L'Odyssée sibérienne, le nouveau défi de Nicolas Vanier

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MOSCOU, 25 novembre - Laurent Berber pour RIA Novosti. 

Avant de se lancer dès le 2 décembre dans une nouvelle expédition reliant le lac Baïkal à Moscou en chiens de traineau, Nicolas Vanier a donné une conférence de presse au siège de Ria Novosti à laquelle participaient Jean Cadet, l'Ambassadeur de France; Andrei Legochine chef adjoint du département pour les situations d'urgence, et Igor Volobouïev, directeur adjoint du département de la politique de l'information de GazProm.

Explorateur reconnu, Nicolas Vanier qui a déjà traversé en 1999 le Grand nord canadien en chiens de traineau s'élance très bientôt dans une nouvelle aventure. Baptisée Odyssée sibérienne, l'expédition va durer près de quatre mois pendant lesquels l'explorateur et ses chiens de traineau vont parcourir près de 8000 km à travers les régions les plus froides de la planète et des plateaux de plus de 3000 mètres d'altitude.

Ce voyage est d'abord et avant tout une façon de "renouer avec ce que j'aime le plus au monde avec mes 10 chiens, aller à la rencontre de tout ce que ce périple va me permettre de découvrir", affirme l'aventurier.

Mais cette expédition vise à faire prendre conscience aux gens les dangers qui menacent l'environnement, comme par exemple, les effets du réchauffement climatique. Le ton est d'ailleurs donné par l'Ambassadeur de France, Jean Cadet, pour qui l'Odyssée représente l'opportunité unique "de montrer la beauté mais aussi la fragilité des grands espaces du Nord russe".

Si par le biais de ce "défi de grande ampleur", Nicolas Vanier entend tirer la sonnette d'alarme sur le danger qui pèse sur cette diversité des régions du Nord russe, le choix de mener une telle aventure en Russie est avant tout très symbolique, à défaut des Etats-Unis, le gouvernement russe a ratifié le protocole de Kyoto limitant l'émission de gaz à effet de serre.

"Le but profond est d'essayer de participer à cette prise de conscience que la terre va mal, pour contribuer à ce que ce périple puisse être refait dans un siècle et qu'on puisse encore admirer les mêmes choses que l'on a déjà découvert ", explique Nicolas Vanier.

Profitant d'une importante couverture médiatique, l'expédition veut associer les populations et mobiliser les jeunes par le biais de projets pédagogiques. Au fur et à mesure de l'avancée de Nicolas Vanier, des équipes de scientifiques transmettront des renseignements sur le climat, l'état de la biodiversité et de la déforestation.

Presque à mi-chemin de son parcours, l'équipe prendra un repos de 48 heures dans la ville de Tomsk. Elle permettra à Nicolas Vanier, rejoint par plusieurs personnalités, notamment le Ministre français de l'écologie et du développement durable, d'étudier le programme russe permettant de quantifier le taux d'absorption par la forêt boréale des gaz à effets de serre.

Mais la Sibérie, c'est aussi et avant tout une histoire d'amour. Cette épopée constitue des retrouvailles avec une région qu'il a parcourue au début des années 90. Au cours de cette traversée, Nicolas Vannier avoue avoir fait des rencontres bouleversantes avec "des hommes qui ont beaucoup contribués à ce que je suis aujourd'hui."

L'explorateur a du mal à expliquer l'origine de cette passion. Tout petit déjà, les régions situées au nord de la mappemonde l'attiraient. A 16-17 ans, il effectue son premier voyage "en haut". Là-bas, "j'ai compris en trouvant ce que j'aimais le plus au monde", affirme-t-il.

Au cours de ces expéditions "on se sent ridiculement petit, vulnérable face à cette immensité. On gagne en humilité tout en se sentant plus fort". Interrogé sur les difficultés qu'il allait devoir affronter, particulièrement lors du franchissement de la République de Touva (occupée pour l'essentiel par des chaînes de montagne), il a assuré que quel que soit les obstacles qu'il allait rencontrer, l'ensemble de la traversée, du premier au dernier kilomètre, sera effectuée en traineau.

"L'eau représente en fait le plus gros danger. Le parcours est constitué d'eau à 80%, les lacs et les rivières ne sont pas uniformément gelés. De plus, la neige cache les aspérités qui pourraient révéler des zones périlleuses." S'il avoue que le bruit de la glace qui craque est une véritable phobie, en revanche le froid, la solitude et le nombre de kilomètres à abattre lui font moins peur, sans doute par expérience, ajoute-t-il.

A un rythme de 80 à 100 km par jour, l'expédition glissera sur des pistes tracées très sommairement 8 à 10 jours avant son passage, par des habitants et des trappeurs qu'il croisera. Menés par une équipe Franco-Russe, ils traceront un trait rouge de reconnaissance "qui, nous l'espérons, ira jusqu'à Moscou", affirme Nicolas Vanier.

L'explorateur prévoit de dormir très peu: "Entre l'étude des cartes, la préparation de la nourriture et l'examen constant de l'état des pattes des chiens, on dort environ 4 heures par jour". Quant à ses compagnons de route, chacun a ses humeurs. Au cours d'un périple au lac Baikal, un trappeur lui a donné son premier chien de traineau, "le grand-père" de toute la petite meute. Entre l'homme et les 10 chiens, l'entente semble parfaite. "Les chiens aiment courir, il faut entretenir leur plaisir de courir et écouter ce qu'ils ont à dire."

Malheureusement, pour les passionnés qui le suivent, cette grande expédition est aussi la der des ders... après 25 ans passés dans les régions les plus froides du globe, le temps est venu de ranger son traineau. Pressé de s'expliquer sur ces prochaines activités, l'explorateur répond simplement qu'il veut rendre à la nature ce qu'elle lui a donné: "La nature va mal, elle pleure et j'ai envie de la consoler, d'éveiller les consciences et de donner l'envie d'agir pour que les futures générations aient accès à ce que nous sommes en train de détruire".

Interrogé sur une éventuelle couverture du projet par une police d'assurance, Nicolas Vanier a conclu la conférence en ajoutant qu'il avait environ 75% de chances d'atteindre Moscou.

Il a reçu les encouragements d'Andrei Legochine, chef adjoint du département pour les situations d'urgences, qui tout en saluant cette initiative grandiose et extrême a déclaré espérer "pouvoir l'accueillir sur la Place rouge en ajoutant que le maximum avait été fait pour minimiser les risques qui pourraient survenir au cours de l'Odyssée."

Arrivée prévue sur la Place rouge le 20 mars 2006, à suivre...

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