 400 actes réglementaires. En surnombre, dépassés, certains d'entres-eux sont même en contradiction avec les nouvelles lois sur les activités spatiales.

Ce désordre empêche notamment de remédier à la crise chronique des usines spatiales. "Le vieillissement de l'équipement technologique met en question la production de systèmes prometteurs", a noté le directeur de Roskosmos.

Si le gouvernement élabore et adopte la loi "Des structures intégrées dans l'industrie de défense" d'ici à 2008 conformément aux recommandations formulées au cours de la table ronde, l'assainissement du secteur spatial russe deviendra irréversible.

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