Le forum de l'APEC crée un système de sécurité

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PUSAN, 16 novembre - Dmitri Kossyrev, commentateur politique de RIA Novosti. L'ouverture du forum annuel de l'APEC à Pusan (Corée du Sud) a apporté une nouvelle preuve à une chose évidente : l'APEC n'est pas une "OMC du Pacifique" et ne peut pas doubler les fonctions de l'Organisation mondiale du commerce.

Par contre elle est capable de réaliser avec succès une multitude d'autres choses en matière économique qu'aucune autre organisation n'est en mesure de faire.

Le forum "Coopération Economique Asie-Pacifique" n'est même pas une organisation mais un mécanisme qui tourne 12 mois sur 12 dans le but de former une communauté économique unique dans une région immense qui intervient pour 57% dans le PIB mondial et pour 45,8% dans les échanges commerciaux mondiaux, d'après les chiffres annoncés à la tribune du forum. Les 21 économies membres de l'APEC ont en principe grand besoin d'abaisser au maximum les tarifs douaniers et de créer une zone de libre échange mondiale unique (projet sur lequel travaille l'OMC). On attend donc qu'à ce sommet qui se tiendra à la fin de la semaine, George Bush, Hu Jintao, Vladimir Poutine, Junichiro Koizumi et d'autres leaders de l'APEC fassent une déclaration spéciale sur l'OMC.

Depuis des années déjà l'APEC a adopté une déclaration pour soutenir l'adhésion de deux de ses membres à l'OMC : la Russie et le Vietnam. Une déclaration analogue est en préparation à Pusan également. On ne sait pourtant pas si cette action peut changer quoi que ce soit. Elle sera probablement inopérante.

D'une façon générale, l'efficacité de la déclaration des leaders suscite des doutes : avec ou sans cette déclaration, le problème des subsides que l'UE accorde à son agriculture conduit le prochain forum de l'OMC, qui se tiendra en décembre, directement sur des récifs. Par contre l'APEC reprend des forces et rehausse son prestige. Les nouveaux axes de travail, tracés à Pusan, apportent une réponse à la question "pourquoi?".

Ces axes convergent sur un objectif : la sécurité humaine. Telle est au moins la formule contenue dans le document final adopté le 16 novembre par les ministres des Affaires étrangères et du Commerce des pays membres à leur réunion.

A l'APEC, la sécurité humaine englobe la lutte contre le terrorisme, les épidémies de maladies infectieuses, la réaction aux catastrophes naturelles et aussi au problème de la sécurité énergétique, terme qui manque de clarté aujourd'hui.

Selon Vassili Dobrovolski, ambassadeur itinérant et haut représentant de la Russie à l'APEC, cette structure d'Asie-Pacifique comprend depuis des années déjà un "virtuel groupe spécial" chargé de réagir aux situations d'urgence. Peu avant le forum de Pusan, la Russie, la Thaïlande et l'Australie ont pris l'initiative de faire renaître cette équipe et d'en faire un mécanisme opérant.

Il ne s'agit certainement pas de créer un organe supranational puissant. L'expérience de l'APEC suggère que chaque pays membre fera face aux urgences par ses propres moyens, tout comme il l'a fait jusqu'ici. Mais la coordination des efforts et l'échange d'informations et de technologies s'avèrent particulièrement efficaces.

La preuve nous en a été apportée par la réussite de la lutte contre l'épidémie de pneumonie atypique en 2003. L'APEC a le droit de s'en attribuer le mérite : réunir les bases de données des services d'immigration et de ceux de santé publique s'est avéré une très bonne idée qui a été couronnée de succès.

On comprend que cette année l'APEC a les mêmes idées à la veille de la nouvelle épidémie qui approche, celle de grippe aviaire. Au cours du sommet de Pusan, les résultats du symposium de Brisbane (Australie) sur la grippe seront présentés à la fin de la semaine. Le rapport contient des propositions que peuvent et doivent réaliser les 21 économies régionales pour faire face à une nouvelle épidémie. L'organisation a déjà déboursé 2 millions de dollars de fonds budgétaires pour ce travail à titre de première cotisation.

Assurer la sécurité humaine implique aussi une réaction des gouvernements des pays d'Asie-Pacifique aux catastrophes naturelles, telles que le tsunami de l'année dernière.

Que serait-il possible de faire, se demandait-on, contre l'immense onde océanique même si l'on parvenait à réunir les efforts de toute la région ou du monde entier? Il se trouve qu'il est possible de la prédire et d'apprendre à aider rapidement et efficacement les sinistrés.

A cet effet, l'APEC ouvre à Pusan, le 18 novembre, un centre qui traitera les informations sur les "anomalies climatiques" venant de tous les coins de la région. Un centre de recherche y sera également implanté. Les deux organismes constitueront une contribution coréenne typique puisque les Coréens se spécialisent actuellement dans tout ce qui est lié au traitement de l'information, en prenant de vitesse les Japonais et tous les autres. Les structures de l'APEC étudient sérieusement l'expérience du ministère russe des Situations d'urgence, surtout après son intervention efficace en Indonésie qu'il a aidée à résorber les conséquences du tsunami. Le futur groupe d'intervention dans les situations d'urgence aura apparemment pour mission de coordonner aussi la lutte contre la corruption et les travaux appelés à garantir la sécurité énergétique. Ces questions ne sont pas strictement économiques mais elles exercent néanmoins une influence directe sur le climat économique en Asie-Pacifique. Tout porte à croire que ces questions seront de plus en plus nombreuses.

Selon le chef de la diplomatie russe, Serguéi Lavrov, à leur rencontre qui s'est achevée à Pusan, les ministres ont examiné les mesures de sécurité générale, les normes à adopter pour les aéroports et tous les autres types de transport. La Russie a proposé aussi de créer, dans le cadre de l'APEC, un centre unique d'information sur la sécurité de la navigation maritime.

L'année suivante, jusqu'au forum suivant qui se tiendra au Vietnam, sera employée à mettre au point cette nouvelle politique.

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