Comment sera le nouveau Parlement "permanent" de l'Irak? (SYNTHESE)

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BAGDAD, 18 novembre - Pavel Davydov, RIA Novosti. La campagne électorale s'intensifie de plus en plus en Irak à l'approche du jour du scrutin au parlement. Celle-ci va remplacer cette Assemblée nationale transitoire qui a été élue le 30 janvier dernier et a adopté une Constitution tout aussi transitoire.

Les législatives irakiennes sont prévues pour le 15 décembre prochain. Les journaux et les programmes de télévision regorgent de publicité électorale, y compris de déclarations retentissantes des leaders politiques de tout bord.

Des centaines de tracts électoraux recouvrent notamment le puissant barrage de béton protégeant l'ambassade de la Turquie dans le quartier diplomatique de Bagdad. On y voit l'image du Premier ministre de l'Irak, Ahmed Chalabi, invitant les Irakiens à voter pour sa liste électorale "Al-Muatamaar" ("Bâtisseur").

"C'est ensemble que nous avons libéré l'Irak, et c'est ensemble que nous allons le reconstruire", s'adresse aux électeurs Ahmed Chalabi qui avait quitté le pays étant encore enfant en bas âge pour n'y revenir que 50 ans plus tard, et comme disent les Irakiens, "à bord d'un char américain".

Aux élections du 30 janvier dernier, le "Congrès national irakien", parti conduit par Ahmed Chalabi, a participé au sein de l'Alliance irakienne unifiée, qui comprenait, entre autres, les trois plus grands partis chiites, et plus précisément le parti islamique Daaoua, le "Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak" (CSRII) et "Al-Fadila". Quoi qu'il en soit, pour cette fois-ci, Ahmed Chalabi a décidé de s'en séparer et de faire cavalier seul.

Après avoir remporté les élections à l'Assemblée nationale provisoire et ayant formé un gouvernement de transition (intérimaire), les leaders chiites n'ont cependant pas justifié les espoirs de leurs électeurs et ont perdu, par conséquent, l'appui d'une bonne partie de l'électorat irakien. Par ailleurs, ils ont été privés de la bienveillance du grand ayatollah Ali Sistani, leader spirituel des plus respectés par les chiites, alors que c'est justement son soutien les avait beaucoup aidés à gagner les élections de janvier.

Cherchant à compenser ces pertes, la coalition chiite fait bloc avec le jeune imam radical Moctada al-Sadr. Son mouvement "Al-Sadr" comptant des millions de sympathisants tant à Bagdad que dans plusieurs provinces sud a boycotté les élections de janvier.

"Il est évident que le gouvernement d'Ibrahim al-Jaafari n'a pas rempli ses promesses. Par ailleurs, cette fois, nous n'allons pas élire un gouvernement pour six mois, mais pour quatre ans. Ce nouveau gouvernement aura, par conséquent, toutes les possibilités aussi bien pour museler le terrorisme que pour améliorer la vie de la population", dit le diplômé de l'Université de Bagdad, Meysam Abdel Wahab. Il croît en "Alliance irakienne unifiée", tout en la considérant comme interprète des espérances des Irakiens. Aussi, a-t-il bien l'intention de voter pour ses représentants.

Or, ce n'est pas seulement sous le gouvernement d'Ibrahim al-Jaafari que la situation en Irak n'a cessé de dégrader. Il en avait été de même en 2003 quand le pouvoir se trouvait formellement entre les mains du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG) et même plus tard, soit en 2004, quand Iyad Allaoui s'est mis à la tête du gouvernement irakien.

L'ex-Premier ministre irakien va aux futurs élections en tête de la liste "Al-Irakya" (Liste irakienne). A part du "Mouvement de l'Entente nationale" (MEN), dirigé par Iyad Allaoui, il y a là l'influent "Parti communiste irakien" (PCI) et le "Rassemblement des démocrates indépendants", conduit par le célèbre politique sunnite Adnane Pachachi, ainsi que toute une série d'hommes politiques indépendants, tant chiites que sunnites.

Participant aux élections pour la première fois, les politiques sunnites y vont sous le mot d'ordre de la nécessité de sauvegarder l'intégrité du pays. Somme toute, les sunnites sont persuadés que les chiites et les Kurdes, intervenant pour le fédéralisme en Irak, poussent le pays vers sa désintégration et une guerre civile.

Le Mouvement de l'Entente nationale qui regroupe les trois grands partie sunnites - le "Parti islamique irakien", la "Conférence des peuples de l'Irak" et le "Conseil du dialogue national" - promet bien aux électeurs de lutter "pour l'unité de l'Irak et l'intégrité de son territoire, pour son peuple et pour son avenir".

En tout, quelque 307 partis et mouvements politiques se proposent de participer aux législatives du 15 décembre. Une centaine d'entre eux se sont regroupés en 21 blocs électoraux. Les experts estiment cependant que la majorité des 275 sièges à la future Assemblée nationale seraient partagés entre les quatre principales listes électorales - chiite, kurde, sunnite et bloc d'Iyad Allaoui.

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